Le témoignage de Bilyana aujourd’hui nous rappelle encore l’importance de s’écouter et d’insister en cas de symptômes anormaux pendant la grossesse. Elle ne connaissait pas les signes de la pré-éclampsie mais ses œdèmes étaient importants, ce qui n’a pas inquiété la personne de la maternité qu’elle a seulement eue au téléphone. Si elle l’avait vue, elle lui aurait peut-être fait faire des analyses complémentaires. Heureusement Bilyana a pu « tenir » trois semaines de plus jusqu’à 37SA et donner naissance à son premier enfant qui a fait un très court séjour en réanimation mais a eu quelques difficultés respiratoires les premières années. Elle a pu avoir une grossesse d’après très bien suivie sans aucune complication. Nous souhaitons tout le bonheur possible à cette petite famille !
«Bonjour, je vais vous raconter mon histoire pour prévenir cette pathologie que très peu de gens connaissent, qui peut être fatale…et aussi pour donner un message d’espoir…
Je m’appelle Bilyana, j’ai 25 ans et le 24 mai 2017 fut le plus beau jour et le plus traumatisant de ma vie… J’étais à 37SA.
Pour commencer, une grossesse magnifique avec aucun problème, aucun signe apparent jusqu’à 1 mois avant mon accouchement .
Entre deux rendez-vous, mon corps avait gonflé, mon visage, mes mains, mes yeux… Plus les jours passaient, plus j’étais méconnaissable… Cela m’a quand même alertée, et j’ai donc décidé d’appeler les urgences.
Je leur explique que je suis anormalement gonflée du visage, des mains et des pieds . On me répond d’aller à la pharmacie prendre ma tension et que si j’ai plus de 14/9, de venir aux urgences. Je vais donc faire un contrôle à la pharmacie, tension normale. Je décide de les rappeler et leur dis avec insistance que je suis énormément gonflée… On me répond : « Ecoutez madame, on est au mois de mai, les chaleurs arrivent, c’est de la rétention d’eau. Sachez que si vous venez pour rien, vous prendrez la place de celles qui en ont vraiment besoin »… Le choc. Je décide de ne pas y aller, pourtant j’étais en fait celle qui en avait vraiment besoin…
Passé 1, 2 ,3 semaines, le 24 mai 2017, des contractions commencent très régulières mais pas douloureuses… Je me dirige avec ma mère vers les urgences, impatiente de vivre le plus beau jour de ma vie.
Arrivée aux urgences, je fais une protéinurie et je vais en salle de pré-accouchement. Une sage-femme vient m’examiner. J’étais ouverte seulement à 1, donc j’appelle mon mari pour lui dire qu’il a le temps…de finir tranquillement le travail…que je n’accoucherai pas avant cette nuit.
Seulement deux minutes s’écoulent et là le cauchemar commence : tension à 18, résultats protéines très élevées et au monitoring, détresse respiratoire importante… Je comprends qu’il y a un problème, je cherche désespérément de l’aide dans le regard inquiétant de ma mère… J’entends un médecin dire à ma mère : « Madame, il leur reste 30 minutes… On vous expliquera après »… Dans l’incompréhension totale, ma mère rappelle mon mari pour lui dire de venir immédiatement…que je passe au bloc opératoire, césarienne en urgence vitale sous anesthésie générale.
Mon fils pesait 2kg500 pour 47 cm. Il est allé deux jours en réanimation sous oxygène. Il a eu des problèmes respiratoires un an après (deux infections pulmonaires), il est également asthmatique et a enchaîné des bronchites. Aujourd’hui il a 3 ans et demi, il vient de rentrer à l’école et il se porte à merveille.
Les suites de mon accouchement ont été très compliquées. J’ai fait un choc post traumatique. Je ne vais pas m’étaler plus que cela mais cela a été une période très dure pour moi mais j’en suis sortie encore plus forte.
Il était pour moi impossible d’envisager de faire d’autre enfant par peur de récidive et de revivre un accouchement d’une telle violence mais finalement fin 2019, on décide avec mon mari de faire un deuxième enfant. Malgré toutes ces peurs qui ont été présentes durant presque toute ma grossesse, j’ai eu un suivi beaucoup plus rapproché. À partir de 32SA, monitoring toutes les semaines, je faisais également les bandelettes urinaires et vérifiais ma tension chaque jour.
Le 02 août 2020, je donne donc naissance à mon deuxième garçon né à 37SA+2 à 3kg460 pour 50 cm par voie basse avec 32 heures de pré-travail, 18 heures de travail sous péridurale. Cela a été long, douloureux mais pour moi un magnifique accouchement, énormément d’émotions, une réussite face à tout cela.
Sachez qu’aucune grossesse et aucun accouchement ne se ressemblent. Faites-vous confiance et écoutez votre corps. N’hésitez jamais à aller aux urgences, même si c’est pour « rien », c’est leur travail de vérifier que tout va bien… Je ne connaissais pas cette pathologie de grossesse avant d’être touchée… La pré-éclampsie est très grave et très peu connue. Courage à toutes… »