Aujourd’hui Cathy partage son expérience de grossesse pourtant suivie et avec traitement hypotenseur avec une pré-éclampsie discrète à 33SA+4 (seul le RCIU était présent, mais aucune protéinurie ni tension) qui s’est dégradée en quelques heures mais heureusement elle a bien insisté auprès du personnel médical car elle sentait que quelque chose n’allait pas. Sa deuxième grossesse connaîtra aussi un RCIU sévère sans autre signe de pré-éclampsie.
« Je suis maman de deux petites filles qui ont 3 ans d’écart, qui sont nées exactement au même terme 33+4 SA.
Ma première grossesse en 2015, pré-éclampsie avec RCIU (retard de croissance in utero). Zoé, presque 5 ans aujourd’hui, née à 1,360kg pour 42cm.
Ma deuxième grossesse RCIU sévère sans déclenchement de pré-éclampsie, pourtant les médecins l’ont cherchée la pré-éclampsie ! Hospitalisation 3 semaines avant accouchement « madame, on ne comprend pas, vous allez bien mais pas votre bébé qui a tous les signes de la pré-éclampsie…». Pauline, 2 ans déjà, née à 1,200kg pour 38 cm.
Je voudrais dire à toutes les femmes qui sont enceintes : « Faites-vous confiance, si vous sentez que quelque chose ne va pas, parlez-en, n’hésitez pas ». Ma grossesse n’a été abordée que par l’aspect médical à l’instant T, sans tenir compte de mes doutes, de mes symptômes, de mes interrogations, de mes ressentis qui étaient pourtant fondés…
Je vais vous raconter les péripéties de ma 1ère grossesse qui se solde par une pré-éclampsie avec un déclenchement en urgence de la césarienne…
Tout commence le 15 janvier 2015 lorsque j’apprends ma 4ème grossesse ! (3 fausses couches avant !) mais là ça y est c’est parti ! Je suis extrêmement angoissée à cause de mes précédentes fausses couches mais on avance dans la grossesse, tout se passe bien, je suis sous aspirine dès le début ! Écho des 3 mois, tout est ok, quelques notchs sur mes artères mais rien d’alarmant ! C’est une fille ! Nous sommes hyper contents, c’était notre petite préférence ! Mais toujours très angoissée car j’arrive difficilement à y croire.
Échographie des 4 mois, tout est ok, petit gabarit avec toujours des présences de notchs mais tout va bien ! Nous faisons le choix d’être suivis par un sage-femme libéral qui suit la grossesse du début à la fin et qui sera présent lors de l’accouchement et qui fait également les séances d’haptonomie. Nous choisissons aussi ce mode de suivi car je voulais accoucher sans péridurale. Vers 6 mois de grossesse je vois bien que je ne grossis pas… J’en fais donc part à mon sage-femme. Il me dit : « Tout va bien, on sait bien que ça ne sera pas un gros gabarit ».
Fin juin à 6 mois et demi de grossesse lors d’un examen de suivi, ma tension est un peu haute mais rien de bien grave, un arrêt de travail pour me reposer et un petit hypotenseur. Après 1 semaine d’arrêt, je reprends mon travail, ma tension est ok sous hypotenseur et analyse d’urines, ok ! 4 jours après, ma tension remonte donc arrêt de nouveau !
Ma tension est ok lors des contrôles, test urines ok ! Je ne grossis toujours pas ! Mon sage-femme me dit « RAS ».
Je suis à 30SA. La nuit, je commence à avoir très mal au ventre sous la poitrine. Et ça quasiment toutes les nuits. J’en pleure tellement la douleur est insupportable. Je le signale à mon sage-femme qui met ça sur le stress, la bandelette urinaire et tension toujours ok ! Il me fait quand même voir un généraliste mais le médecin dit « RAS » !
Arrive l’échograhie des 7 mois. Je fais faire mes échos dans un cabinet privé avec une gynécologue. Elle me dit : « Tout va bien, mais bébé un peu petit en poids, les notchs sont toujours-là, on refait une écho dans 3 semaines, mais tout va bien ». Elle enchaîne par : « Vous ne prenez toujours pas de médicament ? », je lui réponds que je suis sous hypotenseur. Son visage a changé de couleur… La gynécologue me demande quand je vois mon sage-femme, je le vois lendemain. Elle me demande de la rappeler pour voir ce qu’il en dit… mais sans rien dire de plus. Mon RDV sage-femme tout se passe bien, pas de tension, bandelette urinaire ok… Il regarde l’échographie et me dit : « Oui, bah on sait bien que ça va être un petit poids » ! Trois jours après, j’ai RDV avec l’anesthésiste de l’hôpital (visite de routine), ma tension RAS ! S’en suit rdv sage-femme pour l’haptonomie.
