Pré-éclampsie : deuil périnatal

« Je suis âgée de 36 ans. Fin 2020, je voulais tomber enceinte de mon 4ème enfant. Je pars donc voir mon gynécologue pour faire un contrôle. Je voulais aussi en profiter pour faire un bilan sanguin parce que j’avais pris presque 10kg en même pas un an. Je me disais que ce n’était pas normal.

Donc après un bilan sanguin, on me diagnostique une hypothyroïdie. Entre temps, j’arrête la pilule. C’est seulement au bout de 3 mois que j’arrive à tomber enceinte mais manque de chance on découvre que c’est un œuf clair donc fausse couche quelques semaines plus tard. Je réessaie fin 2021 (parce que, entre temps, j’essaie de réguler ma thyroïde car après une fausse couche le taux de TSH monte et descend). Je réussis fin 2021 à retomber enceinte mais une fois de plus, c’est un œuf clair… Je désespère vraiment, me disant que je n’arriverai jamais à tomber enceinte. Fausse couche quelques semaines plus tard.

Après un an, je réussis grâce à Dieu à tomber enceinte en janvier 2023. Je redoutais la première visite chez le gynécologue mais Dieu merci je vois une petite tâche à l’échographie. C’était bien un petit fœtus ! J’étais aux anges. Malgré quelques petits désagréments en début de grossesse (hématome placentaire, alitée pendant un mois) je passe très bien les six premiers mois.

En juillet 2023, je pars en vacances. Arrivée à destination, je remarque que mes pieds ont doublé de volume. Je me dis que c’est peut-être dû à la longue route (3 heures), que le lendemain ça passera. Mais non. Ils restent dans le même état. Je décide d’aller voir un médecin traitant. Il me parle d’œdème. J’avais ma tension qui était un peu élevée mais pas trop. Il me donne des analyses d’urines à faire mais les analyses n’étaient pas probantes. De retour chez moi 10 jours plus tard, je me dis que je ferai des analyses plus complètes en rentrant.

À mon retour, je décide donc de faire mes analyses et là, ma protéinurie était élevée mais pas trop d’après mon gynécologue et qu’il n’y avait pas de raison de s’inquiéter. Entre temps, mon gynécologue part en vacances.
Là, commence le cauchemar. Je commence à avoir un torticolis, je souffre le martyr pendant une semaine, même les antalgiques ne font pas effet. Ensuite, du jour au lendemain, cela s’arrête mais à la place, j’ai une douleur horrible tous les soirs au niveau du côté droit, en haut du ventre. Le médecin traitant me dit que c’est dû à la nourriture, que je devais diminuer le gras et le sel… Mais la douleur était toujours là tous les soirs. C’était une douleur intenable qui disparaissait comme par magie le matin. Je reste comme ça pendant quelques jours…

Arrive ce fameux dimanche… J’ai des douleurs de contractions mais je me dis que c’est sans doute de fausses contractions (j’étais à 31SA+6) mais dans la journée ça ne passait pas. De plus, j’avais remarqué que mon bébé n’avait pas bougé depuis la veille… J’étais vraiment inquiète en fin de journée. Vers 19h00, je perds le bouchon muqueux… Je décide d’aller à l’hôpital dans la soirée et, arrivée à la porte de la clinique, je perds les eaux… J’étais tétanisée de peur. On me prend en charge tout de suite. La gynécologue de garde m’ausculte et me dit que j’ai de la chance car mon col est toujours fermé et qu’elle allait tout faire pour arrêter les contractions. On m’injecte une dose de corticoïdes au cas où pour les poumons du bébé mais le lendemain matin, le monitoring ne fait que sonner… Mon bébé est en détresse fœtale. Ils me transfèrent donc dans un autre hôpital. C’était la première fois que je montais aux urgences.

Arrivée à destination, au matin, je passe des tas d’examens, d’analyses. Je me sens confiante parce que les contractions s’étaient arrêtées mais vers 18h00, le coup de massue tombe : plusieurs infirmières arrivent en urgence. Je ne comprenais pas ce qui se passait. La sage-femme arrive et elle me dit que mes plaquettes sont en chute libre, que mes reins sont défaillants, mon foie pareil. Le diagnostic tombe : pré-éclampsie avec HELLP syndrome. Ces minutes m’ont semblé interminables… Césarienne en urgence, rachianesthésie qui n’a pas fait effet tout de suite. À chaque coup de ciseaux, je sentais la douleur, je croyais mourir. C’est seulement lorsqu’ils ont sorti le bébé que l’anesthésie a fait effet. Ils prennent mon bébé tout de suite, je ne l’entends même pas pleurer… Pour moi, il est mort… Mais on me dit qu’il est vivant, mais qu’il est en détresse respiratoire.

Je reste deux jours en réanimation sans pouvoir voir mon bébé. C’est seulement trois jours plus tard que je peux descendre le voir mais c’est un choc. Il est tout petit, sa peau est violacée, il lutte pour respirer malgré le respirateur… Je fonds en larmes.
Je sors le lendemain de l’hôpital avec le cœur noué mais je revois mon bébé avant de partir et là, il me semble aller mieux, sa peau a repris des couleurs, il respire mieux. Je suis confiante.

Samedi matin, je ne peux toujours pas me déplacer, c’est donc ma belle-mère qui va voir mon bébé. Elle revient une demi-heure plus tard. Dès que je vois son visage, je comprends tout de suite… Je fonds en larmes. Mon bébé, mon petit garçon était monté au ciel. Il aura vécu 5 jours.

Depuis ce jour, je culpabilise, me disant que c’était peut-être moi la fautive, que j’aurais peut-être être plus vigilante. On devrait plus parler de cette pathologie… Dès que mes pieds ont gonflé, on aurait dû me parler de risque de pré-éclampsie, d’autant plus que par la suite tout était un signe : mon torticolis, la fameuse barre épigastrique, la protéinurie peu élevée mais quand même, qui avait augmenté, la tension. Merci pour cette association. J’ai mis du temps à partager mon témoignage, j’avais peur, mais je me dois de le faire si je peux aider une autre maman. »

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