Mon père a cru perdre le même jour sa femme et sa fille

Daphné est née en 1995 à la suite d’une éclampsie. Elle n’a pas gardé de séquelles de son extrême prématurité. Elle a pu donner naissance à son petit garçon sans signe de pré-éclampsie. Il est reconnu que la pré-éclampsie a un caractère héréditaire mais cela n’est heureusement pas systématique.

« Mes parents m’attendaient pour l’été 1995. La grossesse de ma mère ne se voyait pas beaucoup et j’étais assez petite comparé aux autres fœtus au même stade de développement. Ma mère avait 24 ans et était en bonne santé donc elle avait un suivi ordinaire pour sa grossesse. 

En avril 1995, à 28SA, ma mère a décrit une grosse fatigue accompagnée de maux de têtes à mon père. Le hasard a fait que ce jour-là il n’était pas attendu au travail, donc il est resté à la maison avec ma mère qui est restée au lit. Lorsque ma mère a voulu aller aux toilettes, elle s’est levée et est devenue soudainement « aveugle » (on sait maintenant qu’il s’agit d’un signe d’hypertension) : avant de perdre connaissance, elle a alerté mon père qui a fait venir une ambulance. 

Ma mère était en train de faire une crise soudaine de pré-éclampsie qui a évolué en éclampsie totale. Elle a subi une césarienne en urgence. Elle est restée plusieurs jours dans le coma, sans savoir que j’étais née. Mon père a cru perdre le même jour sa femme et sa fille. Je pesais 900 grammes et, d’après mes proches, « je tenais dans une boîte de mouchoirs ». J’ai été mise en couveuse.

Au réveil de ma mère, elle a d’abord vu ma photo (sur Polaroïd©) avant de pouvoir me rendre visite. 

Je suis restée 76 nuits à l’hôpital avant de pouvoir rentrer à la maison. Mes parents m’ont rendu visite quotidiennement et ont cru plusieurs fois me perdre. Ma mère me dit souvent qu’en sortant de l’hôpital à l’âge de 3 mois elle m’habillait encore en taille naissance. Les médecins pensaient que j’aurais toujours un retard de développement, mais au bout de ma première année de vie j’avais rattrapé les autres enfants de mon âge. 

Aujourd’hui âgée de 28 ans, je suis maman d’un petit garçon de 11 mois et, même si j’ai eu très peur d’avoir la même maladie que ma mère, ma grossesse s’est passée sans encombre et mon fils est né à 39SA par césarienne programmée pour siège. 

J’espère que ce témoignage permettra à chacun.e de reconnaître plus facilement certains signes de la pré-éclampsie/éclampsie : maux de tête, fatigue écrasante, perte de la vue. J’espère également que les mamans de bébés grands prématurés seront rassurées de savoir que l’éclampsie n’est pas forcément héréditaire et qu’un bébé prématuré peut se développer sans problèmes majeurs. »

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