La maladie

La pré-éclampsie touche 2 % des grossesses en France (environ 15 000 par an, soit 40 par jour). C’est une complication sérieuse et soudaine (en grec, « eklampsis » signifie « éclair »), qui peut entraîner de graves complications pour la maman (syndrome HELLP, éclampsie)  et son bébé (retard de croissance et naissance prématurée).

La pré-éclampsie est une complication de la grossesse qui peut arriver à n’importe quelle femme, quelle que soit la grossesse. Cependant,  il a été prouvé par des études scientifiques que certaines femmes ont plus de risques que d’autres d’avoir une pré-éclampsie. Ce n’est pas à prendre comme une fatalité, car cela ne veut pas dire que cela vous arrivera. Mais prévenir ou détecter au plus tôt cette éventuelle complication vous permettra, à vous et à votre médecin, de mettre en place le suivi adéquat de votre grossesse.​

La pré-éclampsie est liée à l’hypertension artérielle, pouvant survenir dans la deuxième moitié de la grossesse et jusqu’à 6 semaines après l’accouchement (risque de phlébite, HELLP syndrome ou éclampsie), et à un mauvais développement du placenta qui libère dans la circulation maternelle des substances toxiques responsables d’une hypertension et d’une atteinte rénale. 

Actuellement, il n’y a pas de traitement et seul l’arrêt de la grossesse permet la guérison. Pour protéger la vie de la maman, il est souvent nécessaire de provoquer une naissance prématurée.

LES SYMPTÔMES

Tout d’abord, la plupart des grossesses se passent bien. Mais, même si cela est rare, la pré-éclampsie peut survenir, et cette complication peut être grave pour votre santé et celle de votre bébé. Sans vous inquiéter outre mesure, il est important que vous connaissiez ses signes précurseurs.

La pré-éclampsie peut être particulièrement dangereuse car la plupart des signes ne sont pas très visibles. Nous vous encourageons à vous familiariser avec les signes et les symptômes décrits ici pour que vous et/ou vos amies enceinte(s) deveniez actrice(s) de votre santé pendant votre grossesse.

Les symptômes et signes précurseurs en un clin d’œil 
(si vous présentez plusieurs de ces signes, rendez vous immédiatement à la maternité) :

Cliquez sur l’un des symptômes pour en savoir plus.

L’hypertension artérielle pendant la grossesse est l’un des plus grands signaux d’alerte de la pré-éclampsie. Et même si elle n’annonce pas forcément une pré-éclampsie, il faut toujours y faire attention. L’hypertension artérielle est traditionnellement définie comme une pression artérielle supérieure ou égale à  140/90 mmHg  sur deux prises séparées d’un intervalle de temps.

Ce que vous pouvez faire :
Il serait préférable que vous connaissiez votre tension artérielle avant la grossesse. Demandez « Quelle est ma tension artérielle ? » lors de chaque visite prénatale avec le médecin qui vous suit.

Si vous êtes considérée par votre médecin comme faisant partie d’une population à risque (voir chapitre « Quelles femmes ont plus de risques de développer une pré-éclampsie ? »), votre médecin peut vous conseiller de tenir un journal de votre tension artérielle, prise à la même heure et dans la même position. Partagez votre journal avec votre médecin à chaque visite et informez-le immédiatement si vous mesurez une augmentation significative entre les visites.

Sachez prendre votre tension artérielle de temps en temps si vous devez le faire : la tension artérielle doit être mesurée au bras (éviter le poignet), en position assise ou semi-allongée, après au moins cinq minutes de repos. Le tensiomètre mesure deux paramètres, la pression artérielle systolique (chiffre le plus élevé) et la pression artérielle diastolique (chiffre le plus bas). La tension artérielle est exprimée en mm de mercure (mmHg).  A la maison, l’hypertension artérielle est traditionnellement définie comme une pression artérielle supérieure ou égale à  135/85 mmHg  sur deux prises séparées d’un intervalle de temps.

La protéinurie est un autre symptôme de la pré-éclampsie. Elle indique que les protéines, normalement confinées dans le sang par le rôle filtrant de votre rein, se retrouvent dans vos urines. C’est parce que la pré-éclampsie diminue temporairement l’action « filtre » de votre rein.

Ce que vous pouvez faire :
C’est à votre médecin de vous prescrire les examens médicaux à faire tous les mois pour rechercher une protéinurie, par analyse d’un échantillon d’urines (par bandelette ou dans un laboratoire, qui mesurera précisément le rapport protéine-créatinine et qui doit être normalement inférieur à 30mg/mmol), ou la mesure des protéines de toutes vos urines collectées pendant 24 heures (le résultat doit être normalement inférieur à 300mg par 24h).

Si vous recevez vos résultats d’examen à la maison, et constatez un résultat anormal, consultez immédiatement votre médecin ou les urgences de la maternité.

