Pré-éclampsie précoce avec séquelles : importance de la prévention (Amélie)

Amélie partage son expérience d’une pré-éclampsie à 28SA+5 qui a été très soudaine avec de nombreuses complications et des séquelles pour elle. Il est primordial de mieux informer sur la pré-éclampsie et d’avoir un suivi plus poussé pendant la grossesse, sans alarmer les mamans pour autant mais, pour pouvoir être prise en charge à temps. Nous souhaitons le meilleur à Amélie pour qu’elle puisse récupérer rapidement, et une belle vie à leur petite famille.

« Je m’appelle Amélie, je suis maman d’une petite Daphnée née le 14 mai 2014 à 28sa et 5 jours. Elle faisait alors 1kg 220 et environ 40cm.

J’ai eu une grossesse idéale, sans souci, je n’ai pas connu les nausées, les vomissements. Chaque examen était nickel, tension parfaite, pas de souci, on allait avoir un beau bébé, une voie basse était prévue. Que du bonheur. J’avais juste des douleurs au ventre en fin de journée mais mon gynécologue de Dunkerque me disait que c’était des tensions dues à mon travail. Je marchais beaucoup tous les jours, c’est mon médecin traitant qui a décidé de me mettre en arrêt pour me reposer.

Début mai, on entame le 6ème mois avec impatience, on se dit dernière ligne droite avant l’arrivée de mademoiselle. Rien de particulier, à chaque examen, bonne tension, analyse correcte, j’ai à peine pris 5kg, on ne s’inquiète pas. Le 8 mai, forte douleur au ventre, j’ai dû mal à marcher, j’ai l’impression que bébé veut sortir. Nous voilà partis aux urgences. Monitoring nickel, col nickel, on ne doit pas s’inquiéter, juste bébé qui est fort bas et le placenta fort bas mais on rentre à la maison, repos exigé. Le 11 mai, de retour d’un repas familial, je ne dors pas, je me sens bizarre, j’ai l’impression que quelque chose ne va pas. En allant aux toilettes, je hurle en allumant la lumière, il y a du sang, beaucoup de sang par terre, sur moi…. Je réveille mon mari, il fait un sac et on part aux urgences.

Arrivés vers 3h du matin, nous revoyons la même personne que le 8 mai. Elle refait les examens et découvre que bébé est sur le placenta et pense à un hématome. Je reste en observation. Le 12 mai, je vais bien, plus de saignements, je me repose mais je reste à l’hôpital. Le 13 mai, je suis prise de crampes et de nouveaux saignements arrivent. On décide de me transférer à l’hôpital de Calais, niveau le plus élevé pour les grossesses à risques. On y arrive dans la nuit avec l’ambulance, je passe la nuit en observation mais rien de grave. On me garde, c’est trop tôt pour bébé. Le 14 mai, journée parfaite, pas de saignements, monitoring parfait, tension nickel. Mais vers 20h, j’appelle l’infirmière, je me sens bizarre, nauséeuse, avec une sensation étrange dans la poitrine.

Elle revient avec une équipe médicale complète qui met dehors ma belle-mère et ma belle-sœur qui viennent juste d’arriver, j’ai une prise de tension et là on m’annonce 18/5. Je dis c’est pas possible j’avais 12 il y a 2h. On me dit que je vais être en observation près du bloc, au cas où. Mon mari arrive juste à temps, on nous descend, l’infirmière lui explique que ma tension est pas top et que je dois être surveillée ce soir.

Arrivée en bas, tension 19/5. Monitoring du bébé qui s’affole et là on dit on y va. Je ne comprends plus rien, mon mari sort et appelle la famille, on me prépare pour le bloc, les infirmières appellent et parlent de césarienne, de défibrillateurs pour maman et bébé,… Je ne comprends pas très bien, je suis perdue. On m’emmène et je me retrouve dans le bloc, piqûre dans le dos qui me fait souffrir, des vomissements arrivent, je saigne du nez, j’ai des vertiges, j’entends une voix de femme qui dit « j’y vais , on ne peut pas attendre », et je sens quelque chose qui ouvre mon ventre, puis un effet ventouse, on sort mon bébé, j’entends un cri puis je vois une couverture près de mon visage avec un petit visage, recouvert de cheveux noirs et aux grands yeux ouverts. On me présente ma fille mais rapidement car je vomis, j’ai du sang sur moi… Il est 20h43 et Daphnée est née à 28sa et 5 jours.

Je me réveille dans un couloir qui m’emmène en soins intensifs, mon mari est là, sourit, me tient la main. Il me parle de notre fille qu’il a vu en couveuse et qui va bien. On me met dans une drôle de chambre avec des appareils qui font beaucoup de bruits, c’est atroce, j’ai mal à la tête, elle va exploser… Une dame vient faire la déclaration de naissance pour la mairie, c’est mon mari qui parle et moi j’écoute vaguement. Je tremble, pas de froid mais des spasmes que mon corps ne contrôle pas. Les médecins arrivent et mettent les perfs, ça soulage. Mon mari doit me laisser me reposer, il va voir notre fille avant de rentrer.

Le 15 mai, je reste éveillée malgré une forte fatigue et des maux de tête. On m’explique que ma tension a augmenté et que j’ai fait des œdèmes dans le corps, que mon foie et mes reins ne fonctionnent pas, je dois avoir un traitement spécial. Je reste 8 jours en soins intensifs, puis 8 jours encore en chambre maternité à risque.

L’équipe médicale ne nous a jamais donné de nom, c’est en sortant de l’hôpital et allant chez le médecin qu’elle me parle de pré-éclampsie et HELLP syndrome, avec les conséquences que je peux garder. En recevant tous les bilans médicaux on constate que j’ai frôlé la mort, que j’ai fait un début d’AVC causé par la tension, pris en charge à temps, que mon accouchement n’était pas quelque chose de prévisible. D’ailleurs tous les médecins n’ont pas compris pourquoi c’est arrivé. Peut-être bébé qui a provoqué un problème du placenta, peut-être pas de chance.

Daphnée restera hospitalisée environ 2 mois avant de rentrer à la maison, début juillet. Notre fille Daphnée vient juste de fêter son 6ème anniversaire ce 14 mai 2020. Elle fait 125cm pour 22kg,elle est en parfaite santé, est très grande et très minutieuse dans ce qu’elle fait. Elle n’a aucun souci particulier.

Pour ma part, je souffre désormais de migraines qui sont tellement douloureuses que j’en suis malade, je garde des séquelles au rein droit qui fonctionne moins bien. Mais je remercie de tout cœur l’hôpital de Calais et son équipe qui nous ont prises en charge rapidement et sauvé nos vies.

Cette naissance n’a pas été celle dont nous avions rêvé, loin de là, mais elle nous a unis plus que jamais avec notre fille. »

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