Hilary témoigne de sa pré-éclampsie à 33SA+5, de l’impact psychologique de la séparation avec son bébé et l’incompréhension de certaines personnes de son entourage. Il est souvent difficile de faire comprendre ce que l’on a ressenti et les proches peuvent être parfois maladroits en tentant de nous montrer leur soutien. Il est important d’échanger avec des personnes ayant vécu la même chose mais aussi avec des psychologues. Vous n’êtes pas seules, et cela s’applique aussi aux co-parents.
« Je suis tombée enceinte de mon fils – premier bébé après une fausse couche – en décembre 2020. J’ai vécu ma grossesse très difficilement à cause des nausées etc. et puis vers le mois de mai, j’ai commencé à avoir les jambes qui gonflaient, les mains puis le visage. J’ai été hospitalisée fin juillet parce qu’à l’échographie, ils se sont aperçus que bébé ne grossissait pas et l’anesthésiste a vu que ma tension était trop élevée. J’ai été hospitalisée une semaine et là, c’était examen sur examen, analyses d’urines pour les protéines de 24 heures, prises de sang, monitoring.
Le 3 août 2021, alors que je devais certainement sortir, les sages-femmes sont venus à cinq dans ma chambre pour m’expliquer qu’ils devaient mettre mon bébé au monde, que c’était une urgence code rouge. Ils ne m’ont rien expliqué, sauf à Monsieur. Moi, je ne savais pas si j’allais pouvoir garder mon bébé près de moi ou si j’allais devoir le laisser en néonatalogie. Personne ne nous avait prévenus. Et, ce fameux 3 août 2021 à 19h23, un petit garçon, Liam, est né, 39,7cm et 1,525kg. Cela a été beaucoup trop vite et je n’étais pas préparée, ni mon conjoint d’ailleurs. J’ai accouché par césarienne d’urgence à 33SA+5. Et bien d’autres péripéties étaient venues allonger la liste avant l’accouchement.
Bébé est parti en néonatalogie. Je suis restée en salle de réveil parce que ma tension était beaucoup trop élevée. J’avais beaucoup trop mal à la tête et je suis restée quatre heures au lieu de deux heures. On m’a ensuite remontée en chambre sans avoir vu mon bébé… Je n’ai pu descendre le voir que le lendemain à 15h00 parce qu’il fallait qu’ils enlèvent la sonde urinaire. Quand je suis entrée seule dans ma chambre en pleine nuit, je l’ai très mal vécu. J’entendais tous les autres bébés pleurer et, moi dans ma chambre vide, c’était très dur. J’ai fait un baby blues énorme et je remercie aujourd’hui ma famille qui a été là pour nous.
Quand j’ai vu mon bébé pour la première fois, je vous avoue que cela m’a choquée… Un si petit bébé, tout fragile, qui n’avait que la peau sur les os et c’est le cas de le dire, branché de partout où l’on peut à peine le toucher, juste l’effleurer. Me retrouver seule dans ma chambre, le ventre vide et sans Papa qui n’a jamais pu avoir son congé paternité, c’était vraiment un déchirement. Surtout quand aujourd’hui, 6 mois après avoir accouché, je suis toujours prise par plein de rendez-vous avec des néphrologues pour faire des examens et comprendre d’où venait ma pré-éclampsie, j’ai mal vécu tout cela. Je ne raconte pas forcément dans les détails mais, c’est très difficile aujourd’hui quand vos propres copines osent vous dire : « Il est en bonne santé, pense à autre chose » en vous faisant comprendre que ce que vous avez vécu n’était rien…
Aujourd’hui mon fils a six mois, il se porte très bien : 61cm pour 6,545kg. À toutes les mamans qui sont passées par là, gardez force, courage, amour et patience. L’équipe médicale de la néonatalogie a été super avec nous, nous a aidés, a répondu à nos questions mais c’était un monde que nous ne connaissions pasdonc forcément c’était l’inconnu. Mais le plus dur a été de partir de l’hôpital en laissant son bébé en néonatalogie et faire des allers-retours pendant trois semaines non-stop tous les jours et rentrer le soir sans son bébé. Nous mettons au monde des guerriers. »