Pré-éclampsie avec HELLP et récidive plus tardive (Élodie)

Nous partageons aujourd’hui le témoignage d’Élodie qui a vécu deux pré-éclampsies à la suite mais avec une récidive plus tardive grâce à un suivi rapproché et la prise d’anti-coagulants pendant la grossesse. Elle a pu surmonter son sentiment de culpabilité après sa première grossesse grâce à un soutien psychologique. Merci à elle pour ce message d’espoir malgré tout et nous souhaitons une belle vie à Élodie, son mari Alexandre et leurs deux enfants.

« Je vais vous raconter mes deux pré-éclampsies, car oui je fais partie de ces personnes qui ont récidivé. Ma première pré-éclampsie date d’il y a 3 ans maintenant. J’ai eu un très bon début de grossesse (aucun signe apparent), tout se passait très bien sauf qu’au deuxième trimestre j’étais très très fatiguée. Mais bon, je pensais que c’était normal. Je dormais énormément (12 heures/24h) et je ne faisais rien de mes journées. À la deuxième échographie, la sage-femme m’annonce que j’ai des « notchs » c’est à dire une mauvaise irrigation du placenta. En voyant mon inquiétude face à ce mot, elle me rassure en me disant qu’il n’y a rien d’alarmant car beaucoup de patientes ont eu des notchs et sont allées jusqu’au terme. Elle me donne quand même un deuxième rendez-vous de contrôle et c’est à celui-ci que tout va basculer.

Le 15 mai 2018, en arrivant au rendez-vous, j’avais fait mes analyses de protéinurie, elles étaient légèrement au-dessus du seuil limite. La sage-femme a commencé à faire l’échographie. Je l’ai trouvée très silencieuse… Mon mari et moi nous regardions avec impatience mais aussi avec inquiétude car on attendait qu’elle nous dise quelque chose, qu’elle nous parle de ces notchs. Le verdict tombe : elle m’annonce que le bébé a un retard de croissance (RCIU) et là je m’effondre. Je suis inconsolable. De là, elle prend ma tension, elle est à 21/10. Elle m’envoie donc aux urgences.

J’arrive là-bas avec 22 de tension. Les infirmières pensent que c’est parce que je pleure et je stresse, que ma tension est haute. On m’envoie dans une salle pour me reposer et me calmer, et on me demande de faire des analyses d’urines. En effet, les résultats de la protéinurie ne sont pas bons du tout. On me pose donc une perfusion, et c’est là que je vais voir un défilé de plusieurs médecins qui m’annoncent plusieurs choses successivement. On m’annonce alors que je fais une pré-éclampsie ! Un mot que je n’avais jamais entendu auparavant, et aussi que j’avais perdu la poche des eaux. À quel moment ? On ne le saura jamais… Je suis perdue, je suis dans le flou, je me sens seule.

Au début, on m’annonce une hospitalisation de 48 heures, qui va se transformer en une semaine puis qui va aller jusqu’au terme selon les médecins.

Dans le service grossesses à risque, au bout du 6ème jour d’hospitalisation, j’ai une énorme douleur en haut du ventre. C’est une douleur inimaginable, j’en pleure de douleurs. Je sonne les infirmières à plusieurs reprises. Une infirmière daigne se présenter au bout de dix minutes en me disant de me reposer car c’est juste du stress… DU STRESS ? Je n’ai jamais autant souffert que ce soir-là.

Le lendemain, la sage-femme m’annonce qu’en fait c’était une barre épigastrique et que les bilans sanguins sont catastrophiques. Je suis en train de faire un HELLP Syndrom. Elle m’annonce donc qu’on va faire une césarienne en urgence car le bébé ne grossit plus et qu’il y a un risque vital pour nous deux. J’ai du mal à réaliser, je n’y crois pas. À peine dix minutes après le départ de la sage-femme, une infirmière vient me chercher et on m’emmène pour la césarienne. J’accoucherai de mon bébé (Yonah) de 1,570kg le 21 mai 2018 à 32+2SA.

