Témoignage sur la pré-éclampsie : HELLP syndrome post-partum et séparation (Marion)

Après un parcours PMA, Marion a vécu une complication de la pré-éclampsie, le HELLP syndrome, en post partum, ce qui reste assez rare. Le HELLP se caractérise par une baisse des globules, une atteinte du foie et parfois des reins, et une thrombopénie (chute des plaquettes). Marion était heureusement encore hospitalisée et suivie de près. Elle parle aussi de la séparation avec son bébé qui venait de naître pendant plusieurs jours faute de place en néonatalogie… Nous souhaitons plein de bonheur à Marion et son petit Naël.

« Je m’appelle Marion et je suis la maman de mon petit Naël âgé de 7 mois et demi.

Après un parcours PMA, j’ai souffert d’une pré-éclampsie sévère suivie de complications : HELLP Syndrome à 34 SA.

Toute ma grossesse s’est bien passée jusqu’à cette 34ème semaine.

Au début de 34SA, lors d’un contrôle de routine, je suis contactée par le laboratoire pour m’informer du taux de protéinurie élevé à 0,67 g/L (au lieu d’être inférieur à 0,30). Je dois faire un bilan d’urines de 24h.

Le taux de protéinurie a augmenté à 1,22 g/L.

Cela n’inquiète pas plus que cela ma sage-femme à ce moment-là.

Arrivée en fin de semaine, j’ai mon rdv mensuel avec ma sage-femme. Ma tension est à 14/5. Je dois me rendre aux urgences pour un contrôle.

C’est le début du calvaire.

Le stress m’envahit.

Arrivée aux urgences, je refais une analyse d’urines, prise de tension et monitoring pendant 45 minutes. J’ai 14/9 de tension.

On me fait une prise de sang et une échographie. Le médecin m’annonce froidement que le bébé n’a pas pris de poids depuis la dernière échographie, celle du 3ème trimestre (qui remontait à 2 semaines). Il y a donc un retard de croissance intra utérin.

Je tombe de haut.

L’attente des résultats et la prise de décision de me laisser rentrer chez moi me paraît très longue.

Le verdict tombe, un médecin m’annonce que je suis hospitalisée jusqu’à l’accouchement à 37SA soit trois semaines au service de grossesse à haut risque.

Le monde s’est écroulé autour de moi.

Je ne rentrerai pas chez moi.

Je ne l’aurais jamais cru.

Ce n’était pas du tout ce que j’avais prévu, ni imaginé.

Il fallait rester fort pour notre amour et être des « warriors » encore une fois (comme lors de notre parcours PMA).

Je passe quatre nuits dans ce service où je dors très mal. Je suis examinée du matin au soir avec des contrôles urinaires, prise de sang, de la tension et monitoring.

Je vois différentes sages-femmes qui tentent de m’expliquer ce qui m’arrive, ce qu’est une pré-éclampsie. Je leur pose beaucoup de questions. Mais je ne comprends pas tout. Cette maladie de grossesse m’était inconnue.

Je commence à culpabiliser car on me dit que mon corps « n’accepte plus » le placenta, ce qui conduit à une perturbation de la croissance de l’enfant et une libération de nombreux débris placentaires et de cellules fœtales dans le sang maternel.

On me dit que c’est comme si mon corps avait « un train de retard » par rapport à la grossesse.

Le but des médecins était de « gagner du temps » pour avoir un bébé non prématuré.

Le 3ème jour à l’hôpital, j’ai commencé à avoir des contractions.

Le 4ème jour, le 22 juin 2021 (35SA), j’ai eu de fortes contractions et une tension élevée.

On me transfère en salle de naissance.

Petite parenthèse : on me demande si je souhaite accoucher par césarienne ou par voie basse.

Est-ce que je suis médecin pour répondre ? Est-ce que je sais les risques d’accoucher par voie basse avec un bébé en position siège et en particulier dans un contexte de pré-éclampsie ? Non. Mais j’ai pris la responsabilité d’accoucher par voie basse, étant donné que les médecins me laissaient prendre cette décision…

Arrivée en salle de naissance, aucun médicament ne pouvait m’être administré oralement car je vomissais tout.

J’ai enchaîné les vomissements. Cela me mettait dans un état atroce.

J’avais du mal à reprendre ma respiration.

À force, je sentais une barre en-dessous de la poitrine.

J’étais tellement dans un état critique que la sage-femme est allée chercher l’anesthésiste pour poser la péridurale.

Je ne pouvais pas continuer comme cela, j’avais du mal à respirer. J’étais dans un état second. J’étais montée à 19 de tension.

Heureusement, la péridurale m’a calmée.

