Saki partage son vécu d’une pré-éclampsie tardive discrète pour sa 3ème grossesse sans antécédents. Elle a heureusement senti que quelque chose n’allait pas et s’est rendue aux urgences. Plein de bonheur à Saki et sa petite famille.
« Je souhaiterais vous faire part de mon expérience afin de sensibiliser sur les risques de la pré-éclampsie.
Tout d’abord je me présente : je m’appelle Saki, j’ai 32 ans, maman de mes 3 amours de 6 ans, 2 ans et demi et 15 mois. Je n’avais aucun antécédent de pré-éclampsie, mes deux premières grossesses se sont déroulées sans encombre.
Arrive le 9 janvier 2020, je découvre que je suis enceinte de mon troisième bébé, nous sommes aux anges, aucun nuage à l’horizon. Il faut savoir que j’étais suivie dans un institut privé très réputé pour mes deux premières grossesses, j’ai donc souhaité y retourner pour ma troisième. J’avais une échographie programmée par mois, non pas parce que j’étais à risque mais parce que lors de ma grossesse précédente ma fille était née avec un petit poids (2,780kg) et qu’ils pensaient que mon troisième bébé pouvait naître avec un poids tout aussi (voire plus) petit.
Les échographies se succèdent, on apprend que c’est encore une fille nous sommes ravis ! On nous dit lors du sixième mois qu’elle ne sera pas très grosse mais qu’elle devrait atteindre un poids raisonnable. Jusque-là mes analyses étaient normales, aucune trace de protéines dans les urines, ma tension était normale comme à chaque examen, pas d’inquiétude.
Je rentre dans mon huitième mois de grossesse, je fais donc la dernière échographie avant l’accouchement ainsi que les derniers examens. On me dit que tout est normal, bébé est estimée à 3kg-3,500kg maximum. Toujours pas de tension ni de protéines dans les urines. C’était le 7 septembre 2020.
Le 13 septembre 2020, je me réveille avec d’atroces maux de tête. Je ne fais pas du tout le lien avec la grossesse, je me dis que je dois faire une crise de migraine. Je prends donc du Doliprane® et j’attends que cela passe. Bien évidemment cela ne passe absolument pas, j’ai l’impression qu’on me tape sur les deux côtés de la tête en continu.
Mon mari ne s’inquiète pas plus que cela et essaie de me soulager avec des massages mais cela ne passe toujours pas. Je décide de laisser passer la nuit et me dis que si cela ne passe pas, j’irai aux urgences. Mon instinct me dit tout de même de terminer ma valise de maternité, je ne sais pas pourquoi, je ne devais pas accoucher avant le 14 octobre mais je la finis quand même, sait-on jamais.
Le 14 septembre au matin, la douleur à la tête est insoutenable, je ne vois plus rien, j’ai tellement mal que j’en ai la nausée. Instinctivement, je dis à mon mari de m’emmener aux urgences mais celles de la maternité. Je ne sais pas pourquoi, je n’avais aucune idée de ce que j’avais mais j’ai senti qu’il fallait que j’aille à la maternité et pas aux urgences de l’hôpital le plus proche. Bien évidemment j’ai pris ma valise avec moi.
Nous arrivons donc aux urgences de la maternité, le lundi 14 septembre 2020, aux alentours de midi, on me prend la tension : j’étais à 170. On m’analyse mes urines et on me dit que ma protéinurie est très élevée, et entre temps j’avais gonflé un peu de tout le corps. Comme je suis à 37SA, on me garde. On va me déclencher pour cause de pré-éclampsie sévère avec HELLP syndrome (je n’avais jamais entendu parler de cette maladie avant ce moment).
Nous sommes sous le choc avec mon mari, on s’attendait à tout sauf à cela. Bien évidemment, je pleure, je suis au plus mal. Un déclenchement est vraiment la dernière chose que je voulais, d’autant plus que mon accouchement précédent s’était déroulé spontanément par voie basse.
14 septembre à 13h00 donc, on me pose le tampon, on me met sous perfusion. Je ne suis pas bien, j’ai envie de vomir. Et on attend, on attend… Il ne se passe rien de toute la journée. Jusqu’au soir où je commence à sentir un tout petit peu de contractions. Et puis arrive ce moment vers 4h00 du matin où on me dit : « Madame, le cœur de votre fille ralentit, on vous emmène pour une césarienne d’urgence ».
Panique totale à bord, on m’emmène donc au bloc, on me dit de me détendre, que je n’allais rien sentir. Erreur fatale : au test de la lame, je sens tout… Je hurle donc de douleur et là on me dit : « Madame, l’anesthésie locale n’a pas marché, on est obligés de vous endormir ». Et là, trou noir.
Maana est née à 5h41, le mardi 15 septembre 2020, et j’étais complètement endormie. Je n’ai pu l’allaiter qu’à 19h00. On m’avait annoncé son poids à environ 3kg, elle faisait 2,160kg. Miraculeusement, pas de couveuse, mais 10 jours d’hospitalisation le temps que je reprenne des forces, que ma tension se stabilise et que ma fille reprenne du poids.
Aujourd’hui nous allons mieux, mais je me demande encore ce qui a bien pu se passer pour que mon état dégénère du jour au lendemain sans aucun signe avant-coureur.
Mesdames, un conseil : écoutez-vous ! Allez aux urgences dès que vous avez le moindre doute, c’est vital pour vous comme pour bébé ! Même avec le meilleur des suivis, nous ne sommes pas à l’abri. »