Eclampsie post-partum : On m’a offert une deuxième vie

Justine a vécu quelque chose d’assez rare : une éclampsie en post-partum. Après l’accouchement, elle avait pourtant des symptômes qui ne trompaient pas… Elle a dû suivre une rééducation pendant plus d’un an à la suite de cela. Merci à Justine pour son engagement auprès de notre association.

« Aujourd’hui je suis l’heureuse maman d’un petit Raphaël né le 25 mai 2020. Ma grossesse s’est parfaitement déroulée, sans complication. Prise de sang : bonne, tension : bonne, position du bébé : bonne, prise de poids : bonne… Mon fils est né à terme, j’ai accouché par voie basse sous péridurale, tout se présentait bien jusqu’à ce 1er juin 2020.

Après mon accouchement, de retour dans ma chambre en maternité, c’est alors que j’ai eu des troubles de la vision. Les médecins m’indiquent que c’est normal suite à l’accouchement et à l’effort. Je mets en place mon allaitement qui se déroule plutôt bien.

Des signes d’alerte

De retour à la maison, je commence à être de plus en plus mal. Je remarque une prise de poids soudaine. Des maux de tête violents apparaissent, je suis éblouie, mon corps a gonflé à vue d’œil. Je décide de prendre ma tension : 21/2.

Nous nous rendons aux urgences où on me diagnostique une pré-éclampsie en post-partum. Je suis seule dans une salle avec mon conjoint et mon fils. Mon conjoint me dira plus tard que j’ai convulsée. Il fait mention de cet épisode aux médecins mais cela ne les alarme pas. Les médecins décident de m’hospitaliser durant une semaine, dans un autre hôpital que celui où j’ai pu accoucher.

Mon fils étant allaité, je suis hospitalisée avec lui afin de continuer mon allaitement mais également avec ma mère car je n’ai pas la force de porter mon fils, je n’ai plus de force dans les bras. Ma maman peut ainsi faire les soins nécessaires à mon fils et me l’amener au sein.

Le lendemain matin, je me réveille sans trop savoir quoi faire de mes mains, il m’est impossible de tenir un couteau, de me brosser les dents, de me lever du lit. Je n’arrive plus à rien faire, plus à penser, tout s’embrouille dans ma tête, j’ai cette sensation d’être perdue. Nous alertons les médecins sur cette sensation mais aucune réaction de leur part. Je sors de la maternité (pour une seconde fois).

Le diagnostic tombe enfin

En rentrant à la maison, je suis de plus en plus perdue, je n’arrive pas à m’exprimer, je me « cogne » dans les murs, je suis fatiguée, je veux dormir. Nous appelons de nouveau le SAMU. Je suis alors de nouveau transportée aux urgences afin de passer cette fois-ci un scanner. Mon fils attend dans la voiture, les infirmières et le personnel médical viennent le chercher pour l’allaitement (période COVID oblige, personne ne rentre). Le diagnostic vient de tomber : je suis victime d’un AVC dans le cadre d’un post-partum. Pour le moment on ne peut pas en savoir plus, je dois être transférée.

On me transfère en soins intensifs en hôpital neurologique à Lyon, cette fois-ci sans mon fils…  On indique à ma famille que ma vie est en jeu, il faut attendre 48h. Le verdict est confirmé : je suis victime d’un AVC hémorragique. On me l’explique mais je ne comprends pas, j’ai l’impression de ne plus parler français… J’entends ce qu’on me dit mais je ne comprends pas le sens des mots. On m’indique que cet AVC hémorragique fait suite à une éclampsie en post-partum. Des questions me viennent : « Mais c’est quoi une éclampsie ? Pourquoi cela a échappé à trois médecins ? Pourquoi on ne me donne pas un traitement ? » Le personnel soignant m’indique qu’il faut maintenant stopper l’allaitement, j’ai besoin d’un traitement non compatible avec l’allaitement.

Après trois jours passés en soins intensifs, je rejoins un service de médecine dans le même hôpital pendant une semaine, une semaine sans voir mon fils, première fête des mères sans mon fils, mais entourée d’une équipe médicale au top qui est aujourd’hui gravée dans mon coeur. Je passe toute une batterie d’examens, de contrôles, on me pose sans cesse des questions. Après avoir quitté l’hôpital, j’intègre un centre de rééducation en hôpital de jour afin de pouvoir rentrer à la maison tous les jours et ainsi voir mon fils. Séances de kiné, orthophonie, ergothérapie, psychomotricité… Je n’aurais jamais pensé que ma première grossesse ce serait terminée ainsi. Je n’ose toujours pas porter mon fils de peur de le lâcher, je ne peux plus conduire, je n’arrive pas à m’exprimer, je ne comprends toujours pas quand on me parle, je dérive du côté gauche en marchant.

Rééducation

Après deux mois et demi en centre de rééducation et une IRM de contrôle, on m’annonce que mon hématome est totalement résorbé. Je continue la rééducation en libéral où j’apprends le langage des signes pour bébé, des comptines, des comptines signées mêlant ainsi ma rééducation et l’éveil de Raphaël. Les jours passent, je me sens de mieux en mieux, je récupère mes capacités et j’en suis fière. Je reprends confiance en moi et je peux maintenant donner le premier bain à Raphaël sans avoir peur de le lâcher.

Aujourd’hui, on me dit que j’ai eu de la chance, beaucoup de chance et je le sais. On m’a offert une deuxième vie mais ma plus grande chance et ma force ont été ma famille et toute l’équipe médicale qui m’a entourée durant un an et demi.

Avant cette expérience, je n’avais jamais entendu parler de la pré-éclampsie, de l’éclampsie et surtout pas en post-partum. Aujourd’hui, ma santé retrouvée et toutes mes capacités, je fais part de mon expérience et en parle autour de moi  afin d’alerter sur cette maladie. Mais aujourd’hui j’ai envie d’agir plus pour lutter et informer le plus grand nombre de parents. »

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