Séverine a été touchée par la pré-éclampsie après une FIV qui s’est déclenchée à 35 SG avec complications après l’accouchement et une dépression post-partum ensuite. La pré-éclampsie laisse des traces à tous les niveaux… Être mieux informées permettrait de réagir plus vite, d’éviter des complications et de réduire le traumatisme !
« Je m’appelle Séverine et j’ai 46 ans. Il y a huit ans après beaucoup d’années à espérer, je suis tombée enceinte après une fécondation in vitro. La grossesse se passait bien à part des nausées régulières et un peu de diabète gestationnel.
Le 15 mai, à 35 semaines de grossesse le hasard a fait que j’avais rendez-vous avec une sage-femme à domicile. Le midi déjà, je ne me sentais pas bien, la fameuse barre épigastrique. Je n’ai quasiment rien mangé, j’avais mal à la tête et l’impression d’être ailleurs… La sage-femme m’a envoyée directement aux urgences. J’avais déjà une forte tension et des protéines dans les urines.
Arrivée à la maternité, j’ai eu une césarienne en urgence quelques heures plus tard. L’obstétricien et l’anesthésiste ne s’étaient pas mis d’accord, ce qui a fait qu’ils ont dû me faire une anesthésie générale en urgence. Je n’ai pas pu voir ma fille Jeanne à sa naissance… Heureusement elle allait bien, elle pesait 2,3kg et a passé seulement quelques jours en couveuse.
Le lendemain mon état s’est encore dégradé : mes reins ne fonctionnaient plus, mon foie était en souffrance, j’avais des œdèmes très importants et une jaunisse. J’ai été transférée en urgence en réanimation dans un autre hôpital. J’ai appris plus tard que j’avais fait une allergie à la morphine et à un anesthésiant, en plus du HELLP syndrome. J’ai fait « éclater » ma cicatrice de césarienne en toussant et ils ont dû me réopérer en urgence. Je suis restée 10 jours en réanimation dont 5 jours dans le coma sans voir mon bébé. Ils avaient du mal à faire redescendre ma tension…
Par la suite, j’ai fait une dépression à mon retour à la maison. Difficile de se remettre de tout ça… J’ai eu du mal à assumer mon nouveau rôle de maman. Avec le recul, je me dis que même les professionnels ne sont pas tous au courant. Ma gynécologue n’a pas tenu compte des œdèmes qui ont commencé à apparaître très tôt. Elle me disait que cela venait de la nourriture…alors que je ne mangeais quasiment rien. J’avais quand même pris 20kg à la fin…
Je me suis séparée du père de ma fille deux ans plus tard. Il n’a pas compris à quel point je me sentais mal et à quel point j’avais besoin de soutien. Si j’ai un conseil à donner aux futures mamans, c’est d’être à l’écoute de son corps. Même le moindre signe qui vous paraît bénin, n’hésitez pas à aller consulter. On n’est pas assez informés avant la naissance de ce qui peut se passer. Même si c’est un phénomène rare, il existe et on devrait en parler lors des cours avant l’accouchement par exemple. Mieux vaut prévenir que guérir… C’est une épreuve qui marque à vie mais qui m’a néanmoins rendue plus forte. Je suis très fusionnelle avec ma fille comme si le fait d’avoir été séparées à la naissance avait renforcé nos liens… »