Œdèmes et HELLP syndrom à 28SA, voici l’histoire de Magella, maman de Nora, qui n’avait aucun autres signes de pré-éclampsie auparavant à part les œdèmes. Sa gynécologue a eu le bon réflexe de lui faire aller à la maternité pour un bilan complet. Magella rappelle l’importance de parler de la pré-éclampsie aux futures mamans, autour de soi, car peu sont les femmes qui connaissent cette pathologie malheureusement et encore moins les signes précurseurs. Merci à Magella pour son témoignage et soutien dans ce combat ! Nous lui souhaitons un bon rétablissement et de profiter à fond de sa petite fille !
« Je m’appelle Magella, je vais avoir 25 ans, je suis conseillère commerciale et maman de Nora qui a eu 2 mois le 13 mars.
Le 19 décembre 2020, j’ai un rendez-vous de contrôle chez ma gynécologue. Elle prend ma tension, regarde mon bébé. Elle me dit que c’est un petit bébé et que tout va bien. Le prochain rendez-vous de contrôle était fixé le 21 janvier 2021. Elle préfère me rajouter un rendez-vous le 7 janvier pour vérifier que bébé grossit bien.
Durant les fêtes de Noël, je ne me ménage pas. J’ai commencé, le mardi suivant mon rendez-vous, à avoir des œdèmes mais je ne m’inquiète pas, car j’avais oublié de mettre mes bas de contention. Je fais plus attention les jours suivants.
La semaine d’après, je me réveille avec le visage gonflé, j’ai un peu mal à la tête mais cela passe.
Et puis la semaine avant de revoir ma gynécologue, je me réveille avec le visage extrêmement gonflé et cela ne passe pas mais je ne m’inquiète pas plus que cela.
Lors de mon rendez-vous, je suis à 28SA. Mon bébé a pris 200g, ma tension est de 13/8 et j’ai pris 5kg en 15 jours. Cela n’inquiète pas spécialement ma gynécologue, jusqu’à ce que je lui parle de mes œdèmes… Elle contacte alors le CHU de Nantes pour qu’ils puissent me recevoir afin de faire un bilan. Elle me prévient : ils vont sûrement me garder en surveillance cette nuit mais elle ne m’inquiète pas.
Je me rends au CHU. Ils me font prises de sang, analyse d’urines, monitoring. Ils m’annoncent après quelques heures qu’ils me gardent pour la nuit. Mon conjoint ne peut pas rester car il n’y a pas de chambre double. C’est à ce moment-là que j’ai commencé à m’inquiéter.
Le lendemain matin, mon conjoint me rejoint très vite et vers 10h00, six médecins débarquent dans ma chambre pour m’expliquer que je fais une pré-éclampsie et qu’ils me gardent jusqu’à l’accouchement… Je fonds en larmes. Je n’écoute plus vraiment ce qu’ils me disent ensuite. Je comprends simplement qu’il faut que l’on tienne le plus longtemps possible, au moins jusqu’à 35SA pour que bébé soit le plus viable possible.
On m’injecte des corticoïdes pour développer les poumons du bébé.
On prend ma tension plusieurs fois par jour, on surveille via monitoring mon bébé et on me pèse tous les jours. Je prends 1kg par jour mais je vais très bien ! Du coup, je ne m’inquiète pas. Dans ma tête, je n’accoucherai pas avant un mois.
Le pédiatre passe nous voir pour nous expliquer ce qui se passera pour notre bébé.
Le lendemain (dimanche), mon conjoint qui avait pu dormir sur place rentre à la maison vers 16h00 – j’allais très bien et bébé aussi.
Vers 17h00, je ne me sens pas bien du tout, et j’ai cette barre dans le ventre dont on me parle depuis que je suis arrivée : « Madame, avez-vous mal à la tête ? Des mouches devant les yeux ? Une barre au niveau de l’estomac ? »
J’appelle une sage-femme qui me dit de rappeler mon conjoint… On me monte en salle de naissance. Une dizaine de personnes s’affairent autour de moi et me branche de partout, je suis sous surveillance rapprochée.
Finalement après quelques heures, je vais mieux. On me redescend le lendemain matin dans ma chambre.
Ce n’est que le mardi soir qui a suivi qu’on a détecté que le rythme fœtal du bébé était anormal. On m’a remontée en salle de naissance et injecté du sulfate de magnésium toute la nuit. Je n’ai une fois de plus pas dormi car j’avais extrêmement mal, prise de tension toutes les 5 minutes et monitoring en continu.
Vers 9h00, le mercredi matin, on m’annonce que mon bébé va naître aujourd’hui, césarienne en urgence.
Nora est née à 11h18 le 13 janvier 2021, à 28SA+6. On me la montre quand elle sort de mon ventre, je ne l’entends pas pleurer. Elle n’a pas eu à être intubée et elle se porte bien du haut de ses 34cm et 925g.
Ensuite tout est flou, car je ne vois plus rien, j’ai des œdèmes aux yeux, je me sens très mal physiquement, psychologiquement. On m’emmène voir mon bébé qui est dans une couveuse avec plein de bruits autour. Je ne peux pas marcher. On m’explique qu’il faudrait que je tire mon lait.
Puis on m’emmène dans une chambre au service maternité. J’entends tous ces bébés qui pleurent alors que le mien n’est pas avec moi.
Ce n’est que 2-3 jours après que je redescends sur terre et que j’essaie de faire certaines choses par moi-même, prendre une douche notamment.
Je sors de l’hôpital 6 jours après mon accouchement avec un suivi à la maison (tension, recueil d’urines et prise de sang). Ce n’est que lorsque je reçois le compte-rendu de mon accouchement que j’apprends que j’ai fait un HELLP syndrom, je ne savais même pas ce que c’était avant de me renseigner sur internet et, via des témoignages et des associations comme Grossesse Santé.
Nora a passé 82 jours à l’hôpital dont un retour à la maison qui n’aura duré que quelques heures puisqu’elle a dû se faire hospitalisée une seconde fois pour une entérocolite.
Pour ma part, j’ai appris que j’ai fait quatre infarctus placentaires. Je suis suivie tous les ans pour vérifier ma tension. Pour le moment, elle est parfaite et les médecins sont toujours à la recherche d’une éventuelle cause de la pré-éclampsie.
Évidemment je suis devenue une maman angoissée pour mon bébé : si elle ne se réchauffe pas correctement, j’ai peur qu’elle perde du poids et pas envie de la laisser pour ne plus perdre une minute avec elle. Je ne suis pas la maman que je pensais devenir mais j’ai un bébé exceptionnel qui fait maintenant 4,620kg !
Je témoigne pour que la pré-éclampsie soit connue de tous, pour montrer que certains gynécologues sont à l’écoute et dans la prévention. Et j’en parle autour de moi car les femmes sont fortes et minimisent beaucoup quand cela ne va pas. Parlez-en, allez consulter au moindre signe ! »