Laetitia, auteure du livre Mes étoiles et mon futur partage aujourd’hui avec nous son expérience de la pré-éclampsie après une FIV avec don d’ovocytes. Il y avait des facteurs de risque de pré-éclampsie pour sa grossesse du fait du don d’ovocytes mais également des antécédents de sa grand-mère qui fait de l’hypertension et avait vécu un éclampsie à sa première grossesse. Merci Laetitia pour votre témoignage et belle vie à votre famille !
« De 2014 à début 2017, j’ai vécu 13 fausses couches entre 4 et 8SA.
En 2017, je fais une FIV avec analyse du globule polaire des ovocytes qui révèle des problèmes chromosomiques sur 95% d’entre eux.
En juillet 2018, nous prenons la décision de nous tourner vers une FIV DO (dons d’ovocytes) en République Tchèque. Nous partons pour le voyage de notre vie en octobre 2018 et c’est positif ! Ma fille s’accroche.
Je passe une grossesse très anxiogène.
1er trimestre : j’ai peur de la fausse couche.
2ème trimestre : j’ai peur d’une grave malformation.
3ème trimestre : j’ai peur d’une mort in utéro comme ma mère a vécu avec mon frère à 8 mois de grossesse.
Ma grand-mère fait de l’hypertension et à sa première grossesse, elle a fait une éclampsie avec coma. Je connais donc un peu la maladie et je sais qu’il y a un risque supplémentaire avec le don d’ovocytes et le surpoids. Je garde donc cela dans un coin de ma tête.
Vers 33SA, je commence à gonfler de partout et je prends presque 2 kilos en une nuit. Ça fait « tilt » directement. Je me rends chez la gynécologue qui, malgré une tension à 14, me dit d’aller voir un psy pour canaliser mes angoisses…
En juin 2019, à 34SA+4, je fais malaises sur malaises et je ne peux pas me lever du lit. Le lendemain rendez-vous à la maternité.
Tension à 17/10. Les examens de routine sont faits… Ils suspectent des calculs dans le pancréas mais c’est négatif. Puis les protéines reviennent à 0,69g. La tension ne redescendant pas, ils m’hospitalisent en espérant me faire tenir jusqu’à 36 ou 37SA. J’ai beaucoup de mal à respirer, ils me disent que c’est le stress…mais moi je sais que non, il y a un problème. Le jeudi 6 juin, tout s’accélère. On me dit que ma fille ne va pas bien au niveau de ses battements cardiaques et que ma tension ne se stabilise pas malgré les médicaments. Le vendredi 7 juin au matin, à 35SA+1, je subis une césarienne.
Pendant la césarienne, je me bats contre l’impression que si je ferme les yeux, je vais mourir. L’anesthésiste me dit que ma tension fait des montagnes russes en passant de 20 à 10, puis à 18, etc. Ils me collent ma fille sur la joue quelques secondes… Je ne la vois pas, je ne l’entends pas et elle part avec son papa… Moi j’essaie de survivre… Je passe des heures interminables en salle de réveil où ils essaient de stabiliser ma tension pendant que ma fille reçoit une aide respiratoire pendant 4 ou 5 heures. Ensuite on me descend dans ma chambre et la puéricultrice m’amène mon bébé dans sa couveuse pour deux minutes. Je lui touche la main, je la regarde…et elle repart en néonatalogie. Une infirmière vient m’annoncer que les brancardiers vont venir dans quelques instants pour me transférer au service de surveillance H24 jusqu’à nouvel ordre… Je pleure, je ne veux pas… Je passerai une nuit affreuse sous perfusion, surveillance…très douloureuse…
Le lendemain matin, pas de nouvelles. On me fait du chantage psychologique : « Si vous ne marchez pas, vous n’irez pas voir votre enfant ». Alors je prends sur moi et je marche avec ma sonde urinaire qui pend et la douleur. À la fin de la journée je craque littéralement et avec mon chéri nous les menaçons de partir sans avis médical pour la néonatalogie. Je peux enfin descendre auprès de mon bébé pour le premier peau à peau, près de 32 heures après sa naissance.
Nous sommes restées deux semaines à l’hôpital, elle en néonatalogie et moi, à la maternité à courir entre les services. Une sage-femme m’a dit que j’avais vécu une césarienne de convenance malgré la protéinurie qui était montée à 22 grammes la veille de l’accouchement. Mais moi je sais que je nous ai sauvées !
19 mois après, je revis encore mon accouchement et cette séparation… un psychologue m’a dit que c’était ce qu’on appelle un stress post traumatique. Je regrette de ne pas avoir eu de beaux moments de fin de grossesse, l’impression que l’on m’a privée de tout cela, surtout pour une unique grossesse. Mais le principal est que ma fille aille bien ! Il ne faut pas trop s’inquiéter mais malgré tout, s’écouter car parfois, le monde hospitalier n’est pas à l’écoute. J’ai la conviction d’avoir sauvé mon bébé et peut-être également ma vie.
Bon courage à toutes et surtout ÉCOUTEZ-VOUS ! Au moindre doute, n’hésitez pas à aller faire un tour à la maternité. Prenez soin de vous.
NB : J’ai écrit notre histoire dans les moindres détails et sans tabou afin d’aider les autres femmes, les autres couples… Vous pouvez trouver mon livre un peu partout : Mes étoiles et mon futur, journal de fausses couches à répétition, de Laetitia Rimpault aux éditions Saint Honoré. »