Eclampsie : En l’espace de 15min, j’ai perdu la vue

Eldjia a connu une pré-éclampsie tardive à sa 2ème grossesse avec diabète gestationnel. Cela s’est compliqué en éclampsie post-partum juste après l’accouchement puis en embolie pulmonaire deux semaines après son retour à la maison. Elle reste encore traumatisée par cette épreuve. Il est important que la jeune maman soit suivie jusqu’à 6 semaines après l’accouchement quels que soient les antécédents médicaux.

« Je m’appelle Eldjia, j’ai 34 ans et j’ai accouché de mon deuxième enfant le 24 mai 2022 à la maternité de Saint Maurice dans le Val-de-Marne.
J’ai appris ma grossesse au mois de septembre 2021. Ma grossesse s’est très bien passée, j’avais un suivi mensuel à la maternité. À partir du 3ème mois, on m’a détecté un diabète gestationnel qui a été très bien géré. Tout a basculé le 24 mai 2022 lorsque je me suis réveillée ce matin-là avec un flou visuel comme si j’avais une poussière dans l’œil et des maux de tête.

Je ne me sentais pas bien mais rien d’alarmant, j’étais à 39SA+5 et la veille j’avais quelques douleurs au ventre, je pensais que le travail allait commencer. Je décide de prendre ma tension par hasard car mon mari possède un tensiomètre du fait de son hypertension et là je ne comprends pas… J’étais à 20 de tension ! J’appelle mon mari en panique lui demandant de quitter son lieu de travail. Entre temps, mes maux de tête s’intensifiaient sachant qu’une semaine avant, j’avais eu un rdv à la maternité avec contrôle des urines et que tout allait bien. Je n’avais jamais eu aucun problème de tension.

Complications en post-partum

J’arrive à la maternité avec de très gros maux de tête. Ils me prennent en charge et posent un diagnostic de pré-éclampsie. En l’espace de 15 minutes, j’ai perdu la vue et là, panique, on m’annonce qu’on m’emmène immédiatement au bloc pour une césarienne en urgence avec anesthésie générale. Je ne voyais rien, le personnel médical me rassurait et bizarrement je suis restée très calme face à cette épreuve car je ne pensais qu’à mon bébé qui lui allait très bien. Je me souviens m’être réveillée, que la sage-femme m’a annoncé que mon fils allait très bien et qu’il était à côté de moi. Je n’ai pu que le toucher car je ne voyais rien. Le Samu arrive pour m’emmener à La Pitié-Salpétrière à Paris et là, pendant le transport je sens des décharges envahir mon corps et j’entends crier dans le Samu : « Elle convulse ». À partir de là je ne me souviens de rien. Je me réveille ensuite en réanimation. Entre temps j’ai eu d’autres séries de convulsions puis ce n’est qu’à 3h00 du matin que j’ouvre enfin les yeux et vois des médecins autour de moi. Apparemment j’ai fait une crise d’éclampsie sévère avec PRES syndrome. J’ai eu des œdèmes cérébraux au niveau de l’os occipital ce qui justifie ma perte de vision. Je reste hospitalisée en réanimation pendant quelques jours.

J’ai pu revoir mon fils trois jours après à sa sortie de la maternité. Lui était en très bonne santé. Par la suite, j’ai été transférée dans un service de soins intensifs neuro-vasculaire, j’ai passé une IRM et la neurologue m’a informé que j’avais fait comme un AVC mais heureusement sans lourdes séquelles. Autant vous dire que j’ai très mal vécu ce périple, même si les médecins autorisaient les visites de mon nouveau-né. La séparation a été très difficile à vivre. Dès qu’il s’en allait, je faisais des crises d’angoisse. Ayant un premier garçon de 5 ans qui lui le vivait très mal – il avait très peur pour moi – à chaque fin de visite, j’étais en pleurs. Je me sentais impuissante et terriblement seule.

Embolie pulmonaire

10 jours plus tard, je sors enfin retrouver mon mari et mes enfants. Cela allait mieux mais étant dans l’incapacité de m’occuper de mes enfants, mon mari a été présent pendant ma convalescence. Seulement, trois jours plus tard, je me réveille d’une sieste avec comme un point de côté à la poitrine puis la douleur persiste. Je prends un Doliprane™ mais rien ne passe. J’avais du mal à prendre une inspiration. Ce n’est que le lendemain que je commence à m’alarmer, la douleur s’intensifiait et j’avais du mal à respirer. Je retourne donc aux urgences de la Salpétrière et ils me font un scanner. Le verdict tombe : embolie pulmonaire. Rebelotte, séjour à l’hôpital d’une semaine pour traiter l’embolie.

Aujourd’hui je ne réalise toujours pas ce qui s’est passé, tout a été si rapide. J’idéalisais mon accouchement par voie basse comme pour mon premier, je ne m’attendais pas à une douleur si brutale avec la césarienne. Je voulais allaiter, je m’étais préparée quelques jours avant à stimuler mes seins car à ma première grossesse, l’allaitement avait été très difficile et cette fois, avec tous les traitements que j’avais, l’allaitement n’était pas compatible. Il m’arrive encore aujourd’hui d’avoir des angoisses. »

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