Si votre médecin vous a prescrit de surveiller votre protéinurie à la maison par bandelette urinaire, et si vous enregistrez une lecture de deux croix (++) ou plus, consultez immédiatement votre médecin ou les urgences de la maternité.

Il est normal de présenter des œdèmes pendant la grossesse, en particulier au niveau des pieds et chevilles, et surtout en fin de grossesse et en période de grosse chaleur. Mais si des œdèmes apparaissent au niveau de votre visage, autour de vos yeux ou sur vos mains, il faut y accorder une attention particulière.

Ce que vous pouvez faire :
Si vous observez que votre visage, vos yeux (paupières) ou vos poignets sont gonflés, parlez-en rapidement à votre médecin. Votre entourage peut être plus à même de vous en faire la remarque, écoutez-les.

Si le gonflement de vos mains et de vos pieds devient important, vous pouvez observer  en appuyant avec votre doigt que l’empreinte reste pendant quelques secondes ou une décoloration de vos jambes. Prenez votre tension et parlez-en rapidement à votre médecin.

Une prise de poids de plus d’un kilogramme par semaine peut être un indicateur de pré-éclampsie, car cela peut signifier un problème de rétention d’eau.

Ce que vous pouvez faire :
Parlez-en à votre médecin. Pendant vos visites prénatales, n’essayez pas de minimiser ou dissimuler votre gain de poids. Un poids précis est essentiel pour un diagnostic correct.

De manière générale, n’essayez pas de perdre du poids pendant la grossesse en limitant votre alimentation. Avoir une alimentation saine et équilibrée est important pour toutes les grossesses. Évitez le sel excessif, mais ne supprimez pas le sel de votre alimentation. Veillez à boire suffisamment de liquides, généralement dicté par vos sensations de soif normales, et à effectuer des exercices physiques modérés régulièrement.

Les vomissements ou les diarrhées sont préoccupants s’ils apparaissent soudainement et dans le troisième trimestre de la grossesse. En effet, les « nausées du matin » devraient disparaître après le premier trimestre.

Ce que vous pouvez faire :
Appelez votre médecin. Les nausées ou les diarrhées peuvent être confondues avec d’autres pathologies concomitantes de la grossesse, alors insistez pour faire vérifier votre pression artérielle et vos urines pour la recherche d’une protéinurie.

La douleur abdominale, ressentie typiquement comme une « barre », se situe généralement sous les côtes plutôt du côté droit (quadrant supérieur droit en terme médical). Cette douleur peut être confondue avec des brûlures d’estomac, des problèmes de vésicule biliaire, la grippe, ou une indigestion.

La douleur à l’épaule est souvent appelée « douleur projetée » parce qu’elle irradie du foie sous les côtes droites. Elle peut vous faire penser à un pincement le long de la sangle du soutien-gorge ou sur votre cou.

La douleur dans le bas du dos peut aussi indiquer un problème en lien avec le foie, surtout si elles s’accompagnent d’autres symptômes de la pré-éclampsie.

Toutes ces douleurs peuvent être un signe d’un syndrome HELLP ou d’un problème hépatique (au foie).

Ce que vous pouvez faire :
Ces douleurs devraient être prises très au sérieux : ne les ignorez pas en allant vous coucher et en attendant qu’elles passent. Appelez votre médecin ou votre sage-femme.

Les troubles de vision comprennent les sensations de lumières clignotantes, d’auras, de sensibilité à la lumière ou de vision floue ou de tâches. Les troubles de la vision sont l’un des symptômes les plus graves de la pré-éclampsie. Ils peuvent être associés à un problème du système nerveux central ou être une indication d’un gonflement du cerveau (œdème cérébral). 

Ce que vous pouvez faire :
Si vous ressentez l’un de ces troubles de la vision, vous devez vous rendre directement aux urgences de votre maternité. Ces symptômes sont très graves et ne devraient pas être laissés sans avis médical, même jusqu’au lendemain matin.

Les maux de tête sourds ou violents, souvent décrits comme des migraines qui ne disparaissent pas, sont préoccupants.

Ce que vous pouvez faire :
Si vous avez essayé de prendre des médicaments compatibles avec la grossesse mais sans soulagement, si le mal de tête est très douloureux, si vous avez une sensibilité à la lumière, ou si votre mal de tête s’accompagne de troubles de la vision (veuillez lire la section Troubles de la vision dans la rubrique Symptômes de la pré-éclampsie) ou de l’audition, alertez immédiatement votre médecin et consultez en urgence.

Un essoufflement, un pouls très rapide, une confusion mentale, un sentiment accru d’anxiété et un sentiment de malheur imminent peuvent être des symptômes de la pré-éclampsie. Si ces symptômes sont récents pour vous, ils pourraient indiquer une tension artérielle élevée ou, plus rarement, une accumulation de liquide dans vos poumons (œdème pulmonaire).