On ne me l’a pas du tout montré car il fallait qu’ils lui fassent les soins. Je le découvrirai en photo dans un premier temps puis le rencontrerai dix heures après l’accouchement en soins intensifs où il restera une semaine puis il partira en unité kangourou avec moi.

Ce qui était difficile, c’est que je n’avais pas le droit de le prendre dans les bras, il aura fallu attendre le lendemain.

Cette première grossesse fut très traumatisante pour moi car je me sentais coupable de la prématurité de mon enfant. Lorsque j’ai accouché, je n’arrivais plus à dormir, je délirais (je voyais des tensiomètres partout). J’ai pu enlever ce blocage le jour où j’ai demandé à parler à la psychologue de l’hôpital. Elle m’a écoutée me vider de toutes mes angoisses, ma culpabilité… Après cette première expérience, j’avais peur de récidiver mais l’envie d’avoir un deuxième enfant était plus forte que tout.

Ainsi débute ma seconde grossesse trois ans après. Je suis très stressée, je me remémore chaque moment de ma première grossesse. Je suis tétanisée mais la sage-femme qui me suit est très rassurante et me surveille comme de l’huile sur le feu. Je suis sous Aspegic® depuis le début de ma grossesse. Elle me prescrit un tensiomètre pour surveiller ma tension tous les jours. Tout se passe bien. Le bébé grossit bien. Passé le cap des 32 semaines, je suis rassurée car c’était la date de terme de mon premier enfant.

J’ai une sage-femme qui vient à domicile deux fois par semaine. Au troisième trimestre je commence à avoir les pieds très enflés, on me donne des bas de contention mais pas d’inquiétude ma tension est bonne. À l’arrêt de l’Aspegic®, je commence à avoir la tension qui augmente sur plusieurs prises, mais cela reste encore raisonnable.

C’est à 37SA+1, lorsque je me lève le matin et que je vois que mon visage, mes mains et mes pieds sont gonflés, que je demande à mon mari de prendre un cycle de tension. Les tensions ne sont pas bonnes et en fin d’après-midi, je pars aux urgences.

J’ai des cycles à 17/10 là-bas et les protéines ont fortement augmenté. On décide alors de tenter l’accouchement par voie basse car je suis à terme, sauf que le col est fermé. La sage-femme propose de poser un ballon qui va permettre de dilater le col pour me faire accoucher le lendemain. Cependant, l’anesthésiste s’inquiète car j’ai des réflexes ostéotendineux trop vifs, et puis dans la foulée survient une barre épigastrique. Elle ne veut pas prendre plus de risques et a peur que je ne tienne pas jusqu’au lendemain, donc elle m’annonce une césarienne en urgence.

Je lui dis que j’ai très mal vécu la première car je n’ai pas pu voir mon enfant. Elle me promet de me le montrer dès la césarienne finie. Mon enfant (Adriel) naît à 37SA+1, le 20 mars 2021, à 2,380kg avec un léger RCUI. La sage-femme me propose si je veux avoir mon enfant sur moi en salle de réveil. Je lui ai répondu oui, mais cela ne s’est pas fait par manque de personnel.

Nous sommes restés hospitalisés une semaine en unité kangourou car mon enfant avait du mal à téter comme mon premier.

Cela me tenait à cœur de vous partager deux expériences car d’une certaine manière je donne aussi un message d’espoir en disant que même en récidivant j’ai pu aller plus loin dans ma grossesse ! En revanche, moi, j’essaie de faire doucement le deuil d’une grossesse par voie basse. Si les choses ne s’étaient pas passées comme cela, j’aurais fait un troisième enfant…

Je remercie l’équipe de l’unité kangourou, les sages-femmes, mon mari Alexandre d’avoir été là tous les jours pendant mes hospitalisations et je fais de gros bisous à mes deux fils, Yonah et Adriel. Vous êtes ma plus grande fierté. »

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