Nolwenn était partie aux urgences (deuxième grossesse après une 1ère grossesse à terme) sur les conseils de sa sage-femme du fait de saignements, pour un bilan avec échographie, mais à la maternité elle n’a pas été prise au sérieux et on n’a pas trouvé utile de faire l’échographie… 15 jours plus tard à 32SA, elle sera hospitalisée en urgence pour RCIU et tenter de garder bébé au chaud le plus longtemps possible. Elle accouchera à 33SA à cause d’un HRP avec augmentation de la tension à 20 après l’accouchement qui lui causera un décollement de la rétine… N’hésitez pas à insister aux urgences/à la maternité. Malheureusement de nombreux professionnels de santé ne connaissent pas la gravité de la pré-éclampsie et l’importance de la prendre en charge à temps, surtout que dans le cas de Nolwenn il s’agissait d’une 2ème grossesse sans antécédents de pré-éclampsie !
« Bonjour Je m’appelle Nolwenn, j’ai 32 ans. J’ai deux enfants avec mon mari : le premier a 5 ans (grossesse à terme, bébé de 3kg950, né par voie basse) et notre 2ème, une petite fille de 4 mois.
Alors tout commence pendant le confinement. Mon gynécologue ferme son cabinet en laissant toutes ses patientes sans aucunes nouvelles de sa part… J’ai donc basculé chez une sage-femme. Première consultation et déjà tension limite à 14/9. On fait un monitoring, tout va bien.
Le mois d’après, toujours cette tension très très limite, puis je lui évoque quelques pertes de sang sur une durée d’un jour, une semaine auparavant. Elle m’indique qu’il faut clairement aller à la maternité en urgence afin d’établir un bilan avec échographie.
Dans la foulée, je pars à la maternité avec mon dossier, puis je tombe sur un sage-femme qui ne me prend pas au sérieux. Il remplit un dossier en me demandant comment s’était passée ma première grossesse (bébé né à terme à environ 4kg), si j’avais toujours le même compagnon (oui). Il me contrôle la tension – qui a baissé – pendant une heure, me fait faire le test urinaire sur une bandelette (rien à signaler) et ne voit pas l’intérêt de faire une échographie. Il va donc me laisser partir en me traitant d’imposteur…
Bref, 15 jours après, c’est l’heure du RDV de l’échographie du 3ème trimestre en 3D. Le sage-femme est très silencieux pendant l’échographie, puis nous dit qu’il faut partir de toute urgence à la maternité. Le choc, on ne comprend pas. Bébé a un retard de croissance (poids estimé à 1kg500), plus beaucoup de liquide amniotique et le lien entre bébé et moi ne se fait pas bien. Il m’explique que je risque d’accoucher prématurément. Une douche froide…
Je pars avec un petit sac juste pour passer une nuit car c’était en fin d’après-midi, puis j’étais restée sur le fait d’être un imposteur. Le sage-femme avait fait un courrier en expliquant la situation de l’échographie pour la maternité. Arrivée à la maternité, la gynécologue vient me voir et m’explique qu’il faut faire les piqûres d’urgence pour déployer les poumons du bébé, qu’avec ces piqûres je ne dormirai pas. Si le bébé ne grossit plus, on sera obligé de le sortir en urgence.
Je ne comprends pas ce qui m’arrive. Tout va très vite. Je vois tout le monde s’alarmer. On me garde donc hospitalisée. Je suis à 32SA. Trois fois par jour, prise de tension, monitoring. La tension n’était pas bonne mais bébé allait bien. On devait attendre une semaine pour contrôler la croissance du bébé et le liquide amniotique. Je ne comprenais pas pourquoi on me gardait hospitalisée… Ces contrôles pouvaient, pour moi, se faire à domicile par une sage-femme avec échographie de contrôle une semaine après. Mais non, on me dit qu’il faut que je reste sous surveillance.
