Pré-éclampsie et manque d’écoute (Aurélie)

Merci à Aurélie pour son témoignage qui nous rappelle qu’il faut écouter son corps lorsque l’on sent que quelque chose n’est pas normal pendant la grossesse, malgré le manque de considération de certains soignants qui peuvent ne pas nous prendre au sérieux. Heureusement une autre équipe de professionnels bienveillants a pu agir au bon moment.

« Je me suis décidée à partager notre histoire afin de communiquer sur ce mal qu’est la pré-éclampsie. En janvier 2018, on ôte le stérilet pour tenter de lancer ce superbe projet, celui d’avoir notre famille. Le 14 février après quelques jours stressés (on m’avait refusé une priorité – en voiture- et on m’était rentré dedans). Je m’aperçois que je n’ai pas eu mes règles. Je fais un test mais je reste persuadée qu’il s’agit du choc de l’accident. Et bien non superbe surprise un habitant sous le nombril. 🥰 Le premier trimestre se passe plutôt bien si ce n’est quelques pertes rouges que je signale et pour lesquelles on me rit au nez. Le 11 avril 2018, à 13 sa le cauchemar commence … je fais une hémorragie qui m’amène aux urgences et on me dit de ne pas m’inquiéter « on a vu pire » pourtant je sens littéralement tout sortir de mes entrailles… On m’annonce froidement après une échographie que « la grossesse est terminée ». Rien d’autre.Je rencontre quelques jours après mon gynécologue et avec beaucoup de bienveillance, il m’examine, échange avec moi et me dit que si psychologiquement je me sens d’attaque, je peux y aller . Sur ces mots, il ajoute « on se revoit dans 15 jours ! ». Sur le coup je ne comprenais pas vraiment. Avec mon compagnon on re-tente l’expérience, l’idée d’attendre m’effraie, j’ai peur de trop ressasser et de ne plus oser les essais. Vous savez quoi ? 15 jours après me voilà de nouveau chez le gynécologue … On vérifie que l’embryon est bien placé, qu’il soit bien descendu. Avec l’expérience de la première grossesse, mon gynécologue me suit sur les trois premiers mois. Échographie, entretien… Je vois et entends son petit cœur un merveilleux bonheur mais je n’en déstresse pas . Notre premier bébé est parti bien après tout cela …

Arrive l’écho T1. Je suis stressée et je n’ose même pas regarder. L’image des urgences me hante encore. Et pourtant mon compagnon me dit avec beaucoup d’enthousiasme « regarde il bouge ! »Quelle merveille !Je commence enfin à profiter de cette grossesse.On m’a arrêtée courant juillet. On me trouve trop affaiblie. J’ai des migraines carabinées et on m’assure que c’est normal. En septembre, je suis prise de douleur au niveau des côtes et du dos. On m’hospitalise, je ressors le lendemain. Ce serait lié à mon gros rhume.En octobre, l’écho T2 .On y découvre notre petit bonhomme qui tète déjà et semble aller à merveille. Je n’ai pas repris le travail mon médecin me le refuse et même la médecine du travail. Mes migraines sont de pire en pire et je fais des malaises (qu’on mettra sur le dos des carences en fer). À 28SA, on se fait un ciné, « A star is born ». Me voilà à dandiner sur mon siège, prise de douleur 😖. Impossible de me lever du siège. Les pompiers m’emmènent.

Aux urgences, on me trouve une tension un peu haute et protéinurie. Pour autant comme j’ai rdv avec ma sage femme d’ici une dizaine de jours on me fait rentrer chez moi. La semaine se passe. Maux de tête, douleur aux côtes, malaises… Le samedi soir on sort manger un bout. Une douleur au ventre me prend. Elle est si dure que je me lève et demande à ce qu’on rentre.Dans la voiture pas mieux. À la maison, je m’allonge et cela passe. En revanche, je sens moins mon bébé bouger. J’essaie de le stimuler, allonger sur le côté gauche, je bois et mange sucré. Rien. Je me couche. Il faut savoir que je me suis faite envoyée sur les roses une paire de fois durant les deux grossesses . On nous rit au nez, nous infantilise… Tout ceci a expliqué notre attente.Finalement une fois couchée, il me semble percevoir un coup de mon petit cœur, je relativise et me dit qu’il « dort »peut-être . La nuit se passe, je me réveille en silence et file manger des céréales pour réveiller mon petit habitant… Rien ne se passe…Mon compagnon se réveille, me voit et me demande de m’habiller, on file aux urgences (d’un autre hôpital) – « pas grave si on nous envoie bouler ».

