Emeline parle de son vécu de la pré-éclampsie avec HELLP synrdome et de ces moments volés, de ce traumatisme que nous sommes nombreuses à avoir ressenti.
« Je m’appelle Emeline et voici mon histoire : C’est un matin de décembre, il est 5h00, je me lève pour aller travailler et je fais mon test de grossesse. Il est positif ! Une larme de bonheur coule. Ça y est, moi aussi je vais connaître ce bonheur, moi aussi je vais imaginer la chambre de mon enfant. Je vais pouvoir visiter la polyclinique et m’imaginer dans une de ces chambres à accueillir famille et amis pour présenter notre merveille. Une de ces chambres où j’ai moi même été voir des amies et fait connaissance avec leurs bébés. Les cours d’accouchement, les coups de pieds, les désagréments de la grossesse, tout me réjouit. La désillusion n’en est que plus forte.
Dernière échographie : pas trop de réaction de la gynécologue. Le bébé est dans la courbe basse, échographie de contrôle dans trois semaines. Je ne m’inquiète pas trop pour l’instant… Puis viennent les tests urinaires et la prise de sang mensuelle. Ce n’est pas bon… On m’appelle et me demande de venir à la polyclinique pour plus de tests. Je suis à la limite donc je peux quand même rentrer chez moi avec une infirmière qui vient deux fois/semaine. Mais qu’est-ce qui est trop limite ? Qu’est ce qui se passe ? Je n’en sais pas vraiment plus. Le mot « pré-éclampsie » n’est toujours pas émis. Je me souviens que ma gynécologue a dit à l’infirmier devant moi : « Non, c’est trop tôt » et est partie… Comprendre : trop tôt pour accoucher. Mais pourquoi n’ai-je pas plus d’explications ?
Une infirmière vient donc à la maison et un jour les tests ne sont vraiment plus bons. Je suis à 7 mois de grossesse. Hospitalisée, transférée au CHU de Nantes, des tests, encore des tests (prises de sangs, monitoring). On m’explique que je ne ressortirai pas sans mon enfant. Je ne réalise pas, je me sens bien physiquement. Aucun symptôme ressenti… Puis ce 14 juillet 2016, tout bascule… 34SA+5 : perte de liquide, douleurs un peu partout… Césarienne en urgence : Angelo arrive, 1,500kg. Un bisou et on l’emmène.
Moi je chute. HELLP syndrome qui se déclenche : trois jours de soins intensifs et une transfusion pour moi. Bébé va plutôt bien, il respire seul. Je ne l’ai que peu vu pendant quatre jours. Je ne suis pas maman, pourquoi mon enfant n’est plus dans mon ventre ? Un sentiment terrible. Et le moment est arrivé où j’ai pu quitter l’hôpital mais pas mon fils.
L’arrivée sans lui à la maison a été très difficile, je suis sa mère mais il n’est pas avec moi… Et puis le temps passe. Angelo s’en sort bien et sort de l’hôpital après trois semaines. Sa chambre, on a dû la préparer en catastrophe car nous avons reçu les meubles au dernier moment. Le traumatisme, que peu de gens comprennent, est fort, et ne me quitte pas. Le rêve, le bonheur du début, puis cette désillusion soudaine : non je n’ai pas le sentiment d’avoir accouché, n’y d’avoir été maman tout de suite. J’ai présenté mon fils à mes parents en soins intensifs de néonatalogie…
Il est INDISPENSABLE d’en parler ! Je ne connaissais pas cette maladie, ni les conséquences, ni le traumatisme que cela cause. Je n’ai rien compris de ce qui se passait et le papa a eu du mal à gérer. Aujourd’hui, j’ai envie du 2ème. Mon conjoint, qui n’a jamais voulu vraiment échanger sur le sujet, se bloque… Je profite de chaque instant que la vie m’accorde avec mon fils. »