Diabète gestationnel, RCIU sévère, pré-éclampsie

Voici le témoignage très émouvant d’une maman sur sa grossesse ponctuée de complications de grossesse, d’épreuves et d’incertitudes. Elle souligne aussi la force et le courage dont font preuve ces petits bébés qui réussissent à survivre malgré un faible poids de naissance et possibles séquelles du fait de leur prématurité plus ou moins grande. La venue au monde ne devrait pas être accompagnée de tant de difficultés… Parlons de la pré-éclampsie pour améliorer la prise en charge, la prévention et faire avancer la recherche !

« Je suis maman d’un petit garçon qui est né au mois de novembre 2020. J’ai eu une grossesse très difficile avec énormément de complications : diabète gestationnel, retard de croissance très sévère (<5%), pré-éclampsie, accouchement par césarienne d’urgence à la 31ème semaine. Il s’agit de mon premier enfant. Nous sommes un couple mixte et cette histoire se passe en plein Covid. Tout commence un merveilleux jour du mois de mai où je fais le fameux test de grossesse ! Bébé est là et nous permet de réaliser notre souhait de fonder une famille ! Nous sommes très enthousiastes et prêts à tout pour protéger cette merveille que nous aimons déjà tellement ! Très vite les choses se compliquent… Je souffre quasi immédiatement de violentes nausées qui me font perdre beaucoup de poids… Je vais extrêmement mal et rien ne peut me soulager… C’est ainsi que suite à une prise de sang, j’apprends que je fais du diabète gestationnel. C’est un coup dur car je dois faire un régime drastique et cela génère des inquiétudes pour le bébé ainsi que pour moi-même. Début juillet, mes nausées passent et surtout je revis. Je me sens bien, je reprends une vie normale et active, mon ventre s’arrondit, nous voyons notre bébé à l’échographie du 3ème mois : tout est en ordre et ce petit être nous comble déjà de bonheur ! Nous avons hâte de connaître son sexe. Cette lune de miel ne durera pas. Dès la fin du mois d’août, un saignement m’envoie aux urgences et nécessite que je reste alitée. Le premier diagnostic met en cause un raccourcissement du col mais cette théorie sera réfutée par les examens suivants. À ce jour, personne ne sait expliquer ce saignement. C’est à la deuxième échographie que tout bascule. Un retard de croissance est décelé. Cela ne nous inquiète pas plus dans un premier temps même si une deuxième échographie dans les 15 jours est programmée pour vérifier que tout va bien. Malheureusement, tout se complique, le retard est très important. Les médecins nous préparent au pire : décès probable du fœtus ou handicaps sévères. On nous demande de faire une amniocentèse pour être sûrs que tout va bien. Nous continuons d’y croire malgré tout.

Nous demandons donc un second avis médical qui remet en cause une éventuelle détresse fœtale. C’est rassurant. S’en suivent des semaines décisives où je dois être suivie chaque semaine à domicile et effectuer des examens de sang et d’urines régulièrement. Le retard de croissance est effectivement important mais Bébé continue de suivre sa courbe et de grossir à son rythme. On lui fait confiance. C’est alors que suite à un rdv de routine, mes examens d’urines et ma prise de tension se sont considérablement dégradés : je fais une pré-éclampsie. Je vais immédiatement aux urgences qui décident de m’hospitaliser immédiatement. Je serai suivie pendant deux semaines, chaque jour, comme le lait sur le feu. C’est là que nous apprenons que la courbe de croissance de bébé se casse et qu’il ne sait plus s’adapter à ces conditions extrêmes qu’il vit dans mon ventre. Nous nous sentons démunis, impuissants, extrêmement tristes. À 31 semaines de grossesse, je suis descendue d’urgence en salle de naissance suite à une anomalie du rythme cardiaque du bébé lors du monitoring habituel de la matinée. À ce stade et au vu des prédictions de poids ainsi que de la grande prématurité, je ne sais pas si l’enfant sera vivant et encore moins s’il pourra être réanimé et survivre. C’est un vrai choc. Ma césarienne est décidée en urgence. La tête me tourne. Je pleure, je ne comprends pas ce qui est en train de se passer et tout va beaucoup trop vite. Tout un tas de personnes s’agitent autour de moi durant cette opération invasive que je vis très mal. J’entends un cri, c’est la délivrance, bébé est là et il est vivant. Il m’est à peine présenté. Je ne le vois qu’à travers sa couveuse et dans un sac plastique donc je ne peux distinguer qu’un petit pied qui remue… Il pèse 770 grammes. J’ai des absences et ne vit pas vraiment l’instant. J’ai du mal à réaliser. Mon seul réconfort : papa est là avec moi et me soutient ! Je tremble, j’ai froid. Je me sens vide. Annihilée et anéantie malgré que je sache mon enfant vivant. Je sais en effet qu’il subit des manipulations invasives douloureuses en ce moment-même. J’ai du mal à me réjouir de cela… Deux mois d’hospitalisation plus tard et après avoir traversé tous les hauts et les bas imaginables avec un enfant si fragile, nous pouvons enfin nous retrouver ! Le parcours a été très difficile et ponctué d’angoisses car on avait toujours la boule au ventre qu’on nous annonce une très mauvaise nouvelle. Notre fils s’en est sorti mais il a eu une grosse infection qui a nécessité de garder un cathéter d’antibiotiques pendant 10 jours et de nombreuses ponctions lombaires, prises de sang et sondage pour récupérer des urines. Depuis qu’il est rentré à la maison, il a toujours un suivi très dense qui inclut beaucoup de médicalisation. Une équipe bienveillante et rassurante veille sur lui et sur nous ! Son opération a été une épreuve supplémentaire pour lui comme pour nous mais sa hernie inguinale le faisant beaucoup souffrir, on est contents de voir que cela le soulage un peu. Suite à l’analyse poussée de mon placenta et de mon bilan thrombophilique, il m’a été expliqué que mon placenta présentait trois infarctus et que si je souhaitais de nouveau me lancer dans une seconde grossesse, je devrais être sous traitement dès le début. Malheureusement il y aurait 40% de risques que ce traitement ne fonctionne pas et que tous ces événements se produisent à l’identique. Quelle angoisse pour moi qui aurait tant voulu donner un petit frère ou une petite sœur à notre bébé. Je remets en question ce projet pour le moment. Aujourd’hui, il a huit mois et il nous remplit de joie et de fierté. C’est un petit héros inspirant qui donne du sens à notre vie. »

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