Pré-éclampsie : Je vois mon fils dans une boîte transparente

Vitalia a vécu une pré-éclampsie prise en charge en urgence à 33SG suite à un décollement placentaire et hémorragie. Heureusement bébé et maman vont bien aujourd’hui.

« Je m’appelle Vitalia, j’ai 24 ans quand je tombe enceinte. Première fausse couche. Un mois après, deuxième grossesse. Nous apprenons que c’est un petit garçon. Prénom choisi, il s’appellera Livio.
Bien que je n’ai pas aimé ma grossesse, lui je l’aimais dès l’apparition de cette deuxième barre sur le test de grossesse. Tout s’est super bien passé durant la grossesse jusqu’à la dernière semaine de mars 2022.

Vendredi 25 mars, j’étais fatiguée plus que d’habitude, je n’avais rien mangé, je ne faisais que dormir, cela n’était vraiment pas moi. 19h00, je prends ma tension, je lis : 180/80. Je décide de téléphoner à la maternité pour un monitoring de contrôle. Première grossesse, tout est nouveau pour moi. Je suis de base une très grande stressée. L’infirmière me dit de me rendre aux urgences. Là-bas, tout va bien au monitoring, ma tension redescend, elle redevient normale. On me laisse partir en me disant de me reposer encore plus. Ok…

Samedi 02 avril 2022, nous avons deux anniversaires sur la journée, nous allons aux deux. Sans problème, tout va bien ! Nous rentrons à la maison aux alentours de 00h30. Je me débarbouille, je monte me coucher. 03h21, je sens que c’est mouillé en bas. Je me lève, allume la lumière et là, ce n’est pas de l’eau mais du sang, partout. Je crie pour réveiller mon compagnon, je descends, je me lave, des caillots de sang tombent. Je comprends que ce n’est pas normal. Mon compagnon appelle une ambulance. Ils arrivent assez vite, je pars seule, le Covid est encore là. Cela a été le trajet le plus long de ma vie. Il fait super froid. Je me pose un milliard de questions : « qu’est ce qui se passe ? Qu’est-ce que j’ai fait ? »

Prise en charge en urgence

Nous arrivons 20 minutes après à l’hôpital où j’avais prévu d’accoucher. Je suis prise en charge aux urgences, la gynécologue de garde ne comprend pas d’où vient tout ce sang. Cela n’arrête pas de couler, je me rappelle avoir un essuie-tout entre les jambes. Elle finit par m’installer dans une chambre en service maternité, on me remet sous monitoring.
Dix minutes après, ma gynécologue, une deuxième et une troisième arrivent dans la chambre… On me dit : « Madame, nous sommes le 03 avril 2022, nous allons aller chercher votre fils. » Le monde s’est écroulé… Je ne comprenais pas pourquoi, pourquoi si tôt ? J’étais à 33 semaines de grossesse. Il me restait encore sept semaines, la date d’accouchement était prévue pour le 15 mai 2022.

Je descends au bloc, seule encore une fois, pour avoir une césarienne d’urgence. Mon compagnon ne peut pas venir. On m’installe comme Jésus sur la croix. J’ai hyper froid, on me fait la rachi dans le dos. Tout va bien. Je respire, je relativise. Mon fils va arriver…
05h39, je tourne ma tête, mon compagnon est là, assis sur un tabouret habillé comme un cosmonaute, mais il est là, avec moi.
05h41, j’entends mon fils pleurer et là, le soulagement. Il est là. Je ne sais pas si tout va bien. Il est directement pris en charge par le pédiatre, des infirmières, une sage-femme ; mon compagnon les suit.
Le pédiatre revient, me dit que mon fils et moi devons être transférés dans un autre hôpital car le poids de mon fils n’est que d’1,4kg. Il revient pour me dire qu’après une pesée plus correcte, il pèse 1,6kg, nous pouvons rester ici. Je reste trois heures en salle de réveil. Je n’ai pas mal car je reçois de la morphine en continu. Une fois que je sens à nouveau mes jambes, je le signale et on me remonte.

La néonatalogie

J’arrive dans le service néonatalogie. Un service que je ne connais absolument pas hormis de nom. Pour moi, les bébés allaient là quand ils étaient prématurés. Mais qu’est-ce que la prématurité au fait ? Je vois mon fils dans une boîte transparente, on l’appelle la couveuse. Il est branché à des milliers de câbles pour moi. On me propose de l’avoir sur moi, de faire le peau à peau, ce que j’accepte volontiers. Je fonds en larme. Il est là, si petit, si fin, il a énormément de cheveux. Il respire seul. J’ai eu la chance d’avoir une chambre mère-enfant, sinon il aurait dû rester dans une chambre commune avec d’autres enfants prématurés. Je suis dans le lit, sondée, impossible de me lever à cause de la césarienne. Il est dans sa couveuse, dans un coin de la chambre, branché de partout mais il va bien, c’est le principal.
Mon compagnon a prévenu la famille, personne ne le croyait. On me voyait la veille enceinte ; le lendemain, on leur apprenait que notre fils était arrivé.

Le lendemain, lundi 4 avril, on m’explique ce qui va se passer pour moi, pour lui, pour nous dans les prochains jours, prochaines semaines… Nous devons rester un moment, au rythme de mon fils. Lui seul est le capitaine du navire. Nous sommes restés un mois. J’avais droit à deux personnes par jour pour la visite. Cela a été dur émotionnellement. Je ne voyais pas du tout mon séjour après l’accouchement comme cela. Je pleurais chaque soir. Mon fils allait toujours super bien. Pour sortir, il devait remplir certains critères comme arrivé à 37 semaines, régulariser sa température, boire seul, ne plus avoir besoin de ci ou de ça. Après la couveuse, il est passé en lit chauffant puis en lit normal. Il a toujours, toujours été branché.

On m’a expliqué que j’avais eu une pré-éclampsie : protéines dans les urines, tension beaucoup trop haute, que le placenta ne fonctionnait plus correctement. Qu’à la suite de cela, il s’était décollé et n’alimentait plus mon fils, et que cela avait entraîné une hémorragie d’où les saignements abondants… Une amie n’a pas eu la même chance que moi, elle a perdu son fils a 8 mois de grossesse dû à cela, il y a une dizaine d’années. C’est un sujet que peu voire personne ne connaît, ni la prématurité…

Mon fils a 6 mois [octobre 2022], il est en parfaite santé. Il est remonté sur la courbe d’un bébé né à terme. Il mesure 62cm et pèse 6,7kg. Il va à la crèche. Tout va bien. »

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