Témoignage sur la pré-éclampsie : grossesse tardive et PMA (Christelle)

Christelle, l’une de nos adhérentes, témoigne de son vécu de la pré-éclampsie lors d’une grossesse tardive suite à une PMA qui s’est déclarée à six mois de grossesse. Merci Christelle pour ton engagement auprès de nous pour aider à la prévention sur la pré-éclampsie !

« Il m’a fallu 10 ans pour enfin être enceinte, après un long accompagnement médical entrecoupé par différentes évolutions professionnelles, 10 ans que je n’ai pas vraiment vu passer, toujours très occupée et affairée… A 40 ans, j’y étais enfin arrivé !

J’ai passé 6 merveilleux mois de grossesse à me faire tout doucement à l’idée d’être « enfin » maman, une grossesse sans encombre ou presque, car les premiers symptômes de cette maladie de grossesse, la pré-éclampsie, je n’ai pas su les identifier et les signaler … Je me sentais parfaitement en forme malgré ces petits désagréments (grosse migraine et forte fatigue) que je mettais sur mon rythme effréné que je n’avais pas vraiment réduit.J’ai vécu 3 longs jours de descente aux enfers, après une mise sous Suivi Intensif de Grossesse suite à l’échographie du 6ème mois ayant diagnostiqué un RCIU (Retard de Croissance Intra Utérin), suivi d’une hospitalisation immédiate de contrôle, elle-même suivie par un transfert en urgence dans un hôpital disposant d’une maternité de niveau 3 pour suspicion de pré-éclampsie et de risque d’accouchement prématuré.

Mais à 6 mois ½ de grossesse, c’est trop tôt, beaucoup trop tôt…Sentir le sol se dérober sous ses pieds, voir sa vie basculer du jour au lendemain, comprendre que sa vie et celle de son bébé sont bel et bien en danger, accepter que malgré toute la force et le courage que je pouvais avoir, ce n’est pas moi, à cet instant, qui aurai le dernier mot… Tout cela, je l’avais malheureusement très bien compris au fil de ces 3 jours, mise sous haute surveillance médicale.

La pré-éclampsie, j’en découvrais les symptômes et surtout les risques. C’est d’ailleurs assez bizarre d’avoir été à ce point lucide sur ma situation et comprendre, à ce moment-là, que notre événement heureux tant attendu était en train de tourner au cauchemar et pouvait se terminer en drame…5 minutes fût le temps dont ont disposé les médecins au petit matin du 25 mai 2017 pour extraire mon bébé par césarienne en urgence, après une nuit de calvaire avec de trop nombreux ralentissements cardiaques prolongés de bébé, une tension extrêmement élevée et des douleurs atroces de pseudo contraction annonciateurs de l’HRP (Hématome Rétro Placentaire) qui fut finalement constaté et qui a provoqué in extremis la césarienne. 5 minutes vitales, pour le sauver, pour nous sauver, et nous délivrer. Ange, voici le prénom que nous avons choisi avec mon conjoint pour notre petit garçon de 1,145 kg né à 29 semaines et 5 jours. Prénom choisi de longue date du fait des origines corses de mon conjoint (Ange porte le prénom de son arrière-arrière-grand-père corse), et non pas du fait qu’il ait été un peu…miraculé !

Ange a été hospitalisé 2 mois en tant que grand prématuré, à apprendre à se battre pour vivre, à apprendre à respirer et à se nourrir seul, à affronter ce monde beaucoup plus froid, plus lumineux, plus agressif et plus bruyant que le ventre de maman où il devait encore rester bien au chaud durant 2 mois ½ normalement… 2 mois durant lesquels son évolution a été très chaotique (comme la plupart des grands prématurés), durant lesquels les examens médicaux, qui sont à chaque fois un traumatisme et une source de stress pour les tout-petits, se sont enchaînés. Il lui aura fallu deux transfusions pour vraiment remonter la pente et envisager une sortie de l’hôpital pour découvrir la vraie vie…6 mois, ce fût le temps qu’il m’a fallu à moi pour me remettre complètement de la pré-éclampsie, même si, dès le lendemain de mon accouchement, j’avais décidé de marcher seule et d’abandonner la chaise roulante postée devant ma chambre, parce que je ne pouvais pas être faible, parce que je devais être forte pour lui et parce que je devais être au maximum présente auprès de lui !

