Témoignage d'Aurélie

Ce n’était pas normal de vomir à 7 mois de grossesse

« Le jour où j’ai appris que j’étais enceinte, j’ai eu l’impression de partir haut dans les nuages tellement j’étais heureuse mais j’avais quand même pleinement conscience que, dû à mon surpoids et mon âge (36 ans), on allait me parler de grossesse à risque.

Mon gynécologue m’a donc conseillé d’attendre les fameux trois mois pour annoncer ma grossesse, ce que j’ai fait. Il m’a fait un suivi tous les mois et j’ai tout fait pour que ma grossesse se passe au mieux pour le bien-être de ma fille. J’attendais ces rendez-vous avec impatience car je voulais voir ma fille et entendre son cœur. Dû à mon surpoids, mon gynécologue m’avait demandé de surveiller mon taux de sucre dans le sang et ma tension. Tout était au vert de ce côté-là et je me sentais bien. Pas de prise de poids non plus.

Des signes qui ne trompent pas

À environ 6 mois de grossesse, un vendredi soir, j’ai été prise de panique car je ne sentais pas ma fille bouger. Mon mari me disait que lui, il la sentait et que je m’inquiétais trop. N’arrivant pas à me rassurer, j’ai contacté mon gynécologue qui m’a envoyée faire un monitoring avec une sage-femme. Là, j’ai entendu le cœur de ma fille, tout allait bien. J’ai explosé en sanglots sans savoir pourquoi. On a donc mis en place des monitorings toutes les semaines pour me rassurer.

Un mercredi, j’arrive au rendez-vous, j’étais fatiguée. La sage-femme prend ma tension qui était élevée. Au niveau du monitoring, tout allait bien pour ma fille mais ma tension restait encore un peu haute même après 30 minutes de repos. La sage-femme m’a donc prescrit une prise de sang avec un bilan hépatique. Le lendemain matin, direction le labo. Pour la première fois de ma vie, j’ai reçu un appel du laboratoire m’indiquant que mon taux de protéines dans les urines était élevé et que je devais contacter mon médecin.

Mon gynécologue était en vacances mais il m’a rappelée de suite en me disant que mes analyses n’étaient pas alarmantes mais que je devais consulter la sage-femme des explorations pour avoir un suivi plus poussé. J’essaie donc d’appeler le numéro mais cela ne répond pas. Je dis à mon mari que j’essaierai lundi, mais il me dit qu’il préfère que j’appelle les urgences. J’appelle donc la maternité où je devais accoucher, une maternité de type III. Je prépare ma valise au cas-où et mes beaux-parents m’emmènent.

Un suivi léger…

Aux urgences, on prend ma tension pendant 30 minutes et monitoring pour ma fille. Tout est au vert donc je ressors avec un rdv pour le mercredi avec la sage-femme des explorations. Ma maman vient me chercher et me ramène à la maison. Je suis rassurée.

Le vendredi soir, je ne me sentais pas bien, mon mari fait cuire des pâtes pour le repas en pensant que cela serait la seule chose qui allait passer. Je n’arrive pas à manger. Rien que de voir la nourriture me donne envie de vomir. Je rappelle les urgences et hop, on doit y retourner. On est en plein hiver, mon mari va chercher la voiture pendant que je mets mon manteau et moi, je vomis dans le salon. Je commence à m’inquiéter car s’il y a une chose que je savais, c’est que ce n’était pas normal de vomir à 7 mois de grossesse.

Aux urgences, le monitoring et ma tension sont au vert mais les protéines dans les urines avaient augmenté. Je m’attendais à rester mais on m’a prescrit du Spasfon™ en me disant que j’avais dû attraper froid… Le samedi, on devait peindre la chambre de ma fille. Moi, je suis restée assise avec mes nièces à les aider à faire leurs devoirs. Je ne me sentais pas bien mais sans pouvoir dire exactement ce que j’avais ou ce que je ressentais. Ayant été deux fois aux urgences « pour rien »,  je n’ai rien dit…

Prise en charge en urgence

Le soir, je ne me couche pas au mieux de ma forme. Un peu avant 6h00 du matin, je réveille mon mari car je sens que quelque chose ne va pas. Je suis incapable de dire ce que j’ai, juste je ne me sens pas bien.

