Pré-éclampsie & éclampsie post-partum (Cindy)

Le témoignage de Cindy, qui a vécu une pré-éclampsie compliquée d’une éclampsie post-partum immédiatement après l’accouchement de ses petits jumeaux, nous montre encore l’importance de la prévention sur cette pathologie de grossesse et sa prise en charge précoce, tellement elle peut être sournoise et rapide. Nous souhaitons plein de joie et de bonheur à cette jolie famille.

« Bonjour, voici mon histoire, mon long combat dont je souhaite vous faire part pour quatre raisons :

– La première : afin de rappeler à tous les couples qui se battent de toute leur force pour devenir parents, qu’il ne faut rien lâcher, que leur combat est le plus merveilleux du monde et qu’il ne faut jamais perdre espoir.

– La deuxième raison, pour remercier ouvertement mes adorables jumeaux de s’être battus pour vivre !

– La troisième, pour faire acte de prévention face à cette fichue maladie de grossesse qui peut être autant imprévisible que dévastatrice.

– ET enfin la quatrième, pour envoyer mon soutien le plus sincère à tous les jeunes parents qui vivent la douleur de la grande prématurité…

Aujourd’hui, j’ai 32 ans et je nage dans un bonheur indescriptible, je dirais plutôt qu’un tsunami de bonheur a transformé ma vie lorsque nos jumeaux Emilio et Roméo sont arrivés au monde le 8 avril 2019 à midi. « Une minute les sépare, toute une vie les unit ».

Pour en être ici, s’il fallait résumer l’histoire de ma famille, je vous donnerai une seule et unique phrase : « Nous nous sommes battus pour vous, vous vous êtes battus pour nous ». Tout simplement… Enfin quand je dis « simplement », ceci en a été tout autre.

Avec mon mari, nous rêvions d’être parents très jeunes. Ce rêve en commun fut particulièrement difficile à réaliser mais nous n’avons jamais baissé les bras, six longues années à espérer, à enchaîner les tentatives et les échecs, à pleurer pour ensuite essuyer nos larmes et se relever. Un PARCOURS PMA qui aura duré 6 ans… Entourés par une gynécologue merveilleuse, le docteur Anne-Sophie Godefroy du « Centre Procreo La Soie » (situé à Villeurbanne, dans le Rhône). Heureusement que ce genre de médecin existe ! Nous lui en serons à jamais reconnaissante. À vie. Elle a fait tout son possible pour nous aider, et nous a ouvert des portes que beaucoup d’autres avaient fermé à clef de suite !

C’est ainsi que je suis tombée enceinte de vrais jumeaux en septembre 2018, nous allions donc avoir 30 ans avec mon mari peu après la naissance de nos jumeaux. Aux oubliettes nos cadeaux d’anniversaire, nous nous étions fait chacun les plus beaux cadeaux du monde : un bébé chacun 😉. Notre combat nous l’avions gagné.

J’ai profité de ma grossesse avec sérénité, pour moi le plus dur était derrière, il ne pouvait rien m’arriver c’était impossible, et encore moins à mes petits bébés qui grandissaient en moi.

Apres toutes ces années de souffrance, le bonheur était indestructible. Et je le vivais à fond !

Néanmoins, ma grossesse était risquée car des jumeaux mono-bi, une écho tous les 15 jours pour surveiller le moindre problème. Mais tout allait si bien… J’enchaîne alors avec joie 13 échographies en à peine 6 mois, chose que je vivais comme une chance !! Entendre dire 13 fois que tout va bien, les voir 13 fois de suite sur le petit écran, entendre 13 fois leur petit cœur… Magique… Je ne voyais absolument pas ce qui pouvait nous arriver à tous les trois. Tout allait très bien. Bon certes, j’avais pris 36 kg, en 6 mois et demi, c’est vrai que c’est un peu forcé mais enceinte de jumeaux, je ne m’inquiétais pas, les mollets de plus en plus larges, durs et douloureux, je comprenais qu’une rétention d’eau était belle et bien là mais ayant connu cela en PMA, je restais toujours sereine… Jusqu’au jour où…

Ce jour-là, identique aux autres, je suis allée faire ma prise de sang et la protéinurie. Et ce fameux appel de l’hôpital je m’en souviendrais toute ma vie… J’étais à 31 SA, la chambre de nos jumeaux étaient presque prête, ma valise pas du tout, leurs affaires étaient, oui, quasi finies mais cela était lié à mon impatience et non pas un éventuel pressentiment d’accoucher si tôt. De mon côté rien n’était prêt, c’était beaucoup trop tôt.

C’était le vendredi 6 avril que mon téléphone a sonné. Nos jumeaux devaient pointer le bout de leur nez fin juin.

Un médecin me demande d’aller en urgence à l’hôpital qui me suit, et me dit qu’on m’expliquera seulement une fois sur place… Mon réflexe fut de poser mes mains sur chacune des parties de mon ventre où étaient positionnés mes bébés : Emilio en bas à gauche, Roméo en haut à droite…

J’appelle mon mari, qui à ce moment-là comprend de suite qu’il se passe quelque chose de grave, et me rejoint directement à l’hôpital… Nous ne réalisons pas ce qui se passe, nous pensons que je vais rester sous surveillance la journée seulement… Puis tout s’enchaîne. Première prise de tension 17 et quelques. Moi qui tourne à 10, et encore si j’ai pris une boisson énergisante ! Bon, nous mettons cela sur le stress… Deuxième essai : 18… Une gentille sage-femme vient m’expliquer que mes résultats sanguins du matin sont très mauvais, que j’ai plusieurs grammes de protéines dans les urines. Elle me parle d’une « pré-éclampsie sévère » – un mot dont j’avais vaguement entendu parlé en école d’infirmière mais alors tellement vaguement !!! Elle me demande si j’ai fait mes cours de préparation à la naissance, je lui réponds alors que les dates étaient prévues mais seulement dans deux mois ! Car oui j’étais effectivement énorme et que beaucoup pensaient que j’allais accoucher prochainement. C’était LOIN d’être le cas.

