Minimiser le risque de pré-éclampsie au cours de sa grossesse
La pré-éclampsie est une complication de la grossesse qui peut arriver à n’importe quelle femme, quelle que soit la grossesse. Elle survient le plus souvent lors d’une première grossesse, mais elle peut aussi survenir lors des grossesses suivantes. Quels que soient vos antécédents, il est important de se rendre à toutes les visites médicales prévues pendant et après la grossesse.
Sur cette page, vous trouverez ce que votre médecin devrait surveiller au cours de ces visites :
- Avant la grossesse : êtes-vous un profil à risques ?
- Pendant la grossesse : apprenez à reconnaître les symptômes de la pré-éclampsie
- Après l’accouchement : attention à la pré-éclampsie post-partum
- Une autre grossesse après une pré-éclampsie ?
A plus long terme :
Les femmes atteintes de pré-éclampsie ont plus de risques de développer des maladies cardiovasculaires, accidents vasculaires cérébraux (AVC), crise cardiaque et hypertension artérielle.
Parlez de votre pré-éclampsie et de ses risques à votre médecin traitant ou à votre cardiologue pour envisager une surveillance médicale adaptée.
La surveillance annuelle de votre poids, de votre pression artérielle, de votre glycémie et de votre cholestérol est un moyen important de rester en bonne santé. L’exercice physique régulier est également un moyen de prévention efficace.
Le suivi de grossesse
Avant la grossesse : êtes-vous à risque de pré-éclampsie ?
Si vous avez le projet d’avoir un bébé, il est conseillé de faire une visite de préconception avec votre gynécologue/obstétricien, pour faire un point sur votre santé, et déterminer si vous faites partie d’une population à risque pour la pré-éclampsie (voir « Les profils à risque« ).
Au cours de cette visite, vous devriez en particulier signaler tous les médicaments prescrits par d’autres médecins à votre gynécologue/obstétricien, afin de vérifier qu’ils sont sans risque. La vitamine B9 (acide folique) en prévention de certaines malformations vous sera prescrite.
Il serait bien de commencer une bonne hygiène de vie prénatale, à savoir un régime alimentaire équilibré (les cinq fruits et légumes par jour !), riche en vitamines et minéraux. Si vous fumez, parlez avec votre médecin des méthodes pour arrêter (comme les substituts à la nicotine, qui ne sont pas contre-indiqués pendant la grossesse).
Bien qu’il n’y ait aucune preuve que ces comportements et choix sains influencent le risque de survenue d’une pré-éclampsie, ils sont de toute façon ce qu’il y a de mieux pour votre santé pendant la grossesse.
Pendant la grossesse : connaître les symptômes de la pré-éclampsie
Voir « Les symptômes« .
Suivez un bon régime alimentaire prénatal, équilibré (les cinq fruits et légumes par jour), riche en vitamines et minéraux, et faible en sucres raffinés et caféine. Bien sûr, pas d’alcool, ni de tabac (consultez votre médecin pour vous aider à arrêter de fumer, éventuellement par des substituts nicotiniques).
Bien qu’il n’y ait aucune preuve que ces comportements et choix sains influencent le risque de survenue d’une pré-éclampsie, ils sont de toutes façons ce qu’il y a de mieux pour votre santé pendant la grossesse.
Allez à toutes vos visites prénatales.
Chaque visite devrait inclure :
- un entretien pour faire le point sur les symptômes des dernières semaines
- la prise de votre poids, pour vérifier que vous ne prenez pas plus de 1kg par semaine, ce qui peut indiquer une rétention d’eau
- la prise de votre tension artérielle pour surveiller qu’elle ne monte pas trop haut au-dessus de 140/90 mmHg
- la recherche de protéines dans vos urines (cela est parfois demandé à un laboratoire d’analyses avant la consultation, ou sinon par bandelette urinaire au minimum).
- une recherche d’oedèmes
N’hésitez pas à demander à votre médecin si l’un de ces tests est omis.
Bien sûr, ne manquez pas vos échographies qui permettent de suivre la croissance et la santé du bébé. Les échographies peuvent aider à diagnostiquer un retard de croissance (RCIU), ce qui peut indiquer un mauvais fonctionnement de l’alimentation du bébé à travers le placenta. L’étude des flux sanguins dans l’utérus et dans le cordon ombilical (étude Doppler) peut permettre de mieux apprécier la perfusion placentaire et le bien-être foetal.