À 29sa+2, nous voilà aux urgences où d’office je m’excuse mille fois si je viens pour rien. Là une dame nous oriente. Une autre nous appelle quelqu’un et nous voilà menés jusqu’au service adéquat. Il est 11h50. Une sage femme nous accueille et nous mène dans une salle d’examen. « La prochaine fois, n’attendez pas, madame. Venez même si c’est pour rien. Je vous sens fatiguée et stressée ». Nous sommes juste éberlués d’entendre quelqu’un avoir autant d’égard pour nous. On pose le monitoring et rien… Un très long rien…Et enfin on entend la mélodie…Je m’effondre…J’en avais gros sur la patate. La sage-femme me laisse décharger et avec toute la bienveillance du monde elle m’annonce qu’on l’entend mais que celui-ci n’est absolument pas bon. On me demande d’uriner dans un pot, j’en suis incapable et je ne sais même pas dire à quand remonte ma dernière miction… On m’emmène voir un gynécologue. Échographie et de grands silences. Des mots qu’on ne comprend pas… Soudain j’aperçois un mouvement de mon fils 😍 Soulagée je m’écrie : « Regardez, il bouge ! ». Le gynécologue m’adresse un : « Ce n’est pas assez pour votre terme, madame ». Il m’annonce qu’il va voir un pédiatre et revenir me voir. Entre temps le monitoring se dégrade, ma tension passe à 18/7 et montera encore. On m’envoie une anesthésiste. Là encore je ne comprends pas ce qui se passe. Elle me dit que c’est « au cas où » et me décris une scène, celle d’un pilote de F1 qui devra faire confiance à son équipe. Une dizaine de personnes entrent dans la chambre, l’une me déshabille, l’autre me sonde, une autre me pique… L’anesthésiste me dit : « vous vous souvenez du pilote ? ». J’acquiesce d’un mouvement de tête. Elle me répond : « C’est le moment ». On court avec mon lit dans les couloirs en criant des codes couleur. On m’enlève encore mes chaussettes qu’on jette dans ces couloirs. Me voilà au bloc, moi qui rêvais d’un accouchement naturel, me voilà spectatrice de mon accouchement.

Après une rachi, je sens des mouvements dans mon ventre qui ne sont pas ceux de mon fils . À 13h10, j’entends un cri et rien. On emmène mon petit.On me suture. L’anesthésiste me ramène une photo de Néo. Elle me dit que c’est un battant qu’il ne se laisse pas faire et qu’il va être transféré. Je le vois 5min avant son départ. J’ai attendu plus de 24h pour le rejoindre. J’ai passé une nuit à entendre d’autres bébés, à ne pas comprendre ce qui s’était passé, à ne pas réaliser. La sage-femme qui m’a prise en charge est venue me voir en chambre après son service. Elle m’annonce que je suis une miraculée, que si nous avions attendu ne serait ce qu’une seule petite heure de plus, nous mourrions tous les deux.

Néo a fait deux mois de néonat avec des soignants merveilleux. J’ai pu voir une psychologue pendant et après. J’ai eu des examens en tous genre durant trois mois. Aujourd’hui tout cela est derrière nous mais quand je vous l’écris c’est comme si c’était hier. Néo a 8 mois aujourd’hui. C’est mon champion. Je le chéris, mon merveilleux trésor. Tous les jours, j’ai une pensée pour tous ces anges là haut. Courage à toutes. »

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