Mes petits garçons ont un cœur qui bat très bien, la sage-femme me pose un monitoring qui ne me quittera alors plus jusqu’à ma césarienne très proche…

Des mouches apparaissent devant mes yeux, mon visage gonfle, ma tête va exploser et le haut de mon ventre me brûle comme si une barre se trouvait d’un seul coup en travers de mon estomac… Je perds le contrôle de tout ce qui se passe.

On nous dit à 14h00 précises que je vais rester la journée, puis à 18h00 que je vais dormir là, et en même temps on me fait une bien longue piqûre dans les fesses en me disant que celle-ci va aider les poumons de mes bébés à maturer… Mais pourquoi ??? Je ne comprends pas, je veux rentrer chez moi, je veux protéger mes bébés…

La tension ne cesse d’augmenter, et me voilà vendredi 6 avril dans une chambre mère-enfant, un tensiomètre accroché à moi et qui me compresse le bras toutes les 15 minutes, comme si ma vie en dépendait et surtout celle de mes enfants…

Le lendemain, le discours médical s’intensifie et on me demande, en même temps que je déjeune, si je suis prête à aller visiter avec mon mari la néonatalogie et les couveuses dans la matinée… Les tensions au-dessus de 18 s’enchaînent. Arrive la 2ème piqûre pour les si petits poumons de mes bébés.

Une médecin très gentille vient alors me voir, ainsi que trois autres sages-femmes. Elles s’assoient à côté de moi et me parlent, longuement…me disent que mes enfants et moi-même sommes en danger, que je suis en train de faire un HELLP syndrome – une forme grave de la pré-éclampsie – et que si je ne mets pas au monde mes jumeaux rapidement, nous risquons de mourir tous les trois. Elles sont également obligées de me parler des risques d’un tel accouchement, que mes garçons peuvent malheureusement ne pas survivre, qu’ils pourront avoir des tas de séquelles. Leur poids est estimé à 1kg et quelques trentaines de centimètres…

Le ciel nous tombe dessus… Ça y est, je comprends alors la gravité de la situation, je repose mes mains sur les parties de mon ventre où tapent alors très fort mes jumeaux et je pleure… Je crois que je n’ai jamais autant pleuré de ma vie…

Nous prévenons nos proches et me voilà en salle de césarienne, le lendemain matin. Il aura fallu alors à peine deux jours et demi pour que tout bascule.

8 avril 2019, je deviens maman de deux merveilleux garçons nommés Emilio et Roméo. Deux guerriers que j’entends pleurer à leur arrivée au monde ! Deux guerriers que j’embrasse, à peine sortis de mon ventre, avec mon mari à mes côtés ! Le plus beau jour de notre vie malgré la peur et la panique. Puis là ce fut le trou noir…

Mes jumeaux partent en réanimation néonatale, et moi-même en réanimation… Nous voilà si brutalement arrachés : eux deux arrachés l’un à l’autre car chacun dans une couveuse, et moi seule, accrochée à ce tensiomètre et sous le choc.

Ce qu’il faut savoir avec cette pathologie de grossesse sournoise, c’est qu’elle peut continuer à évoluer malgré l’accouchement, ce qui fut mon cas malheureusement. Ma tension ne chute pas, au contraire, je vois ces mouches volantes, j’entends ces bruits de bourdonnements, je perds alors connaissance et fait une éclampsie.

Je serais suivie plusieurs mois pour cette hypertension mais tout a fini par rentrer dans l’ordre. Le traumatisme restera là, à vie… Ma première nuit de maman s’est passée en réanimation, ne sachant pas si mes loulous allaient s’en sortir, ni même s’ils étaient en vie… J’ai pu les rejoindre avec mon fauteuil roulant le lendemain.

De leur côté, mes champions se sont battus comme deux vrais héros !!! Mais pas champions du monde, non, champions olympiques de l’univers !!! Des câbles reliés à eux, de l’aide pour respirer, des secondes/minutes/heures/journées passées en néonatalogie à leurs côtés, à n’attendre qu’une seule chose : pouvoir enfin être réunis et vivre, chez nous… L’équipe de néonatalogie de Fleyriat à Bourg-en-Bresse a été au top du top ! Merci mille fois car ce parcours était tellement difficile ! Sans elles, nous aurions vécu ces 79 jours tout autrement.

Après 79 jours, mes loulous sont rentrés avec nous, avec des scopes à la maison. Aujourd’hui, ils se portent à merveille, je leur serai reconnaissante à jamais de ce qu’ils ont fait pour nous, de s’être battus comme ils l’ont fait. C’est donc mon message aujourd’hui, n’ayez pas peur si cette maladie vous touche car ces petits bouts de grands prématurés sauront vous donner la force de vous battre, ce sont les meilleurs, ils nous ont donné une leçon de vie !!! Mais, mesdames, soyez prudentes, ne négligez aucuns symptômes pouvant évoquer une pré-éclampsie car, croyez-moi, même si aujourd’hui le bonheur est immense, le traumatisme restera à jamais dans nos têtes…

Prenez soin de vous ainsi que de vos enfants ! »

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