Après l'accouchement : le suivi médical après une pré-éclampsie
La pré-éclampsie peut encore apparaître immédiatement après l’accouchement et ce, jusqu’à six semaines après. C’est pourquoi la tension artérielle doit être aussi surveillée dans les jours qui suivent la naissance.
Même si les symptômes de la pré-éclampsie disparaissent le plus souvent dans les semaines qui suivent l’accouchement, il est néanmoins nécessaire de vérifier la normalisation de votre tension artérielle lors de vos rendez-vous médicaux ou du suivi par une sage-femme à domicile.
Si la tension artérielle reste élevée trois mois après l’accouchement, cela signifie que vous développez une hypertension chronique qui doit être prise en charge par votre médecin traitant qui, si besoin, vous orientera vers un spécialiste (cardiologue, néphrologue,…). Il est recommandé de préférer une contraception sans oestrogène en cas d’hypertension artérielle non stabilisée par un traitement approprié.
Environ 3 à 6 mois après votre accouchement, il est conseillé de faire une consultation d’information et d’annonce, pour faire le point sur ce qui s’est passé, physiquement et psychologiquement. Le but est d’expliquer le lien entre hypertension durant la grossesse et le risque cardio-vasculaire et rénal, et d’insister sur l’importance d’un suivi médical coordonné et pluridisciplinaire (généraliste, gynécologue, voire cardiologue ou néphrologue) pour mettre en place des mesures de prévention ciblées sur l’hygiène de vie et le contrôle des facteurs de risque cardio-vasculaires et rénaux.
Lors de cette consultation, n’hésitez pas à poser vos questions, que ce soit sur un désir de future grossesse, ou sur la manière d’envisager un suivi de votre risque cardio-vasculaire à plus long-terme (avec quel médecin, à quel fréquence…).
Si vous avez besoin de soutien psychologique, votre médecin peut vous référer à un(e) psychologue de son réseau.
N’hésitez pas à venir nous parler sur notre page Facebook ou Instagram, ou sur le groupe fermé Facebook « Echanges bienveillants sur la pré-éclampsie ».
Pour les mamans qui ont été confrontées à la perte de leur bébé, et qui ont besoin d’en parler et de se faire aider, une association de bénévoles est là pour vous proposer un accompagnement individuel ou un groupe de parole. Plus d’informations sur www.agapa.fr.
Sur Paris, un groupe de parole pour les mamans existe à l’Institut de Puériculture, 26 boulevard Brune, 75014, tous les jeudis à 12h15 (renseignements au 01 45 65 64 80). Pour les papas, un groupe existe à l’Espace Parentèle de l’hôpital Trousseau (26 avenue du Dr Arnold Netter, 75012), chaque mardi pair du mois à 9h00 (inscription sur mardis.peres@gmail.com).
Une autre grossesse après une pré-éclampsie : les risques de récidive
Si vous avez été touchée par une pré-éclampsie, vous avez plus de risques d’en refaire une lors de vos prochaines grossesses. Parlez de votre désir d’enfant à votre gynécologue-obstétricien, idéalement avant de débuter une nouvelle grossesse. Si vous avez eu une pré-éclampsie sévère (syndrome HELLP, éclampsie, complications rénales), il est recommandé de faire une visite pré-conceptionnelle dans un hôpital adapté au suivi des grossesses à risques (maternité de type 2 minimum).
Votre médecin doit évaluer et informer des risques en cas d’une nouvelle grossesse, pour la maman (récidive d’hypertension artérielle, de pré-éclampsie, et de ses complications plus graves) et pour le bébé (risque de retard de croissance in utero, prématurité).
Il vous fera faire les examens nécessaires pour voir comment envisager une nouvelle grossesse, et adaptera le suivi médical de cette grossesse en conséquence. Il pourra demander un suivi particulier par un médecin néphrologue ou cardiologue en fonction de vos antécédents et de votre bilan de santé.
IMPORTANT EN CAS DE NOUVELLE GROSSESSE : Il est possible que – uniquement si vous avez des antécédents de pré-éclampsie – votre médecin vous prescrive de l’aspirine à faible dose (75-160 mg / jour) à débuter avant 12SA, à prendre avant le coucher, car il a été prouvé que cela permet de réduire le taux de récidive de pré-éclampsie avant terme de manière très significative. Ce traitement est uniquement sur prescription médicale, donc parlez-en avec votre médecin. Si vous avez ce traitement, ne l’oubliez pas, et prenez le bien quotidiennement avant le coucher.