Puis une nouvelle sage-femme est arrivée. Elle voulait que le travail avance plus rapidement. Elle m’a administré un médicament. Cela n’a pas loupé, les contractions sont revenues en force et le bébé est arrivé.

Petit Naël est né à 23h00, mardi 22 juin 2021. Il était tout petit : 1,650kg, 42cm.

On était tellement émus et heureux. Une explosion d’amour.

Puis nouveau coup de massue : on nous dit qu’il n’y a plus de place en néonatalogie dans l’hôpital. L’ambulance est venue chercher bébé à 3h00 du matin pour le transférer dans un autre hôpital.

On était obligés de le quitter comme cela… Je ne passerai pas la nuit avec…c’était un déchirement… Cela ne devrait pas exister.

On me dit que le lendemain je pourrai le rejoindre.

Mais le lendemain matin, un médecin m’informe que ma prise de sang n’était pas du tout bonne, que je fais un HELLP syndrome.

Je vais être transférée au service réanimation pour être sous surveillance rapprochée.

Coup de poignard dans le cœur… Je ne rejoindrai pas mon fils. J’avais tellement mal au cœur. Je ne faisais que pleurer.

Arrivée au service réanimation, je pensais avoir vécu le pire mais ce n’était que le début du calvaire…

Obligée de porter seulement la blouse de l’hopital.

Une chambre sans sanitaires ni douche.

Une chambre avec une « porte » coulissante en face du lit partiellement vitrée.

Une chambre sans intimité, sans dignité. Ce sentiment m’a marqué à jamais.

Une chambre avec un matelas à eau et un lit avec des barres.

Une chambre où je suis « branchée de partout » jour et nuit : tension, oxygène, cœur, deux cathéters.

Une chambre où je suis examinée du matin au soir et même la nuit. J’étais comme un rat de laboratoire. J’ai perdu toute dignité.

J’étais recouverte d’hématomes sur les bras et mains à cause de toutes les prises de sang que j’avais subies et les cathéters.

Une chambre où j’ai très peu dormi avec les lumières du couloir, le bruit, les contrôles des infirmières la nuit, la séparation avec mon bébé.

Je ne sais même pas si on peut appeler cela une chambre …

On essaye de m’expliquer ce que c’était le HELLP syndrome, qu’il pouvait y avoir un risque d’hémorragie au foie et d’autres choses.

Pendant que j’étais dans ce service, je ratais les premiers jours de mon fils.

J’avais tellement hâte de le rejoindre et de sortir de cet enfer.

J’ai passé deux nuits dans ce service réanimation. Cela peut paraître court mais en réalité c’était une éternité d’être loin de mon fils.

Mon état de santé était meilleur, j’ai pu être transférée à l’hôpital où était mon fils, soit trois jours après sa naissance.

Trois jours de séparation.

Arrivée dans cet hôpital, je veux voir mon bébé mais en même temps j’angoisse à l’idée de le revoir. Mon moral est au plus bas et je suis très fatiguée.

J’ai pleuré de fatigue chaque jour passé à l’hôpital.

J’allais toujours être hospitalisée car ma prise de sang n’était toujours pas très bonne et j’avais une tension haute. J’étais dans un autre service que mon fils. Je ne dormirai toujours pas dans la même chambre que lui.

Je retrouve bébé, enfin. Quand je le prends dans les bras, c’est là que j’ai réalisé que j’ai été séparée de lui et que j’ai raté ces premiers jours.

J’avais oublié qu’il était si petit. Comment avoir pu oublier…

Il était « banché de partout » mais Il allait bien et c’était le principal.

Le séjour en service néonatalogie est très difficile à vivre. Très peu d’intimité avec bébé.

Après deux semaines passées dans ce service, on est enfin rentrés tous les trois à la maison en bonne santé.

On n’est pas préparés à vivre tout cela, en tant que parents. Une pré-éclampsie et un HELLP syndrome, c’étaient des termes qui m’étaient inconnus. Et la prématurité, on n’y pense pas.

Vivre tout cela, cela a un vrai impact psychologique et représente un fort traumatisme.

Quand on pense passer trois jours à la maternité avec son bébé, que tout se passera bien et rentrer à la maison tous les trois, la réalité peut être toute autre. Ce n’est pas ce que l’on imagine.

J’espère qu’à l’avenir la prévention pour cette pathologie, ses complications et ce qu’elle peut entraîner sera améliorée pour les futurs parents pour éviter des situations où les vies du bébé et de la maman sont en danger.

Un grand merci à l’association Grossesse Santé contre la pré-éclampsie de mettre en lumière cette maladie de grossesse et de soutenir la recherche. »

Partagez cet article !

Laisser un commentaire