Pré-éclampsie avec antécédents d’insuffisance rénale et PMA (Laura)

Voici le témoignage de Laura qui souffre d’insuffisance rénale et qui, après un parcours en PMA compliqué, a connu une pré-éclampsie à 31SA+1. Elle a dû être transférée sur Nice à cause du manque de maternité de type 3 en Corse… Elle aussi n’avait jamais entendu parler de la pré-éclampsie avant que cela ne lui arrive…et met l’accent sur le manque d’informations pendant la grossesse. Nous remercions Laura pour son partage.

« Je m’appelle Laura, j’ai 28 ans et je viens de Corse. Après un parcours PMA et deux décollements placentaires avec alitement strict en début de grossesse, le 18 juillet 2021 j’ai dû accoucher en urgence suite à une pré-éclampsie sévère. Avant d’y être confrontée, je n’avais même pas connaissance de cette pathologie de grossesse… Je trouve qu’on n’en parle pas assez alors que finalement elle touche énormément de femmes enceintes et qu’elle est grave.

Neuf jours avant, lors d’une simple consultation de routine chez mon gynécologue, mes analyses d’urines ne sont pas bonnes et ma tension est trop élevée. Il décide alors de m’envoyer aux urgences sans attendre. C’est le début du calvaire… Je passe alors deux jours à l’hôpital de Bastia, où mes tensions ne font qu’augmenter, mal de tête, fatigue intense, bourdonnements d’oreilles…

Commence alors les monitoring pour contrôler le cœur de mon bébé – tellement de stress… – et les prises de tension toutes les 15 minutes… Je passe deux jours comme cela avec des traitements pour stabiliser ma tension, puis dans la nuit le médecin et la sage-femme viennent me voir. On m’annonce que je vais devoir faire une piqûre de corticoïdes pour préparer les poumons de mon bébé, pour qu’ils se développent plus vite et là, le ciel nous tombe sur la tête à mon compagnon et moi.

On comprend que je n’irai pas au bout de ma grossesse. On me dit que je vais probablement être transférée sur le continent, à Nice, car ma pathologie nécessite un hôpital de type 3 avec un service de réanimation adapté… Le lendemain, on m’annonce : « Madame, préparez-vous. Vous partez dans une heure en avion sanitaire direction l’hôpital de Nice »…à des kilomètres de chez moi, de ma famille et de mes proches…

Maintenant il n’y a qu’un seul but : stabiliser ma tension et tenir un maximum ! Chaque jour est un jour gagné pour mon bébé… Petit à petit, mon état se dégrade et les symptômes se font ressentir de plus en plus : fort mal de tête, nausées, fatigue intense, picotements dans le crâne, à l’arrière de la tête et dans les jambes, barre au thorax. Je m’étouffe, je manque d’air. Mes analyses sont de plus en plus mauvaises et mon rein se dégrade de plus en plus (je n’en ai qu’un seul).

Ils arrivent à stabiliser ma tension. Je tiens comme cela une semaine, une semaine horrible : des nuits sans dormir, épuisée mentalement et physiquement, avec des symptômes affreux. Pendant un monitoring, le cœur de mon bébé ralentit à plusieurs reprises… On me descend en salle d’accouchement en urgence. Finalement je n’accoucherai qu’une semaine après lorsque les médecins m’annoncent que mon rein ne peut plus tenir et qu’il risque de lâcher.

On décide alors de me faire accoucher le jour-même par césarienne… J’accouche à 31 semaines d’une magnifique petite fille, grande prématurée…sans pouvoir voir mon bébé à la naissance. Je l’ai entendue crier au loin, j’ai entendu « 19h38 ». J’ai demandé avec la boule au ventre : « Elle respire ? Elle va bien ? » et plus rien jusqu’au soir tard…

Sur mon brancard, j’ai pu voir ses petits pieds dépasser de sa couveuse. C’est le premier contact que j’ai eu avec mon bébé, à travers une boîte de verre qui lui permettait de rester en vie, cette couveuse qui nous a si longtemps séparés mais qui lui a sauvé la vie… Je n’ai pu la prendre dans mes bras que deux jours plus tard, une attente interminable. Pas de bisous à la naissance, je ne l’ai pas eue contre moi…

Le combat commence alors. Je passe une nuit un salle de réveil sous contrôle : prises de tension toute la nuit, sans dormir, avec des médicaments par voie intraveineuse puisque les cachets ne font plus effet. Ma tension ne baisse pas… Une nuit d’angoisse avec ma petite guerrière en réanimation, à me demander si je la reverrai un jour…

Nous avons passé deux mois dans les hôpitaux. Tout s’est bien terminé pour nous. Nous avons eu la chance de ramener notre fille saine et sauve à la maison même si cela a été très difficile pour elle et pour nous.

Aujourd’hui j’aimerais qu’on parle plus de la pré-éclampsie, qu on fasse de la prévention puisque c’est une pathologie grave qui peut entraîner dans le pire des cas la mort de la mère et/ou de l’enfant. J’ai une pensée pour toutes les mamans qui ont fait face à ce combat et toutes celles qui vont devoir y faire face, vous êtes exceptionnelles ! »

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