Pré-éclampsie : retard de diagnostic et manque d’écoute (Linda)

Linda, maman de Leandra, nous livre son témoignage d’une pré-éclampsie à 30SA compliquée d’un HELLP syndrome. Elle a subi une retard de diagnostic qui a été « rattrapé » quelques jours après. Linda évoque aussi le manque d’écoute à son égard alors qu’elle sentait que les choses tournaient mal et l’impact psychologique de cette épreuve. Nous souhaitons à la petite famille plein de bonheur.

« Première grossesse, la pire des grossesses pour moi… Cette enfant a été plus que désirée. Je vis ma grossesse en plein confinement. C’était la période où on ne pouvait sortir qu’avec une attestation… Alors déjà cela m’a mis un coup au moral car mon entourage ne m’a pratiquement pas vue enceinte, je n’ai pas pu profiter de sortir et de porter des jolies tenues avec mon petit bidou…alors je me renfermais sur moi, tous les jours pratiquement en jogging à la maison. Pour moi, mon rêve commençait déjà à être gâché mais je me disais : j’ai de la chance, ma grossesse se passe bien malgré tout. Sauf qu’un jour, en fin de journée, je sens des douleurs au ventre jusqu’au soir très tard. Je ne voulais pas aller à l’hôpital pour rien alors je disais à mon fiancé que cela allait passer… Mais vers 2h00 du matin, une barre épigastrique s’installe, j’avais du mal à respirer.

Direction les urgences. Arrivée là-bas, tout allait bien. Ils m’ont donné un Doliprane®, m’ont fait une prise de sang et une analyse d’urines…puis me disent : « Rien d’alarmant. Demain, faites des examens, on soupçonne des calculs ». Donc je rentre vers 5h00 à la maison. Le lendemain, je fais mes examens comme prévu et, rien du tout.

Trois jours après, l’hôpital m’appelle. La chef de garde me demande si je n’habite pas trop loin de l’hôpital et m’avoue : « Je suis vraiment désolée mais mes collègues n’auraient pas dû vous laisser rentrer, vos résultats étaient mauvais. Nous soupçonnons une maladie de grossesse, la pré-éclampsie ». Je n’étais pas inquiète mais j’ai vu sur le visage de mon fiancé que lui l’était.

Arrivée à l’hôpital, mon fiancé me laisse car bien sûr COVID oblige, il ne peut pas rentrer… Je suis restée quatre heures allongée au milieu d’un couloir en me disant qu’ils allaient me laisser rentrer chez moi.

Ils prennent ma tension et ils ne savent pas quoi faire de mon cas alors ils décident de me faire une échographie… Là tout se chamboule. Pendant l’échographie, il n’y a pas un bruit ni un mot qui sort de la bouche du médecin. Je commence alors à m’inquiéter en voyant bébé sur l’écran. Je me disais qu’il y avait quelque chose qui n’était pas normal alors je lui demande ce qui se passe, ce à quoi elle répond qu’elle m’expliquera après avoir terminé. Et c’est à partir de ce moment-là que tout s’effondre. Elle commence à m’expliquer que mon enfant a un retard de croissance, qu’elle n’arrive pas à se nourrir, que je fais une pré-éclampsie. On me parle d’enfant prématuré.

Je n’arriverais pas à vous dire exactement les mots et les termes que le médecin a employés mais tout avait dégringolé dans ma tête et je n’y croyais pas. Ils m’indiquent que la dernière fois que j’étais à l’hôpital, c’était dû à une crise de pré-éclampsie et qu’à tout moment, je pourrais en refaire une. La seule solution serait d’accoucher sinon je pourrai mourir et le bébé aussi et que, c’est le seul remède de cette maladie… J’appelle alors vite mon fiancé. Le médecin m’explique qu’ils n’ont pas de place en service de néonatalogie et qu’ils sont en train d’en chercher une dans trois villes différentes.

Je suis donc transférée à Lyon, plus précisément à Bron, à l’hôpital Femme Mère Enfant. Mon fiancé ne peut toujours pas m’accompagner donc j’ai le cœur déchiré. On me met dans l’ambulance. J’étais seule à Lyon, avec tout ce qu’on venait de m’annoncer. Je n’étais qu’à 30SA. Heureusement le personnel de l’hôpital a été formidable, mais je n’oublierai jamais, malgré la situation sanitaire liée au Covid-19, que personne n’ait eu ce petit côté humain. J’étais sans mon fiancé pendant cette soirée jusqu’au lendemain matin tôt où il a pu venir. J’avais besoin de son soutien.

On a commencé à prendre ma tension, toutes les quatre heures, prises de sang et j’en passe…

Le dimanche suivant, dans la nuit, je sens de grosses douleurs. J’appelle les infirmières qui me disent que c’est normal et que ce sont des brûlures d’estomac et elles me donnent un cachet pour cela. Une heure après, j’ai toujours mal et je panique car je ressens les mêmes douleurs que l’autre soir chez moi…mais je ne me sens pas écoutée… Elles me disent que c’est ma tension qui est élevée et me donnent donc un cachet pour la tension…

Quelque heures plus tard, mes douleurs s’intensifient et je commence à avoir des contractions au niveau des reins. J’étais seule… Je rappelle l’infirmière. Quand elle me voit dans cet état, elle appelle de suite le médecin de garde qui arrive. J’étais à 17 de tension. Il annonce un « code rouge » et là tout s’enchaîne.

J’avais peur. Pour moi, ils allaient juste sortir mon bébé que je pensais…mort…et je me disais que j’allais partir aussi car depuis qu’on m’avait annoncé tout cela, dans ma tête j’étais éteinte…

Le lendemain, lundi 18 mai 2020 à 7h40, mon enfant était sortie de mon ventre. J’étais à 31SA. Elle pesait 1,030kg pour 36cm.

Je suis allée jusqu’à la dernière phase de cette maladie, la pire : le HELLP syndrome.

Le « après », psychologiquement, a été très difficile. Aujourd’hui ma fille a 16 mois, elle se porte à merveille, Dieu merci, mais moi j’ai encore des séquelles. Pour moi, retomber enceinte une deuxième fois me terrorise…mais quand je vois le courage et la force de ces bébés, je me dis qu’on est capable de tout dans la vie ! »

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