Pré-éclampsie à la 2ème grossesse sans antécédents et deuil périnatal

Nous partageons le témoignage poignant de cette maman qui a vécu la mort in utero de son petit bébé lors de sa deuxième grossesse avec pré-éclampsie compliquée d’un HELLP syndrome, sans antécédents pourtant… Il est vital de faire connaître les symptômes aux futures mamans pour réagir au plus vite dans l’intérêt de bébé et maman ! Nous envoyons nos tendres pensées à ce petit ange et tout notre soutien à cette maman.

« Cette grossesse était différente dès le début ! J’attendais mon deuxième enfant et j’en étais tellement heureuse. Cela me manquait de tenir un bébé dans les bras. J’avais hâte de donner un frère/une sœur à ma fille.

Durant toute la grossesse, je ressentais de la fatigue, j’avais des maux de tête. Je vomissais tout le temps et j’avais de l’hypersalivation. J’avais donc tout le temps un chewing-gum dans la bouche, préférablement à la menthe. Durant 7 mois, je ne pris aucune photo de mon ventre tellement je me sentais misérable. Mais je tenais bon car je voyais la lumière au bout du tunnel. 

Tout bascula ce jour où je me rendis à l’hôpital pour un simple contrôle spontané. Je n’avais pas de rendez-vous, j’y suis tout simplement allée parce que ma tension était extrêmement élevée : 172/109, la veille au soir. Depuis peu, je m’étais rendue compte que mon visage, mes pieds étaient gonflés. Mes yeux étaient presque recouverts. On me disait que c’étaient les aléas de la grossesse donc je n’y avais pas prêté attention. J’avais quand même recherché mes symptômes sur Google et la pré-éclampsie était ressortie dans les résultats. Je n’ai pas cru que cela puisse être la cause car j’en étais à ma deuxième grossesse. Ce n’est qu’après que ma sœur m’ait fait remarquer mon visage gonflé que je me suis inquiétée. Elle m’a envoyé un message comme quoi cela pouvait être un symptôme de pré-éclampsie. Je lui ai dit que non mais je suis quand même allée à la pharmacie vérifier ma tension qui était extrêmement élevée.

Ne connaissant rien à l’hypertension ni à la pré-éclampsie, je n’ai pas paniqué. J’en ai parlé au pharmacien qui m’a dit de prendre rendez-vous avec mon médecin. On était un samedi soir, il m’a dit de voir mon médecin le lundi. Il n’était pas paniqué donc cela m’a rassurée. J’ai quand même préféré aller à l’hôpital, le lendemain matin. 

Ce jour-là, on m’annonce que mon fils était mort dans mon ventre… C’était horrible. J’avais ri en me rendant à l’hôpital, je disais à mon mari de pas s’inquiéter et de revenir me chercher. Qui l’eut cru. Après avoir vérifié ma tension, l’infirmière sortit son Doppler pour écouter les battements du cœur de bébé. Elle n’y arrivait pas. Elle plaisanta en disant que parfois cela ne fonctionnait pas du premier coup. Je rigolais aussi. Cela prit du temps… Elle n’entendait rien. Quelle a été la dernière fois où j’ai senti les mouvements de bébé ? Je ne sais pas. Je ne sais plus. Cela était flou dans ma tête. Je n’arrivais pas à m’en souvenir. Ou je ne voulais pas m’en souvenir ? La technicienne en échographie arriva, fit son travail et ressortit en silence. Elle ne dit rien. Moi non plus. Je gardais le silence. Je n’osais pas demander parce que je connaissais déjà la réponse. Mon bébé était parti à tout jamais. 

Tout s’enchaîna si vite. Je fus admise dans une chambre. J’entendais les mots « accouchement provoqué », « pré-éclampsie », « épidurale ». Je ne sais plus. Je me rappelle demander à l’infirmière l’épidurale. Je ne vais pas subir les douleurs de l’accouchement pour rien… Ma tension était toujours élevée. On me mit une perfusion de magnésium et autres médicaments. Cette brûlure dans la main à cause du magnésium, c’est atroce. On me parlait de spasmes. Il fallait à tout prix faire descendre la tension. Les résultats sanguins n’étaient pas bons. Il y avait trop de protéines dans mes urines. Le niveau des plaquettes était bas. Je sentais mon corps lâcher…

Je n’avais même pas le temps de pleurer mon fils. Il fallait que je lutte pour ma survie. On me préviendrait, si d’ici une heure, ma tension ne redescendait pas, je serais amenée à l’unité de soins intensifs. Je n’y comprenais rien. Il fallait à tout prix que j’évite cela et Dieu merci, ma tension s’améliora. Toujours élevée mais c’était mieux, on ne parlait plus de soins intensifs. J’accouchais le lendemain. En fait, mon corps expulsa le bébé et le placenta. Je n’ai pas eu de travail, rien. Je dormais et au réveil, les deux étaient déjà « dehors ». Les médecins étaient « émerveillés ». Moi, j’étais déçue parce que j’avais toujours espoir qu’il soit toujours vivant mais non, c’était la fin de cette grossesse. C’était aussi la fin du chewing-gum… J’aurai tout donné pour avoir encore des vomissements et garder mon précieux.

Je suis restée à l’hôpital trois jours avant de rentrer. La tension est revenue à la normale une à deux semaines après. Mais je n’étais plus la même. J’ai quitté l’hôpital avec une boîte et le cœur vide. 

Cela fait presqu’un an depuis la pré-éclampsie et la mort de mon précieux. Pré-éclampsie qui s’est avérée être compliquée d’un HELLP syndrome. On ne me l’a dit que six mois après… J’ai tellement de regrets et de questions. Je déplore le manque de connaissances sur la pré-éclampsie. Si j’avais su plus tôt, j’aurai réagi plus vite. J’aurais dû être plus alarmée. Je la ressentais la douleur de la barre épigastrique mais je ne savais même pas d’où cela venait. Je l’ai mis sur le compte des maux de grossesse. Ce n’est pas avec des « si » qu’on construit le monde…

Aujourd’hui, mon petit est avec les anges. Je suis heureuse pour lui et j’ai hâte de le revoir un jour. Je prie qu’on trouve un remède à la pré-éclampsie pour qu’aucune mère n’ait à perdre son enfant à cause de cela. Les hôpitaux et maternités devraient sensibiliser davantage les femmes sur cette maladie pour qu’elles puissent déceler les symptômes à temps. »

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