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les risques à long terme
Les femmes atteintes de pré-éclampsie ont trois à quatre fois plus de risques d’hypertension artérielle et voient le risque de maladie cardiaque et d’accident vasculaire cérébral doubler par rapport à celles qui n’ont pas été touchées. Elles ont également un risque accru de développer un diabète.
Chez les femmes qui ont eu une pré-éclampsie et ont accouché prématurément, ou de bébés de faible poids à la naissance ou chez celles qui ont souffert de pré-éclampsie sévère plus d’une fois, ce risque de maladie cardiaque est plus élevé.
Bien que l’on ignore encore si le risque est lié à la pré-éclampsie ou si la femme était déjà prédisposée, ces risques peuvent se réaliser plusieurs années après la grossesse compliquée, et quelquefois plus tard, à la ménopause.
Bien que cela puisse sembler décourageant (car les problèmes semblent s’accumuler), il faut le prendre comme un avertissement, plus que comme une condamnation. Il existe en effet de nombreuses façons pour les femmes de protéger leur santé cardiaque, que nous expliquons ci-dessous.
les mesures préventives
Les maladies cardio-vasculaires peuvent mettre des années à se développer et vous pouvez agir et prendre des mesures préventives dès maintenant, qui auront un impact sur votre santé aujourd’hui et dans le futur.
Parlez à votre médecin de vos antécédents de grossesse, en particulier si :
- Vous avez eu une pré-éclampsie (ou une pression artérielle élevée) au cours d'une de vos grossesses et combien de vos grossesses ont été touchées
- Vous avez eu un diabète gestationnel pendant l'une de vos grossesses, ce qui augmente le risque de diabète plus tard dans la vie
- Si tous vos bébés sont nés plus de quatre semaines avant votre date prévue d’accouchement
- Si l’un de vos bébés pesait moins de 2,5kg à la naissance
- Si vous avez des antécédents familiaux d'hypertension artérielle ou de maladie cardiovasculaire
Votre médecin pourra alors mettre en place le suivi médical qu’il juge approprié, en surveillant au moins une fois par an votre poids, votre pression artérielle, votre glycémie et votre concentration de cholestérol.
Adoptez un mode de vie le plus sain possible
(les recommandations de la Fédération Française de Cardiologie) :
Cliquez sur l’une des recommandations pour en savoir plus.
Par exemple : 30 minutes de marche cinq fois par semaine (et pas besoin de faire les 30 min d’un seul coup) et des exercices de renforcement musculaire deux fois ou plus par semaine.
Faites quelque chose de divertissant pour garder la motivation. Bouger et courir avec ses enfants peut en faire partie !
Il est prouvé qu’une alimentation variée et équilibrée, donc riche en fibres, en légumes et en fruits, et pauvre en graisses, aide à baisser la tension artérielle. Même si vous n’avez pas d’hypertension artérielle, une alimentation équilibrée vous aidera à avoir un poids stable, un IMC (l’Indice de Masse Corporelle est égal à votre poids divisé par votre taille au carré) plus favorable (entre 18,5 et 25), et ainsi prévenir ou retarder une hypertension artérielle à l’avenir.
Evitez le surpoids : un IMC supérieur à 25 peut augmenter votre risque de maladie cardio-vasculaire.
N’hésitez pas à demander des conseils à votre médecin (coordonnées diététiciens, associations, site www.mangerbouger.fr, service de nutrition à l’hôpital).
…de caféine/théine, d’alcool, de sel et évitez la réglisse pour aider à baisser la pression artérielle.
Et évitez le tabagisme passif (respirer la fumée des autres). Le tabac augmente la tension artérielle et endommage les vaisseaux sanguins.
Pratiquez la relaxation, le yoga, ou apprenez à mieux respirer : dès que vous en ressentez le besoin, faites de longues inspirations (5 secondes) et expirations (5 secondes) sur plusieurs minutes (exercice de cohérence cardiaque).
Ne pensez qu’à votre souffle quand vous le faites, pour chasser les pensées sources de stress.
L’application RespiRelax, téléchargeable gratuitement, peut vous aider.