C’était un jeudi ! À la fin de la consultation, je lui demande de reprendre ma tension. Il me dit : « Il n’y a pas besoin, l’anesthésiste l’a prise tout à l’heure, tout allait bien, il n’y a pas besoin ». J’insiste, donc… il me l’a reprend… 18/5 de tension ! Mon sage-femme est un peu désemparé. Il me dit que normalement il ne devrait pas me laisser rentrer chez moi. Il me laisse finalement rentrer pour que j’aille me reposer en me donnant son numéro en cas d’urgence et en me donnant un RDV à 8h00 pour un monitoring à l’hôpital le lendemain. Vendredi matin, le monitoring est mauvais, chute du rythme cardiaque sur une contraction que je n’ai pas sentie. Il nous dit que c’est grave, que je dois rentrer faire ma valise car je vais être hospitalisée, il m’envoie à la Salpetrière à Paris car il connaît bien le chef de service. On arrive aux urgences à 15h00, il y avait un monde fou… Je dis à mon mari : « On en a pour 5h !! ». J’ai même pas eu le temps de m’asseoir que l’on m’a appelée. Prise de sang, analyse d’urines, monitoring.
30 min après, l’infirmière me demande : « Avez-vous déjà eu mal au ventre, comme une barre sous la poitrine ? », je lui dis : « oui, toutes les nuits. » Elle me dit votre taux de protéines dans les urines a explosé ! Ils me font plein d’examens, plusieurs échographies. On ne comprend pas tout. On comprend qu’il y a un problème mais on a du mal à suivre. Il est 18h00, le médecin me refait une énième écho. Elle me dit : « Vous savez pourquoi on fait autant d’écho », je lui dis : « Non pas trop », elle me dit : « On essaie de savoir le poids de votre bébé parce qu’ici on prend les bébés qu’à partir de 1,600kg et si on vous accouche ce soir j’ai besoin de savoir si on doit vous transférer » ! « CE SOIR…mais je suis à 7 mois de grossesse, je ne peux pas accoucher ce soir ! » Et là, ma tension est montée à 22, ils ont essayé de me stabiliser. Après 1h45 de stabilisation et une injection de corticoïdes pour la maturation des poumons, on me transfère dans un hôpital niveau 3 au CHU de Montreuil (93) car bébé estimé à 1,400kg…
Arrivés à 3h00 du matin à Montreuil, où on me refait 150 tests, je suis épuisée, vidée, déboussolée, je ne comprends pas ce qui se passe. Mon mari suit le mouvement mais il est complétement déboussolé aussi ! Le samedi, je ne fais que pleurer, j’ai peur pour mon bébé qu’il ne vive pas, je ne comprends pas tout… Une sage-femme vient dans ma chambre et vient nous expliquer et mettre des mots sur tout ce qui se passe. C’est enfin là que j’entends le mot « pré-éclampsie » ! On m’explique que pour me sauver il faut retirer le placenta donc retirer le bébé ! L’objectif c’est de me maintenir 48h pour que les corticoïdes fassent effet. On m’explique ce qu’est un bébé prématuré, la couveuse, la néonatalogie etc. Ils ont réussi à me maintenir pendant 3 jours. Mes analyses de sang étaient catastrophiques ! Mes reins et mon foie ne fonctionnaient plus, mes plaquettes très basses et ma tension à 19 même sous hypotenseur ! J’ai eu la chance d’avoir une équipe médicale super pour ma césarienne en urgence !
Ma fille Zoé est née à 2h05 du matin le 28 juillet 2015 à 1,360kg pour 42cm ! Je l’ai entendue crier. Je n’ai pu la voir que 24h après sa naissance, j’ai dû rester en observation en salle de réveil, ma tension me jouait des tours… Elle a maintenant presque 5 ans et c’est une petite fille pleine de vie ! Si je n’avais pas insisté pour qu’on me reprenne ma tension ce jeudi soir, cela m’aurait probablement coûté la vie et/ou celle de ma fille.
Écoutez-vous, insistez, il vaut mieux un examen inutile, que passer à côté de quelque chose d’important.
Ma deuxième grossesse a été suivie de très près dès le début. On a su dès 24SA que je n’irai pas au bout. RCIU sévère mais sans récidive de pré-éclampsie. Et pour le coup, ils l’ont cherchée cette pré-éclampsie. Personne n’explique pourquoi bébé avait tous les signes et pas moi ! Un mystère de la science ! Pauline est également en très grande forme !
Nous remercions énormément les équipes qui nous ont soutenus lors de mes deux accouchements que ce soit en service de grossesse à risque, lors de mes césariennes ou en néonatalogie. »