Pré-éclampsie surveillée : angoisse, bonheur et inquiétude (Léa)

Léa partage aujourd’hui le témoignage de sa grossesse compliquée par une pré-éclampsie à 30SA. Elle était bien suivie heureusement et aussi pour son syndrome de Léri-Weill (maladie qui impacte entre autres la taille). Sa grossesse s’est déroulée en partie pendant le premier confinement puis la période post-partum a été accompagnée d’une suspicion d’infection au Covid. Nous souhaitons le meilleur à la petite famille et plein de courage aux futures mamans qui doivent encore faire avec les mesures sanitaires actuelles !

« Mon compagnon est moi avions décider d’arrêter la contraception après les fêtes pour se lancer dans cette grande aventure de la parentalité. Le 18 décembre 2019, de fortes douleurs dans le bas-ventre se firent sentir au travail. Le soir-même, je me rendais chez la gynécologue. Durant la discussion, elle me fit allusion à une grossesse extra-utérine puis vint l’examen : la grossesse est bien présente et n’est pas extra-utérine, le bébé est bien placé et les douleurs étaient dues à un petit décollement. Moi qui pensais mettre des mois avant de tomber enceinte, je ressors du cabinet ravie mais angoissée.

En rentrant, j’annonce la nouvelle a mon compagnon qui était ravi. Le projet bébé débutait, plus tôt que prévu mais déjà désiré.

Le premier trimestre fut compliqué : chute de tension, nausées, fatigue, insomnie, perte d’appétit,… Une montée d’hormones compliquée.

Mi-janvier 2020, je me réveille en pleine nuit. J’ai l’impression de me faire pipi dessus, je vais aux toilettes et je me rends compte que j’ai beaucoup de sang sur les cuisses… Ma première pensée fut « la fausse couche ». J’ai donc réveillé en panique mon compagnon pour me rendre aux urgences. À 4h00 du matin, nous sommes ressortis : bébé est bien accroché, plus de peur que de mal.

Le deuxième trimestre débuta et tous les symptômes désagréables du premier trimestre disparurent. Je pouvais enfin profiter calmement et sereinement de ma grossesse et mon petit ventre commençait à s’arrondir doucement. Un mois plus tard, le confinement débuta. Je pouvais donc profiter avec le papa de ce ventre qui ne cessait de grossir. J’en profitais pour prendre le temps de faire de bons plats équilibrés car ma prise de poids était trop rapide (2kg par semaine).

Au mois d’avril, un soir je lis un article sur les œdèmes de grossesse et par acquis de conscience, je me dis qu’il serait peut-être astucieux de retirer ma bague. Mais là, impossible et plus j’essayais des techniques différentes plus cela devenait douloureux. Je me prépare donc allez aux urgences le lendemain matin pour couper ma bague (avec le Covid, aucune bijouterie n’était ouverte).

Arrivée aux urgences, on prend ma tension en m’expliquant que c’est pour vérifier que je ne fasse pas une pré-éclampsie (première fois que j’en entends parler) en attendant le médecin. Je me renseigne alors sur ce qu’est la pré-éclampsie puis je me rassure en me disant que si j’ai les doigts un peu gonflés, c’est parce que j’ai déjà pris pas mal de kilos, qu’il fait chaud…

Durant ce mois-là, on décide avec ma sage-femme de se voir un peu plus souvent car j’ai de petites résistances et que mon bébé est petit…

Début mai 2020, fin du confinement. Je me rends donc chez ma sœur (qui est infirmière). Ce jour-là, ce sont mes jambes qui ont décidé de gonfler, gonfler si fort que je n’avais plus de cheville et marcher était quelque chose de douloureux pour moi. Sur les conseils de ma sœur, je contacte mon médecin traitant pour me faire prescrire des bas de contention.

Le lendemain, rendez-vous chez la sage-femme qui, après examen, me conseille d’aller à l’hôpital de jour pour un monitoring car mon enfant est encore descendu sur la courbe. J’ai de gros œdèmes et elle redoute une pré-éclampsie. Je m’y rends donc juste après mon rdv avec elle.

