Pré-éclampsie précoce

C’est à ce moment-là que j’ai compris que nous avons fait ce pacte qui nous a liées à vie

Zoé a vécu une pré-éclampsie précoce. Elle avait pourtant des signes précurseurs mais rien n’alarmait son gynécologue ni son entourage jusqu’à ce qu’un hématome rétro placentaire se rompe.

« La pré-éclampsie, j’en avais jamais vraiment entendu parler. Dans une série que je regardais quand j’étais enceinte, il y avait une femme qui mourrait suite à une éclampsie. J’ai préféré bannir l’information de mon cortex cérébral pour n’entrevoir que le bonheur de devenir maman. J’ai 28 ans, une grossesse qui se déroule pour le mieux, une envie incommensurable d’avoir ce bébé, aucun nuage à l’horizon.

Une grossesse « normale »

C’est suite à une prise de sang montrant un taux de bêta HCG un peu haut que le petit pincement a commencé à se faire sentir et ne m’a plus quittée… Cette sensation que quelque chose ne se passe pas comme cela devrait, sans pouvoir réellement l’expliquer. Mon gynécologue me rassure tout de suite et m’explique que cela ne veut pas forcément dire que quelque chose se passe mal. Des gens qui m’ont rassurée, il y en a eu un paquet, si bien que moi-même j’en venais à me convaincre que c’était moi qui me faisais du souci pour rien.

Les premiers signes

Puis l’hypertension est arrivée… Pas très haute mais suffisamment pour que le gynécologue en question suspecte quelque chose, en plus du petit retard de croissance de ma fille… Puis les résultats du laboratoire tombent le vendredi : protéinurie un peu élevée mais encore là, rien d’alarmant. Le gynécologue me demande de revenir le lundi… Le dimanche à 15h30, je partais en catastrophe à l’hôpital.

En allant aux toilettes, j’ai senti quelque chose se rompre et j’ai perdu beaucoup de sang. En arrivant aux urgences, je continuais à perdre du sang en grande quantité, mais elle était là, ma petite Lou, ma petite guerrière, toujours avec moi, monitorée au cas où. Le verdict tombe : pré-éclampsie sévère et hématome rétro placentaire qui venait de se rompre. Le sang continuait à couler et le rythme cardiaque de ma fille augmentait. Heureusement, je n’étais pas seule, mon compagnon était avec moi. Mais au moment où il part pour sortir notre chien et fermer la maison, cinq heures après mon admission, tout s’accélère : “Il faut le sortir”, dit le gynécologue de garde, sans même me regarder, sans m’adresser la parole ni m’expliquer ce qui se passe.

Je comprends alors que ma fille va naître aujourd’hui, à 27 semaines de grossesse, sans administration de corticoïdes et dans un hôpital de niveau II dans lequel ils ne prennent pas en charge ces petits bébés. Alors j’ai peur, pas pour moi – je peux bien mourir, cela m’est égal – mais pour elle… Me voilà sur le brancard, dans la salle d’opération, terrorisée… Quelques minutes plus tard, inconsciente.

La rencontre

Je me réveille dans une salle. Mon compagnon est là, chamboulé mais il me rassure, il me dit : “Elle a une bouche magnifique”. Je comprends qu’il l’a vue, qu’elle a survécu et il me dit qu’ils vont me l’amener. C’est à ce moment-là que la couveuse entourée de toute une équipe médicale fait son entrée. Peinant à me redresser avec la césarienne toute récente, j’arrive tout de même à la voir, toute petite, dans sa couveuse. Je lui dis : “Je t’aime” et lui touche le doigt et, c’est à ce moment-là où elle a ouvert les yeux, ses deux petites fentes noires plongées dans les miens. C’est à ce moment-là que j’ai compris que nous avons fait ce pacte qui nous a liées à vie. Elle sera forte pour moi mais il faudra que je sois forte pour elle. Le parcours est long, éprouvant, traumatisant mais aujourd’hui elle est là.

Née à 27SA, 32cm, 598g, Lou va bien à présent : elle fait maintenant 5kg, sourit et rit beaucoup, elle a 7 mois cette semaine ! Quelques petits combats à gagner pendant les quelques semaines en néonatalogie mais elle a remporté celui de la vie. Ne perdez pas espoir, soyez courageux autant qu’ils le sont. Participez à son effort, prenez-le dans les bras le plus souvent possible. Dites-lui que vous l’aimez, donnez-lui une raison de se battre et, votre enfant sera fort, bien plus que nous ne le serons jamais. »

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