Elodie, sujette à hypertension, a dû subir un accouchement à 22SA après une semaine d’hospitalisation…à cause d’une pré-éclampsie sévère avec hypertension, œdèmes et protéinurie importante. Avant 23SA, on considère en France qu’aucun enfant n’est accessible à une réanimation. Nous envoyons tout notre soutien aux parents d’Ellie, en espérant que le suivi psychologique pourra les aider dans le deuil de leur petit ange. Nos douces pensées pour Ellie et les petits bébés partis trop tôt et à tous les par’anges qui nous suivent.
« J’aurais souhaité partager mon histoire, ma grossesse et la pré-éclampsie sévère précoce que j’ai vécue. C’est l’histoire de notre fille Ellie, notre petit soleil.
Je souffre d’hypertension depuis plusieurs années et pour cette grossesse désirée nous avons tout préparé : changement de traitement, accord du néphrologue, de l’hématologue et du gynécologue.
La grossesse débute très bien. Notre bébé grandit et ma tension est stable. Les résultats sanguins le sont aussi (pas de protéines dans les urines).
Et puis au 2ème rendez-vous gynécologue, celui à 21SA, je suis à 18 de tension. Mais ce jour-là, je suis stressée car j’ai peur d’être en train de faire une phlébite, mes jambes ayant subitement gonflé en un week-end. Je n’ai pas d’autres symptômes. Et après une écho doppler, rien de grave. Juste des gonflements liées à la grossesse. Gonflements qui avaient disparu aussi vite qu’ils étaient venus.
J’ai ma prise de sang le jeudi et je reprends mes tensions le mardi soir et le mercredi matin. Et là rien n’est rien ne va. Je suis encore à 18 de tension, j’avance ma prise de sang au mercredi. Vers 17h, le laboratoire m’appelle : « Madame, il faut aller à l’hôpital. Vous faites une pré-éclampsie. Vous avez trop de protéines dans les urines. »
J’arrive aux urgences. Et tout s’enchaîne assez rapidement.
Mes protéines passent de 3g à 21g en six jours. Mes plaquettes passent de 200 000 à 50 000.
Le jeudi suivant mon arrivée, nous devons prendre la décision la plus difficile de notre vie : mettre fin à celle de notre petite fille. Petite fille qui avait déjà cumulé deux semaines de retard de croissance.
Cet accouchement au-delà du traumatisme de n’entendre que mes pleurs dans la salle de naissance, a aussi été celui d’une naissance sans péridurale et sous dérivé morphinique. Un accouchement qui, malgré toute la bienveillance de l’équipe, a marqué notre vie à tout jamais.
Et cette petite fille, cette magnifique petite fille a fait de moi la maman la plus heureuse et la plus anéantie. Je suis envahie d’une culpabilité infinie et d’une incomplétude immense. Elle manque à ma vie et j’ai le sentiment d’en être l’unique responsable.
Je m’en veux d’avoir infligé cette souffrance à ma fille, à mon compagnon.
Aujourd’hui, chaque jour est un calvaire, nourrit par des vagues incontrôlables de tristesse. Nous avons décidé d’entamer un suivi psychologique afin de faire de notre petite fille bien plus qu’un gouffre de tristesse mais le soleil de notre vie.
Cette maladie, on en parle de loin, parfois…et pourtant j’aurais aimé savoir avant. »