Stéphanie a vécu quelque chose d’assez rare : une éclampsie post-partum. Lorsque la pré-éclampsie n’est pas prise à temps, elle dégénère en crises convulsives, ce qu’on appelle une éclampsie. Aucun diagnostic de pré-éclampsie n’avait pourtant été posé avant son accouchement, mais elle apprendra plus tard que l’hypertension et la protéinurie étaient bien là… Heureusement, malgré une perte de la vue temporaire, elle n’a pas eu de séquelles et, elle et bébé vont bien. Un bon suivi peut vraiment tout changer car la pré-éclampsie peut être sournoise et rapide ! Bravo à Stéphanie pour son engagement après l’expérience qu’elle a vécu !
« Je suis tombée enceinte en octobre 2014 à l’âge de 25 ans. Ma grossesse s’est très bien passée, à part un diabète gestationnel qui a été contrôlé par un régime et la prise de glycémie trois fois par jour. Aucun signe de pré-éclampsie. À l’époque je ne savais même pas ce que c’était pour être honnête… Mon bébé se présentait en siège, on m’a laissé le choix pour un accouchement par voie basse mais en siège, ou une césarienne programmée. Dur dur de choisir. J’ai préféré jouer de prudence et choisir la césarienne programmée de peur que mon bassin ne soit trop étroit.
On me donne donc une date. Une semaine avant la date prévue et à 39SA, je passe une nuit blanche à enchaîner les contractions. Je me rends à la maternité, le travail commence, doucement. Je perds le bouchon muqueux. On me dit que l’on me garde, qu’une place se libère au bloc à 12h00. Me voilà toute excitée je vais avoir mon bébé !!! On me pose la rachianesthésie et je pars au bloc.
La césarienne commence. J’entends un cri, mon bébé est né. On me le montre, je lui fais un bisou sur le front puis la sage-femme le prend quelques minutes pour les premiers soins. Un quart d’heure après, je commence à avoir de forts maux de tête. On me ramène mon bébé et je m’aperçois que je ne vois plus rien… J’ai perdu la vue.
Les maux de tête sont de plus en plus forts. Je dis à l’infirmier anesthésiste à mes côtés que j’ai perdu la vue et que j’ai l’impression d’avoir des coups de poignard dans la tête. Puis….. C’est le trou noir.
Je me suis réveillée plusieurs heures après, dans un autre hôpital, dans le département voisin, en réanimation. Un soignant me rassure et m’explique que j’ai eu des convulsions sur la table d’opération. J’ai donc été sédatée, j’ai passé un scanner car ils craignaient l’atteinte neurologique. Le scanner était bon. Ils ont préféré m’envoyer par hélicoptère dans un autre hôpital avec une réanimation plus importante, afin de mieux me prendre en charge. J’ai passé deux jours loin de mon bébé. Après deux jours et de multiples examens, j’ai pu réintégrer l’hôpital où j’avais accouché. Quel bonheur ! Je n’ai eu aucune séquelle. J’ai cherché à savoir ce qu’il s’était passé. On m’a parlé d’éclampsie, on m’a dit à quel point c’était rare de faire directement une crise d’éclampsie sans avoir aucun signe auparavant. On m’a dit à quel point j’étais chanceuse d’être toujours en vie, et mon bébé aussi… À la suite de cela, je suis devenue infirmière. J’ai voulu moi-même aider les patients comme ces soignants l’ont fait. Il y a quelques jours [mars 2021], je me suis occupée d’un patient. Il y a de suite eu une connexion entre lui et moi, bizarrement. Au fil de la discussion, j’ai appris qu’il était infirmier anesthésiste dans l’hôpital où j’avais accouché (j’ai depuis déménagé dans une autre ville). En discutant ensemble nous nous sommes aperçus que c’est l’infirmier qui s’est occupé de moi au bloc ! Il ne m’avait jamais oubliée, il a su me donner tous les détails de cette journée. Il m’a appris que ma tension était un peu trop élevée pour une femme enceinte…14, puis que j’avais trop de protéines dans les urines…
Au final, j’ai compris que j’avais eu quelques signes mais que cela n’avait pas été détecté au bon moment. Maintenant j’envisage une deuxième grossesse, avec un père différent, j’en ai vraiment envie, mais je dois avouer qu’une part de moi a peur… Peur que cela recommence… Peur de ne pas avoir autant de chance…. »