Ce que vous pouvez faire :
Contactez immédiatement votre médecin si ces symptômes sont récents. Si vous avez déjà souffert de ces symptômes avant la grossesse, assurez-vous de les mentionner à votre médecin dès le début du suivi prénatal afin qu’ils puissent être surveillés tout au long de votre grossesse. 

L’hyper-réflexie signifie que vos réflexes sont si forts que, lorsque votre genou est tapoté par “un marteau» en caoutchouc, votre jambe rebondit fortement. Comme les maux de tête et les changements visuels, l’hyper-réflexie peut indiquer des changements dans votre système nerveux.

Ce que vous pouvez faire :
Ce symptôme n’est généralement observable et mesurable que par un médecin. C’est lui qui vous indiquera, en fonction de votre état général et de l’apparition ou non d’autres symptômes, si vous devez aller à l’hôpital.

Pendant la grossesse, il est important d'écouter son instinct. Si quelque chose ne va pas, faites-vous confiance et parlez-en à votre médecin. N'ayez jamais peur d'appeler et de discuter de quelque chose d'inhabituel. Un bon professionnel de la santé ne sera jamais trop occupé pour répondre à vos préoccupations. Les pires résultats de la pré-éclampsie peuvent être évités par une reconnaissance précoce.
Pendant la grossesse, il est important d'écouter son instinct. Si quelque chose ne va pas, faites-vous confiance et parlez-en à votre médecin. N'ayez jamais peur d'appeler et de discuter de quelque chose d'inhabituel. Un bon professionnel de la santé ne sera jamais trop occupé pour répondre à vos préoccupations. Les pires résultats de la pré-éclampsie peuvent être évités par une reconnaissance précoce.

Les profils à risques

Vous avez plus de risques de développer une pré-éclampsie si :

​Si vous pensez faire partie d’une population à risque, parlez-en à votre médecin, idéalement dès que vous avez le projet d’avoir un enfant, et sinon dès le début de votre grossesse.

les traitements

Il n’existe pas de traitement pour « guérir » la pré-éclampsie. La seule solution pour arrêter la pré-éclampsie est d’accoucher pour retirer le placenta, source de la maladie.

Si l’état de la maman le permet, un traitement de l’hypertension est mis en place, ainsi qu’une surveillance médicale, pour s’assurer qu’aucune complication n’apparaisse (convulsions, HELLP), et attendre un terme plus propice au bébé. Dans les formes graves, un traitement par sulfate de magnésium est proposé pour diminuer les risques de crises d’éclampsie.

Avant 34 semaines d’aménorrhée, une cure de corticoïdes est proposée pour activer la maturation des poumons du bébé et diminuer les risques de complications en cas d‘accouchement.

Lorsque la pré-éclampsie survient très précocement, avant 30 SA, le sulfate de magnésium permet aussi de diminuer la survenue de complications neurologiques qui peuvent survenir quelques jours après la naissance. Dans certains cas, des complications peuvent surgir et obliger les médecins à recommander un accouchement rapide, voire urgent, pour sauver la maman.

côté bébé

Les problèmes associés à la pré-éclampsie, (notamment au niveau placentaire),
exposent les fœtus et les nouveaux-nés à certains risques :

  •  Manque d’oxygène et de nutriments, ce qui peut réduire la croissance fœtale, et provoquer un retard de croissance in utero (RCIU)
  • Naissance prématurée en raison de l’état de santé de la mère ou des conséquences foetales de la pré-éclampsie
  • Mort fœtale in utero en cas de retard de croissance sévère ou parfois en cas de décollement placentaire (hématome retro-placentaire),
  • Mort néonatale en fonction du terme de naissance et des complications postnatales.

Sur le plan des complications postnatales, les bébés prématurés en raison de la pré-éclampsie sont plus exposés à certains problèmes respiratoires (dysplasie broncho-pulmonaire), digestifs (inflammation de l’intestin grêle ou du colon) et de développement neurologiques, y compris les troubles d’apprentissage, la paralysie cérébrale, ou des troubles sensoriels.

Les bébés prématurés vont selon leur terme de naissance devoir être hospitalisés plus ou moins longtemps après la naissance et sont en moyenne plus petits que ceux nés à terme. Les enfants qui ont connu une faible croissance dans l’utérus risquent plus tard de souffrir de diabète, d’insuffisance cardiaque et d’hypertension artérielle

Si vous avez des questions sur la prématurité, n’hésitez pas à consulter le site de SOS Prema.

Pour les mamans qui ont été confrontées à la perte de leur bébé, et qui ont besoin d’en parler et de se faire aider, une association de bénévoles est là pour vous proposer un accompagnement individuel ou un groupe de parole. Plus d’informations sur Agapa.

Pour les parents confrontés à la fin de vie de leur tout-petit et à la traversée du deuil périnatal, n’hésitez pas à contacter l’association Spama qui a plusieurs antennes en France.