Aux urgences, nouveau monitoring et prise de tension mais en plus, ils me font une prise de sang. En attendant les résultats, je les supplie de laisser entrer mon mari. Je sentais que cette fois-ci il se passait quelque chose. On me fait boire un médicament pour faire passer la nausée. Ma tension et le monitoring sont toujours au vert. Les infirmières sont très surprises car je gère tout cela (douleur et stress) avec beaucoup de calme (merci aux exercices de respiration que j’ai fait avec ma sage-femme). Et là, d’un coup, tout s’accélère : ils demandent au couple d’à côté de sortir et une dizaine de personnes arrivent autour de moi. Je comprends que c’est grave mais je ne sais pas ce qui se passe.

On m’explique qu’on doit me piquer pour poser une perfusion, on me fait une piqûre pour aider les poumons de ma fille. On m’explique que je vais accoucher par césarienne et sous anesthésie générale et que je fais une pré-éclampsie avec HELLP syndrome. Je suis à 32SA + 6 jours. Je regarde mon mari et je lui dis adieu au cas où… J’ai peur de partir, peur de ne jamais rencontrer ma fille mais les choses vont tellement vite que je n’ai pas le temps de réfléchir plus.

Au bloc, l’infirmière anesthésiste me tient la main jusqu’à ce que je m’endorme. À mon réveil, je reconnais sa voix. Je l’entends me dire : « Calmez-vous madame, votre fille va bien ». En chemin pour la réanimation, je vois que mon mari m’attendait dans le couloir en pleurs. Il me montre une photo de ma fille. Elle va aussi bien que possible. Elle a eu une aide respiratoire plusieurs jours et a été nourrie par sonde plusieurs semaines. Ma fille est né à 7 mois de grossesse, elle faisait 2,020kg pour 46cm. Elle a passé un mois et demi en réa-néonat et néonat. Moi je suis restée en chambre cinq jours avec un suivi cardio à faire à la sortie.

Une première rencontre tardive

J’ai rencontré ma fille le lendemain de sa naissance et je ne m’en souviens pas car j’étais encore shootée par l’anesthésie etc. J’ai ressenti beaucoup de culpabilité de voir ma fille se battre pour respirer et manger, de lui faire subir tout cela. Normalement le premier sentiment que l’on ressent pour son enfant, c’est de l’amour et je m’en suis aussi voulu de ne pas le ressentir tout de suite… Mais entre la peur, la fatigue, la douleur de la césarienne, la culpabilité, je crois que je n’arrivais plus à suivre.

Aujourd’hui, ma fille a 20 mois et elle se porte à merveille. Je suis extrêmement fière d’elle et de la merveilleuse petite fille qu’elle est en train de devenir. De mon côté, je prends soin de ma santé au maximum mais il y a un avant et un après.

Retard de diagnostic ?

Je suis reconnaissante envers mon gynécologue et ma sage-femme qui m’ont suivie toute ma grossesse mais je suis partagée pour les urgences de la maternité de type III… Pourquoi ne m’ont-ils pas gardée le vendredi ? Protéines dans les urines et vomissement, cela aurait dû les alerter !!!

Aujourd’hui, je reste traumatisée par ce qui s’est passé. Je ne veux pas d’autres enfants car j’ai peur que ma fille se retrouve sans sa maman… Deux ans, après je fonds en larmes dès que j’y repense. Quand je vois ma fille, je me dis qu’on a eu beaucoup de chance toutes les deux et qu’on est des battantes. Notre bonne étoile veille sur nous. »

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