Je suis angoissée, je ne dors plus, ma tension commence à exploser. On me met sous Loxen® (traitement pour la tension), puis on avance le RDV de l’anesthésiste, c’est encore une douche froide, j’ai l’impression que tout s’accélère dans mon dos. J’arrive au RDV de l’anesthésiste… et c’est lui qui m’explique ce qui m’arrive…il pose le mot… la pré-éclampsie, et me dit de faire très attention à mes symptômes (œdèmes, vue trouble,…) car il avait une patiente pour qui cela a dégénéré en 24h… Je suis choquée. Je ne connais pas ce mot. Je regarde sur internet ce qu’est la pré-éclampsie et là je comprends…je comprends pourquoi on me garde hospitalisée. Je risque de mourir et mon bébé aussi. J’appelle mon mari en pleurs et lui dis ce que j’ai. Il est affolé aussi. Il me dit : « Si la question se pose entre toi et le bébé, c’est toi ! ».
Le lendemain – une semaine s’est écoulée depuis l’hospitalisation – en fin d’après-midi, j’ai rdv pour l’échographie de contrôle, j’appréhende. Je passe la journée avec ma famille, mes parents, mon fils et mon mari. Ils partent à 18h00 de l’hôpital. Je suis en train de manger toute seule dans ma chambre. La gynécologue vient me chercher pour faire l’échographie. Elle me dit de terminer de manger et qu’elle revient me chercher. Et pendant que je termine mon repas, je sens que je saigne… Je vais aux WC, et clairement je « pisse » le sang… Je suis affolée. Je monte en urgence voir la gynécologue. Elle me demande : « Que s’est-il passé depuis tout à l’heure ? « , mais rien, je mangeais …. Et à l’échographie, on voit un hématome, un hématome retro placentaire. J’étais en train de faire une hémorragie et le placenta se décollait. Elle me dit qu’elle ne peut plus attendre et qu’il faut partir en césarienne d’urgence. Je pleure, je lui dis : « Non svp, mon bébé est trop petit ! Ce n’est pas possible. » Elle m’indique que si elle me laisse passer la nuit, on risque de perdre le bébé. J’appelle en urgence ma famille. C’est le choc, alors que j’étais avec eux tout à l’heure…
Césarienne d’urgence, j’arrive au bloc et je tombe sur l’anesthésiste vu la veille. Il me dit : « Ne vous inquiétez pas, tout va bien se passer ». Je lui dis en pleurant que je ne voulais pas le revoir aussi vite. La césarienne commence… puis j’entends la gynécologue dire à son interne : « Oh la la ça saigne beaucoup, t’as vraiment pas de chance ». Mon bébé sort, j’entends l’annonce de son poids : 1kg300. Je la vois deux secondes et elle part en urgence en couveuse au service néonat. Ma tension s’envole à 20… On me met des agrafes.
En salle de réveil, j’ai une vision trouble, mais très trouble d’un œil. Je le signale à l’anesthésiste. Il me dit que cela va rentrer dans l’ordre d’ici 24-48h. On me garde en soins intensifs pendant 24h. Je vais très mal, je ne vois pas bien, et je reçois des décharges horribles dans l’utérus. J’ai vu mon bébé au bout du 3ème jour… Je ne pouvais absolument pas me lever ni bouger de mon lit, l’hématome en a rajouté à la césarienne. Le choc de voir mon bébé en couveuse si petit. J’en ai tellement pleuré.
Les jours passent, ma vue ne revient pas, je le signale à chaque sage-femme qui vient dans ma chambre mais rien… Je demande un RDV à l’ophtalmologue en urgence mais rien…
Au bout de dix jours après accouchement, un interne décide de s’occuper de mon cas et me prend un RDV en urgence deux jours après. C’est un décollement de la rétine de l’œil droit dû à la tension qui s’est envolée au bloc. Un traitement pendant un mois est nécessaire.
Ma petite fille est sortie de l’hôpital au bout d’un mois. Ma vue est revenue environ un mois après. Je suis toujours sous Loxen® matin et soir car j’ai toujours de la tension, je dois d’ailleurs changer de traitement car le Loxen® n’est pas assez efficace. Maintenant s’en suivent des examens interminables…
Je tenais juste à dire que c’est une maladie que je ne connaissais pas avant qu’elle me touche, très mal traitée et évaluée. On a mis beaucoup de temps à mettre le mot pré-éclampsie sur mon cas. »