Durant ces 6 mois, cela n’a pas été simple de concilier récupération physique, traitement médical antihypertenseur et allaitement, j’étais épuisée physiquement… Mais j’y suis arrivée, à lui donner au maximum le lait maternel, parce que c’était ce qu’il y avait de mieux pour lui, pour son immunité et pour qu’il grandisse le mieux possible ! Enfin, j’ai mis près d’une année à accompagner Ange, à vraiment créer ce lien mère-enfant qu’il m’était difficile de créer au moment de sa naissance, à le rassurer du mieux que je pouvais en tant que Maman, et à lui faire surmonter ses angoisses de grand prématuré. Le début de vie d’un grand prématuré est loin d’être simple, tout est source d’angoisse et d’insécurité… Tout cela parce que l’enfant naît beaucoup trop tôt pour être prêt, parce qu’il est, à ce stade, « immature » sur tous les plans.

Pour la maman, ne pas arriver à calmer ce type d’angoisses et vivre cette grande prématurité peut être extrêmement déstabilisant. De mon côté, j’avais basculé dans un monde où le temps n’avait plus d’emprise et où j’avais fini par me poser (moi qui avais auparavant une vie extrêmement active) et à vivre chaque épreuve avec beaucoup de calme, de force et de courage.

Pour finir, je dirais que rien de tout cela n’aurait pu bien se terminer sans un accompagnement au top, car j’ai été suivie, en Alsace, dans les meilleurs endroits possibles : au Centre Médico-Chirurgical et Obstétrical (CMCO) de Schiltigheim pour mon parcours de Procréation Médicalement Assistée (PMA) et pour mon suivi de grossesse, puis au CHU de Hautepierre (avec sa maternité de niveau 3). L’ensemble du corps médical, sages-femmes, gynécologues et médecins, ont réagi très vite, ont pris les bonnes décisions et ont pris le relai dans les meilleurs délais. Je ne remercierai jamais assez toutes ces personnes que j’ai croisées sur notre parcours et qui ont fait preuve de beaucoup de bienveillance, et que nous continuons à croiser, car notre parcours et notre suivi médical sont loin d’être terminés.

Aujourd’hui, Ange va bien et est en pleine forme même s’il reste très suivi en tant que grand prématuré. A ce jour, il n’a pas de séquelle. Sa joie de vivre, sa force de caractère et sa forte détermination font plaisir à voir (même si, pour nous parents, c’est un peu épuisant !!). Cette épreuve de vie, c’est mon combat de maman. Nous avons eu beaucoup de chance, Ange et moi. Et nous avons beaucoup de chance d’avoir été aussi merveilleusement entourés et soutenus par Papa qui a toujours été extrêmement présent, par nos familles, nos amis et beaucoup de nos collègues. La force et le courage sont en nous, mamans. Et ces épreuves certes nous marquent et nous fragilisent, mais nous font décupler notre capacité à nous battre et à relativiser sur une chose : la VIE, tout simplement ! Le bonheur de nous savoir en vie et le bonheur d’être maman sont pour moi incommensurables. C’est pour cette raison que j’ai souhaité intégrer l’association Grossesse Santé contre la pré-éclampsie, pour diffuser l’information et aider à la prévention (car malheureusement, cela n’arrive pas qu’aux autres), pour aider la recherche à diagnostiquer plus tôt, pour aider à AGIR plus et SUBIR moins cette maladie qui dévaste tout sur son passage, alors que ‘donner la vie’ est censé être la plus belle chose au monde. Et enfin, pour aider d’autres mamans qui ont vécu la même chose que moi mais qui n’ont pas encore trouvé en elles, la force et le courage pour surmonter cette épreuve. »

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