La grossesse d’après, suite à une pré-éclampsie sévère et atypique (Léa)

Découvrez le second témoignage de Léa, une des bénévoles de notre bureau associatif, qui a pu vivre une grossesse d’après sans récidive avec un bon suivi par une équipe de professionnels bien informés sur la pré-éclampsie. Retrouvez son premier témoignage dans la rubrique « Blog », publié le 31 juillet 2019 (« Je n’ai pas accouché, j’ai « éclampsié »… »).

« Je m’appelle Léa, j’ai 34 ans et je fais partie du bureau de l’association Grossesse Santé contre la pré-éclampsie. J’ai rejoint l’association suite à la naissance de mon premier fils le 21 novembre 2018. Aujourd’hui, je souhaite vous faire part de mon témoignage sur ma « grossesse d’après ».

Mais d’après quoi ? En quelques mots, en mars 2018, je suis tombée enceinte assez rapidement. Jamais de fausse couche, la grossesse s’est assez bien déroulée en dehors des maux classiques. Mais vers 6 mois, début d’œdèmes, tension normale, pas de protéinurie. Vers 7 mois et demi, ma tension commence à monter légèrement, mais les protéines, non et elles ne monteront jamais. Les œdèmes eux commencent à toucher mon visage. On me surveille de près, mais mon corps cache beaucoup de choses, ma tension monte d’un coup à 21/11 et je fais une éclampsie compliquée d’un HELLP syndrome à 38SA. Un cas atypique de pré-éclampsie sans protéines et avec une barre épigastrique…dans le dos. Je suis inconsciente, on m’emmène pour une césarienne code rouge sous anesthésie générale : coma artificiel, transfusion, reprise de césarienne. Je n’apprendrai que j’ai accouché que 36h après, une fois sortie du coma. Bébé Lubin est un peu secoué, a besoin d’aide pour respirer mais il va bien. Nous serons hospitalisés deux semaines. Nous nous remettrons tous les deux physiquement assez rapidement et sans séquelles.

Psychologiquement c’est autre chose… Je n’ai pas su que j’allais accoucher, je n’ai pas vécu mon accouchement et j’ai rencontré mon fils tardivement après qu’un médecin m’ait dit : « Félicitations, madame, vous avez accouché d’un petit garçon qui s’appelle Lubin ». Bizarre d’entendre le médecin m’annoncer le prénom de mon fils… Ce n’est pas l’inverse normalement ? On m’a donné toutes les informations générales concernant les risques de récidive, en m’indiquant toutefois que ce n’était pas impossible pour moi d’avoir d’autres enfants. Oui, peut-être, mais quel intérêt de prendre des risques ? On a survécu, on va tous bien, pourquoi prendre le risque de laisser un enfant, mon enfant sans sa maman ? Ou de perdre un enfant à cause de la maladie ? J’en voulais quatre, mais après cela, je ne voyais pas comment j’arriverais à surmonter tous les obstacles qui m’attendaient, nous attendaient, pour en avoir un deuxième.

J’ai tenté longtemps de fermer la porte à l’éventualité d’un autre enfant…sans succès. Alors il fallait que je prenne les choses en main. Nous avons rencontré le Pr Tsatsaris qui nous a expliqué tous les risques spécifiques à mon cas. Nous avons fait des analyses et recherches, rencontrés le médecin qui me suivrait à Chartres. Je suis allée voir un hypnothérapeute. Une révélation. Mes peurs ont été atténuées et on s’est lancés dans l’aventure de bébé 2.

Je tombe de nouveau facilement enceinte, deux ans après la naissance de Lubin. Je suis bien suivie, mon médecin est confiant, mais prudent. Je prends de l’Aspegic® nourrisson tout au long de ma grossesse et je prends régulièrement ma tension. Plus la grossesse avance et plus les rendez-vous se multiplient : échographies, prises de sang, monitoring, bandelettes urinaires. Plus les semaines passent et plus la date des 38SA (fatidiques) se rapproche. On me parle d’abord d’un déclenchement à 39SA et comme tout va bien on me laisse continuer la grossesse tranquillement. Aucun œdème, aucune hausse de tension (c’est-à-dire au-dessus de 135/85 dans mon cas), aucune protéinurie. La grossesse se passe bien, je suis tout de même en arrêt dès 14SA pour être à l’écoute de tous les symptômes et pouvoir être au maximum au repos. Et à 39SA+6, Auxence voit le jour, le 9 août 2021, sans déclenchement, par voie basse, avec une équipe aux petits soins, une péridurale posée très tôt pour partir au bloc à n’importe quel moment et un accouchement surveillé comme le lait sur le feu. Je serais quand même suivie quelques jours au service des grossesses pathologiques afin de s’assurer que je ne récidive pas.

Alors OUI, une grossesse d’après qui se passe bien, c’est possible, même quand on a vécu une pré-éclampsie sévère et atypique. MAIS il faut s’entourer de professionnels qui connaissent bien la maladie.

L’hypnothérapie et l’association m’ont beaucoup apporté. Échanger avec des mamans qui ont vécu des choses très similaires aide à passer certains caps. Je ne pense finalement pas avoir 4 enfants, mais désormais cela n’a plus rien à voir avec la peur de la maladie. 😊 »

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Cet article a 4 commentaires

  1. Marline

    C’est edifiant et encourageant car dans mon cas jai perdu le bb.suis telement tromatise que je n’arrive pas a oublier

    1. GrossesseSante

      Nos douces pensées pour votre petit ange ❤️🕊️

  2. Léa

    Bonjour,

    Merci pour ce témoignage d’espoir.
    Je viens de perdre mon bébé, mort né à 35SA après un accouchement parfait. La pré éclampsie et le Hellp se sont pour ma part déclenchés en post partum 5h après l’accouchement sans aucun signe pendant la grossesse.

    1. GrossesseSante

      Chère Léa, nos pensées les plus douces pour votre bébé, n’hésitez pas à nous contacter si vous avez besoin de soutien

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