Pré-éclampsie et deuil périnatal : « Les 17 jours de Chloé »

« J’aimerais vous partager mon histoire. J’ai été hospitalisée le 21 juin à 30SA. Transférée le jour-même en urgence à Necker car trop de protéines dans les urines, de la tension ainsi qu’un rythme cardiaque foetal trop élevé. Ma princesse avait un coeur qui battait à 250. En préventif, ils m’ont fait les injections pour la maturation des poumons. Le verdict tombe. Je commence une pré-éclampsie en effet miroir. Après avoir vu un médecin spécialisé dans les troubles cardiaques, il réussit à faire baisser son rythme à 120.

Une semaine après, elle allait mieux, sauf que moi mon état se dégradait à vue d’oeil. Mes plaquettes ont vite chuté. En deux heures, je suis passée de 150 000 à 55 000. Ils m’ont installée en salle de réveil pour pouvoir me surveiller mais je savais que cela n’était pas provisoire. A minuit, ils m’ont informée que j’allais avoir une césarienne car ma pré-éclampsie était devenue sévère avec le fameux HELLP syndrome. J’avais un pied de l’autre côté…

Elle est née à 1h30 le 29 juin. Je n’avais pas l’impression d’avoir donné naissance à ma fille, tant attendue après deux garçons. Je ne l’ai pas vue de suite. Papa non plus. Mais depuis sa naissance, cela allait plutôt bien. Elle avait un traitement à base de Digoxine® pour réguler son coeur. Sauf que son état s’est dégradé à partir du 13 juillet, environ deux semaines après sa naissance. Elle enchaînait les bradycardies même si cela ne durait pas… Le dimanche, je l’ai trouvée si fatiguée… J’ai demandé un long peau à peau pour essayer de lui donner ma force, mais rien. Dans mes bras, elle se crispait comme si elle avait mal au ventre, elle grimaçait…

Le lendemain, le médecin que j’ai appelé de la maison m’a dit qu’il devait l’intuber car elle n’allait pas bien. Son bilan sanguin présentait une inflammation au niveau des intestins. Son abdomen était gonflé… On est allés en urgence à Necker et on nous a annoncé qu’elle était en train de passer au bloc pour lui poser une poche externe provisoire pour isoler l’infection. Après l’opération elle était stable. Son coeur était à 140. Les prochaines 24h étaient décisives. On y a cru. On a espéré… Sauf qu’à 2h30, le médecin m’a appelée pour m’informer que son état était en train de se dégrader… Je n’ai pas pu y aller… Une heure de route, deux enfants endormis, un mari qui a dû encaisser que sa fille n’était pas bien, après avoir dû encaisser le fait que ma vie était en jeu une semaine avant… A 6h00, le médecin m’a appelée pour m’informer que notre Chloé était partie 3/4 d’heure après m’avoir appelée à 2h30. Le monde s’est écroulé… Son infirmière l’avait dans les bras pour qu’elle parte sereine et entourée. Les médecins nous ont parlé, ils savaient avant même de l’opérer que c’était la fin. Pendant l’opération ils ont découvert des organes nécrosés. C’était donc signé d’avance…

Je suis abattue, perdue, en souffrance. 17 jours de vie, 17 jours où elle s’est battue. Même les infirmières le disaient. Elles nous ont dit qu’elle devait sentir tout l’amour que l’on avait pour elle pour se battre autant. Voilà mon histoire. Un roman. Mon roman. »

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