Une fois le monitoring effectué – qui est bon – ma tension est légèrement élevée et j’ai des protéines dans les urines. Il est donc décidé jusqu’à la fin de ma grossesse que ce sera trois RDV par semaine à la maternité de Jeanne de Flandre pour surveillance et un rendez-vous chez un généticien pour vérifier que ce n’est pas simplement car mon enfant a le même syndrome que moi (le syndrome de Léri-Weill, problème chromosomique qui expliquerait sa petite taille).

Le suivi plus poussé a débuté depuis une semaine et demi, nous sommes lundi et je dois me rendre à Jeanne de Flandre pour mon monitoring et prise de tension. J’embrasse mon compagnon rapidement avant de lui dire « à tout à l’heure » et je m’en vais.

Arrivée là-bas, ma tension est élevée, les protéines dans les urines n’ont pas cessé d’augmenter. Le verdict tombe : je ne rentre pas à la maison. Je préviens mon compagnon de m’amener des affaires car je dois rester sous surveillance. Malheureusement avec le Covid, pas d’accompagnant, il doit déposer ma valise à l’accueil.

Les examens s’enchaînent. On me confirme que je fais une pré-éclampsie sévère, ma tension n’est pas trop inquiétante (raison pour laquelle ils ont hésité un moment pour la pré-éclampsie), en revanche ils sont inquiets pour mes reins, j’ai beaucoup de protéines dans les urines. Malgré les deux litres d’eau que je bois chaque jour, j’urine maximum 700ml/24h.

Les deux premiers jours d’hospitalisation, je reçois les piqûres de corticoïdes pour que les poumons de mon bébé soient assez matures car on espère atteindre les 33 semaines de grossesse pour éviter la grande prématurité mais rien n’est sûr.

Jusque-là le moral va bien, je reste souriante, je relativise, je suis dans un très bon hôpital que je connais car j’ai été suivie toute ma jeunesse pour mon syndrome et surtout je ne veux pas que mon enfant ressente le stress. Et bien que les visites soient interdites, je remercie mon entourage pour tous leurs appels et messages qui m’ont permis d’être plus sereine.

Lundi 1er juin 2020 : 30SA

Le moral ne va plus trop, la fatigue, les examens, le bruit des machines, le manque de mon compagnon et mes chats, le stress… Les examens ce matin-là ne sont pas bons : ma tension est plus élevée, les protéines bien trop élevées et mon enfant montre des signes de fatigue. La césarienne est prévue dans l’après-midi, je descends au bloc à 14h00.

Je préviens mon compagnon, je range mes affaires avec ce sentiment bizarre, partagé entre l’angoisse de la césarienne, le bonheur de découvrir mon enfant, l’inquiétude qu’il naisse si petit et fragile.

À 14h00, je descends, je me change, on m’explique le déroulement pendant que je serai endormie (anesthésie générale). Une fois installée sur la table, entre deux informations sur ce qu’ils me font, on me parle de mes voyages, on me pose des questions et on me raconte des blagues pour que je me détende (merci à tout le personnel soignant qui a vraiment été au top avec moi).

Mon fils est né à 15h57, il pesait 990g. Les piqûres de corticoïdes ont été faites à temps, il n’a pas été intubé. Mon compagnon, qui n’a pas pu être dans la salle pendant l’accouchement, a pu être présent pour les premiers soins.

À 17h00, je me réveille en salle de réveil avec mon compagnon à mes côtés qui me rassure sur l’état de santé de notre tout petit puis me raconte les bêtises que j’ai pu dire sous l’emprise de l’anesthésie notamment : « Au moins je n’aurai pas la foufoune abimée », ce qui a bien fait rire le corps médical (oui, on relativise comme on peut).

À 18h00, on me descend en réanimation pour découvrir mon bébé. Je lutte contre les effets de l’anesthésie et je ne profite pas de ce moment au maximum. Allongée sur mon lit, je ne le vois pas bien, lui, tout petit dans sa couveuse. Je demande pour aller me reposer dans ma chambre.

