Retard de diagnostic : pré-éclampsie sévère (Coralie)

Le témoignage de Coralie aujourd’hui nous montre à quel point il est important d’être entourée par les bons professionnels de santé pendant la grossesse… Tous ne connaissent pas forcément bien cette pathologie ou ne sont simplement pas assez à l’écoute de leurs patientes. À force d’insister, Coralie a réussi à être entendue pour pouvoir être prise en charge par la maternité et éviter le pire. Nous envoyons plein de bonnes ondes à Coralie et son petit Lenny !

« La tension était instable dès le 2ème mois de grossesse, le gynécologue ne voulait pas me mettre en arrêt maladie. J’avais beau me plaindre, on me disait : « C’est normal, les grossesses sont compliquées ». J’avais dû annoncer ma grossesse au bout de 1 mois et demi car déjà j’avais un gros ventre et dire qu’à la base, je ne voulais le dire qu’à 3 mois. Du coup, je posais de temps en temps des arrêts maladie car je ne pouvais pas tenir au travail. Le généraliste voyait mon état de santé, il était choqué car il voyait que mon gynécologue et la sage-femme ne faisaient strictement rien pour moi. Depuis le début, mon généraliste disait que j’avais des symptômes de pré-éclampsie. J’en avais touché deux mots à mon gynécologue qui m’avait répondu que je regardais trop sur internet… » Le généraliste me disait qu’il ne pouvait pas me mettre tout le temps des arrêts maladie, qu’il fallait que ce soit le gynécologue qui m’arrête définitivement jusqu’à la fin de ma grossesse. Mon gynécologue a refusé. Je lui disais que je n’en pouvais plus, que je n’arrivais plus à marcher, que j’étais trop épuisée. Mais il était borné. En juillet, le gynécologue m’annonce que bébé devrait faire 4kg. En octobre 2020, je commençais mon 7ème mois. J’avais dû poser une semaine de congés et pendant cette semaine-là, j’avais justement rendez-vous avec ma sage-femme. Je me suis encore plaint pour la énième fois en disant que je ne faisais que gonfler, que j’avais des œdèmes partout et que je grossissais à vue d’œil. J’avais pris 12 kilos en l’espace de 5 jours. Je me suis plaint également que j’avais une tension très forte. Elle s’est enfin décidée à contrôler ma tension à cette période-là. J’étais à 19. Dans le cabinet, j’avais 21 de tension. Elle s’y était prise à trois fois, en me faisant changer de position. Elle m’a alors demandé d’aller directement à l’hôpital pour faire simplement un monitoring. Elle n’a rien voulu me dire de plus.

Arrivée à l’hôpital où je devais accoucher, on m’a fait une échographie et un monitoring. Et là, on me demande d’appeler mon compagnon pour qu’il vienne en urgence à l’hôpital… Une fois arrivé, on nous annonce que le bébé est trop petit et qu’il faudra que je reste à l’hôpital jusqu’à la fin de ma grossesse. On nous informe que je ne pourrai pas accoucher ici car pas de possibilité d’accueillir les grands prématurés. On a dû me transférer en ambulance dans un hôpital d’une autre ville que je ne connaissais pas, qui était à plus d’une heure de route de chez moi. Le 28 octobre 2020, je suis prise en charge en urgence. Toutes les deux heures, j’avais des monitoring et des prises de tension.

Dans la nuit, on me demande d’appeler mon compagnon en urgence car je n’allais pas pouvoir tenir, mon état s’aggravait. Je voulais qu’il soit absolument là avec moi sachant que pendant le covid on n’avait pas le droit d’avoir d’accompagnant dans la chambre. 1h30 après que mon compagnon soit arrivé, on nous annonce que mon état s’est un peu stabilisé. Mon compagnon a quand même demandé à rester car c’était très important pour moi. Je n’arrivais plus à tenir. Ils ont accepté.

Le vendredi 30 octobre, on me fait plein d’examens : ils venaient me faire des prises de sang la nuit, mettre des perfusions. Je ne supportais plus que l’on me pique, cela devenait affreux. On a dû me mettre de l’oxygène pour pouvoir me mettre la dernière perfusion. Dans la nuit du 30 au 31 octobre, rien n’allait. À 3h00, on m’annonce qu’on va devoir me déclencher. Je vois l’anesthésiste le matin-même et je descends en salle d’accouchement. On nous annonce que je fais une pré-éclampsie sévère (j’avais pris beaucoup de poids rapidement, j’avais 10 grammes de protéines dans les urines et ma tension ne se stabilisait pas malgré le traitement en intraveineuse) et que bébé est encore plus petit qu’au mois de juillet – alors que le gynécologue m’avait annoncé un bébé de 4kg et ne m’avait pas parlé de retard de croissance. J’ai donc dû avoir un déclenchement en urgence par césarienne à 33SA+3 jours. Lenny est né à 42cm pour 2,150kg.

Je suis restée hospitalisée trois semaines après l’accouchement et bébé était en service néonatologie. Bébé et moi avons aujourd’hui des problèmes cardiaques et nous avons un suivi important.

Je remercie la sage-femme de Lavaur qui a pris le relai au moment de l’inscription à la maternité et qui a vu que je n’étais pas bien, et les services de néonatologie et maternité de l’hôpital de Castres Mazamet. »

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