Deuil périnatal et grossesses d’après : « Il faut toujours garder espoir, la vie nous prend beaucoup mais nous donne beaucoup aussi. »

La mam’ange d’Aïcha nous raconte leur histoire de la pré-éclampsie précoce et sévère qui lui a fait vivre la perte de sa petite fille et aussi ses grossesses d’après bien surveillées qui lui ont permis d’avoir ses deux autres enfants. Nous envoyons tout notre soutien à cette famille.

« J’ai hésité longtemps avant de vous écrire, mais voilà mon histoire ou plutôt notre histoire : la veille de la fête des pères, j’ai fait un test de grossesse et j’ai découvert que j’étais enceinte de notre premier bébé ! J’ai gardé le secret pour faire la surprise à mon mari, sa première fête des pères. On a passé une journée formidable, pleine de larmes de bonheur : on allait être parents et notre vie allait changer à jamais.

A 12SA, un matin, je me réveille avec des saignements. Heureusement, ma gynécologue est dans mon immeuble, je descends la voir. Elle me fait en urgence une échographie qui révèle un décollement. Elle me dit qu’il faut y aller doucement et le saignement s’est arrêté le jour-même et, après un contrôle, 15 jours après, cela avait presque disparu.

Très fatiguée mais heureuse de chaque jour qui passait sans soucis, je commençais à la sentir bouger et papa aussi. Je commençais à avoir aussi des douleurs au ventre mais, avec mon mari, on se disait que c’était la grossesse, c’était normal. J’avais aussi des douleurs à la tête et je me disais : « Normal, je ne dors pas assez ». Mais à l’échographie morphologique, on me dit que bébé a deux semaines de retard de croissance. On me prend ma tension : 13/9, donc on ne s’affole pas trop mais il faut voir la gynécologue pour faire des analyses.

Je vais la voir, on fait les analyses, cela ne l’affole pas plus que cela mais elle me dit : « On contrôle avec une échographie dans 15 jours et aussi une autre analyse d’urines ». Entre temps, avec mon mari, on est partis 10 jours au Maroc. Dès l’atterrissage, mes genoux ont triplé de taille et en une semaine, j’ai pris 15kg… On est allés chez un médecin qui m’a conseillé de rentrer en urgence en France, ce qu’on a fait. Arrivée à l’aéroport, une ambulance m’attendait direction les urgences. On m’a administré un médicament pour la tension et on m’a fait une analyse d’urines et échographie. Après trois jours, vu que mon état s’est stabilisé, je suis rentrée à la maison.

Le lendemain, je me réveille avec 17/10 de tension malgré le traitement. On y retourne et là, on m’hospitalise dans le service Grossesse pathologique puis deux après en néphrologie. C’est là enfin qu’on m’explique ce qui m’arrive. On commence à parler de pré-éclampsie précoce et sévère, que c’est rare, bébé a un retard de croissance, possibilité de césarienne en urgence, pas de traitement à part l’accouchement pour cette maladie. Tellement d’informations que notre cerveau est incapable d’assimiler. Même pas deux jours en néphrologie, que je passe en réanimation néphrologie : le tableau s’aggrave et ma vie est en jeu. On me dit qu’il reste peu de temps pour agir, le bébé ne s’en sortira pas mais moi il est encore temps de me sauver. Tous mes rêves, mes projets sont tombés à l’eau. Je ne voyais plus rien, je ne comprenais plus rien, tellement de médecins qui rentraient et sortaient sans que je comprenne ce qui m’arrivait. C’etait encore trop tôt pour Aïcha…25SA avec un retard de croissance… C’était impossible. On s’est dit adieu avec mon mari et direction le bloc pour une césarienne en urgence. Et là, un miracle : tout le monde au bloc était content, Aïcha a respiré seule et a émis un cri ! Ce n’était pas des pleurs mais un cri ! Direction la réanimation néonatale avec papa.

Quatre jours en réanimation pour moi sans pouvoir la voir et mon mari qui courait entre réanimation néonatale et réanimation néphrologique en me ramenant des photos de notre bébé. Dès ma sortie du service néphrologie, on m’a transférée à la maternité et j’ai eu enfin la possibilité de la voir. Elle n’attendait que cela, que je puisse venir lui dire bonjour et…adieu en même temps. Elle nous a quittés en nous laissant perdus, son père et moi. Notre vie s’est mise en pause.

Tous les parents qui ont vécu cela comprendront comme c’est dur d’aller contre nature, on n’est pas censés enterrer nos enfants avant nous. Mais la vie a choisi pour nous et on a subi. Il ne faut jamais perdre espoir, on est forts, l’être humain est fort et, on arrive à tenir le coup, on avance chacun à notre rythme mais on avance. Croyez en vous et croyez en la force que vos bébés ou vos anges vous donnent.

On t’aime fort, Aïcha. Merci pour ce que tu nous a offert, merci pour ce qu’on est devenus grâce à toi. Nous sommes maintenant une famille heureuse avec deux autres enfants : trois ans aujourd’hui-même pour ma dernière et 5 ans pour mon bébé espoir. Le risque de récidive était là mais avec une surveillance tous les 15 jours (soit rdv gynécologique ou échographie), des analyses toutes les semaines et le traitement dès le début de grossesse, on a pu contrôler la situation. Ce n’était jamais sans stress mais… »

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