Pré-éclampsie : Revenir à la maison sans son bébé

Voici le témoignage de A. qui a souhaité rester anonyme. Elle a vécu l’année dernière une pré-éclampsie avec une contamination au Covid compliquée d’une éclampsie après accouchement avec coma de plusieurs jours et, la douloureuse perte de son petit ange à 34SA. Nous envoyons tout notre soutien à cette maman pour surmonter la perte de son bébé et envisager la grossesse d’après.

« J’ai fait une pré-éclampsie doublée d’une éclampsie du post partum. J’ai vécu la pire expérience de ma vie, l’été 2021.

J’ai la quarantaine. Après un long parcours du combattant dû à mes dérèglements hormonaux, j’étais enfin enceinte pour la 1ère fois.

Une grossesse paisible avec zéro souci et zéro désagrément de grossesse. Jusqu’au moment où j’ai eu le Covid vers 32SA. Je n’étais pas vaccinée car le vaccin était déconseillé en ce moment-là aux femmes enceintes là où je vis dans un pays en développement. Ma forme de Covid s’est aggravée et j’ai été hospitalisée.

Au bout de quelques jours d’hospitalisation, vers 33SA, j’ai eu les pieds légèrement gonflés mais ma tension était dans la norme à ce moment-là. Puis, vers 34SA, cela a dégénéré. Ils ont noté une olgoamnios (c’est-à-dire une diminution du liquide amniotique) et ont décidé une césarienne. Celle-ci, au lieu d’être faire dans l’urgence, n’a été effectuée que plusieurs heures après la décision de la faire…et bien évidemment c’était trop tard.

Ma fille est née sans vie à 34SA. Elle n’avait aucun retard de croissance et était magnifique. 24 heures après la césarienne, j’ai convulsé et fait une éclampsie avec trois jours de coma. J’ai perdu ma fille et ai failli y passer moi-même.

En dehors de l’olgoamnios, aucun autre signe avant-coureur n’était visible. Cependant, je n’ai pas eu d’analyse d’urines à ce moment-là car il n’y avait pas de suspicion de pré-éclampsie. Tout s’est passé tellement vite. Cette maladie est terrible car parfois, et souvent, elle avance de façon sournoise. J’ai lu les études récentes qui faisaient le lien entre pré-éclampsie et le Covid 19, et n’ai pas pu m’empêcher de me sentir concernée en pensant que cela a été mon cas.

Près de six mois après, mon deuil est difficile et ma douleur est tout aussi immense. C’est le genre de perte dont l’on ne se remet jamais. Revenir à la maison sans son bébé alors que tout était prêt pour l’accueillir crée une souffrance innommable. J’ai souvent passé le film dans ma tête pour chercher à refaire l’histoire…en pensant à ce qui aurait dû être mieux fait, notamment cette césarienne qui aurait dû être faite plus tôt.

Cette maladie grave fait encore plus de ravages dans nos pays qu’ailleurs, compte tenu des manquements dans la prise en charge et du plateau technique pas assez performant. Je n’avais entendu que vaguement parler de cette maladie et ne me suis jamais sentie concernée étant donné que je ne souffre pas d’hypertension. Mais je sais maintenant (à mes dépends) que les facteurs de risque sont nombreux et parfois n’ont rien à voir avec l’hypertension habituelle.

Après ma sortie de l’hôpital, j’ai été sous traitement pour la tension très peu de temps. Ma tension est revenue à la normale très vite, la protéinurie également. J’ai de la chance de ne pas avoir gardé de séquelles physiques. Parfois je me dis que j’ai survécu à deux malheurs : une forme grave du Covid et une éclampsie, et cela n’est pas rien. Je dois maintenant trouver la force de me concentrer sur l’avenir pour essayer à nouveau en vue d’avoir la chance de devenir maman… Enfin un jour. Cette future grossesse sera anxiogène mais je vais m’accrocher.

Bravo pour ce que fait l’association. J’envoie toute ma compassion aux parents qui ont vécu cette terrible maladie et plus particulièrement à ceux qui ont perdu leur bébé. »

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