Le lendemain, je ne suis pas en forme, j’ai mal au niveau de la cicatrice mais à l’instant où je découvre vraiment mon fils, j’oublie mes maux et je m’émerveille devant ce petit bout, tout petit et fripé. La pré-éclampsie, l’accouchement, tout est passé. Nous sommes là tous les deux, en vie, mais je sais que le parcours avant de rentrer à la maison va être long.

Il est resté deux jours en réanimation avant d’aller en soins intensifs. Je suis sortie dix jours après ma césarienne, avec un mois de piqûre contre la phlébite. Rentrer sans lui a été très compliqué émotionnellement mais j’étais quand même contente d’arriver dans notre nouvelle maison et de retrouver mes boules de poils ou même simplement de pouvoir à nouveau être dehors.

Je suis passée tous les jours avec mon compagnon pour profiter de mon fils, le voir évoluer et profiter de longues heures de peau à peau. Le reste de notre temps était occupé à aménager la maison pour recevoir au mieux notre tout petit et aussi me remettre de ma césarienne.

Le 15 juillet 2020, mon fils est transféré au service arc-en-ciel. Nous attendions ce transfert avec impatience, c’était la dernière étape avant la maison. Mon compagnon reprend le travail. Je profite des premières nuits avec mon fils – un des avantages de ce service. Le bruit des machines m’étant insupportable nerveusement, je décide de dormir une nuit sur deux mais d’être présente chaque jour. Il évolue bien, grossit bien mais a toujours besoin d’oxygène.

Début août 2020, durant une nuit passée là-bas, je ne vais pas bien : migraineuse, le nez qui coule, très fatiguée, je décide d’aller me tester pour le Covid. Je repasse prendre mes affaires, prévenir que j’ai fait le test. On me prévient que mon petit va avoir une transfusion sanguine (c’est souvent le cas chez les grands prématurés). Je décide de dormir à la maison en espérant allez mieux le lendemain.

Ce soir-là, j’ai eu beaucoup de fièvre. Le lendemain, j’appelle donc le service pour prévenir de mon état et que je resterai donc à la maison, en espérant allez mieux le lendemain. Je culpabilise de ne pas être près de mon bébé durant cette journée. Il est courageux mais il a été contaminé par un rhinovirus dans le service et j’aimerai être présente pour prendre soin de lui .

Le lendemain, je vais mieux, j’ai eu mes résultats et ils sont négatifs. J’ai certainement attrapé le virus de mon bébé. Je retourne donc le voir. Il n’est pas en forme et a besoin davantage d’oxygène malgré la transfusion. Deux jours plus tard, les médecins hésitent à le redescendre en soins intensifs car ils n’ont pas les machines pour lui donner davantage d’oxygène. J’ai un sentiment d’échec. Il avait si bien évolué. Ce retour en arrière serait trop dur à gérer moralement. Il a été à la limite mais il n’est pas descendu, il lui a fallu deux semaines pour aller mieux.

18 août 2020 : date du terme de grossesse.

Son rhinovirus est passé, il reprend des couleurs et on commence à le mettre au sein en plus de sa sonde.

Dans la semaine qui a suivi, on lui a retiré ces lunettes à oxygène, il a passé l’étape des 3kg et on lui a enfin retiré la sonde car il se montrait très gourmand au sein.

24 août 2020 : on rentre enfin à la maison, notre nouvelle vie à trois peut enfin débuter.

Il y a eu des petits soucis par la suite : de grosses coliques, des problèmes intestinaux dus au fer qu’il devait prendre, son hyperextension, un angiome mal placé qui commençait à s’ulcérer qui a rendu le premier mois à la maison compliqué, mais on réglait ces petits maux petit à petit. Tout s’est mis en place, il évolue super bien et à chaque sourire qu’il nous fait, on se dit que ce long parcours n’a pas été des plus simples mais l’on sait pourquoi nous nous sommes battus.»

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