Pré-éclampsie, grossesse gémellaire et deuil périnatal (Laure)

Laure partage aujourd’hui son témoignage de sa pré-éclampsie très précoce vécue lors d’une grossesse gémellaire (qui augmente le risque de pré-éclampsie), après un parcours de PMA. Ses petites filles sont arrivées trop tôt à 25SA+1, nous envoyons toutes nos pensées à sa petite fille qui n’a malheureusement pas survécu, et plein de force à sa sœur jumelle pour la suite.

« Tout a commencé avec le parcours compliqué et invasif de la PMA… Ayant le syndrome des ovaires polykistiques, tomber enceinte relevait du miracle… Après plusieurs mois de traitements et essais, nous apprenons que nous allons enfin être parents… Non pas d’un, mais deux bébés… Ça fait un peu peur sur le coup mais il y en a eu d’autres qui ont réussi, nous aussi 😁…Les 1ères semaines se passent bien. Des nausées mais rien de plus… À deux mois et demi, mon gynéco nous annonce deux poulettes… On reste sur la réserve, on attend les prochaines échographies pour confirmer… Vers 3 mois et demi, on décèle un écart, qui commence à être important, de taille et de poids entre les 2 filles… Direction le CMCO de Strasbourg pour faire des échographies plus poussées… À par constater l’écart, on ne nous annonce rien de plus… Il faut attendre… Prochain rdv à la fin du mois de juin…Et à cette même période de début juin, mon foie me fait des blagues avec des douleurs sous le sternum… Mais on est à moins de 20SA… Le mois passé et le nouveau rdv au CMCO confirme l’écart et le gynéco nous annonce que notre petite crevette est en train de se recroqueviller et qu’il y a de moins en moins de liquide amniotique et qu’elle va très probablement mourir dans mon ventre… Après cet ascenseur émotionnel, nous décidons avec mon mari de continuer à la stimuler, avec sa sœur, grâce à l’haptonomie… Première victoire, notre crevette est toujours là les jours suivants… Mais la bataille n’est malheureusement pas gagnée…

Environ deux semaines après, à 24SA, je me fais hospitaliser pour pré-éclampsie… Tension et protéines dans les urines… Quelle violence… On nous annonce que je vais devoir accoucher dans les jours qui suivent… On me transfère dans un hôpital de niveau 3 et on fait le maximum pour faire tenir la grossesse… Mais au bout d’une petite semaine, le taux des protéines a dépassé la limite laissée par le médecin… Les deux poulettes sont toujours là… Mais au dernier Doppler, on voit que l’échange ne se fait plus bien du tout avec notre petite caille… Césarienne programmée à 25SA+1…qui se passe très bien… Papa assiste à la césarienne et va voir les filles dès qu’il en a l autorisation… On termine mon opération et on me ramène dans la salle où j’avais passé la journée à attendre mon tour…et je vois mon mari avec un drap et des petits pieds qui dépassent d’un lange… Notre petite crevette s’est transformée en ange…265g à la naissance… Nous étions d’accord avec la pédiatre de leur laisser leur chance mais de ne pas les faire souffrir… Laisser partir un être qu’on aime est un acte d amour, il faut juste réussir à s’en convaincre… Instants compliqués… Nous pleurons tous les 2…et on me donne des nouvelles de notre fille, notre championne, 502g à la naissance… Elle a crié et était très tonique lorsque les pédiatres l’ont auscultée… Je ne la verrai que le lendemain matin… 1ère nuit bien passée…puis 2 nuits…

Nous sommes restés 12 semaines en réanimation néonatale… Nous avons appris à vivre avec le bruit des machines, des alarmes, des pousses seringues…des superbes progressions, puis des retours en arrière… Ce fût une période émotionnellement très fatigante mais on n’a pas arrêté d’y croire et d’encourager notre fille… Nous avons vécu les montagnes russes… Elle avait énormément de difficultés respiratoires. Elle s’est battue et a montré son envie de vivre… Nous formions une superbe équipe avec les Tatas, les pédiatres, notre poulette et nous… Encore 1 mois en service de soins intensifs et 2 semaines en médecine, et nous voilà rentrés à la maison après 4 mois d’hospitalisation…sans oxygène… Mais nous sommes tout de même passés par une fermeture du canal artériel à 1 mois et demi de vie… Une vraie battante, une vraie fierté…

J ai fait ma résilience sur ce qu’il s est passé, toute mon énergie et attention sont tournées vers ma fille… Aujourd’hui, notre fille a un peu plus de 14 mois, va très bien… Elle a juste des problèmes avec l’alimentation, nous avons dû reposer une sonde nasogastrique pour l’aider dans sa croissance… Avec le temps et la patience, nous allons bien réussir à lui donner envie de manger…Pour ma part, je n’ai gardé aucune séquelle… Nous avons détecté un syndrome des antiphospholipides…mais je n’ai pas envie de revivre cette grossesse volée par cette maladie, où tu ne guéris qu’en accouchant…ni de la faire revivre à mon mari et ma fille…Nous avançons tous les 3, elle est bien suivie par les professionnels de santé… Notre combat et notre fierté ❤. »

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