Pré-éclampsie : J’ai traversé quelque chose de violent

Voici le très beau témoignage d’Élodie qui, malgré une pré-éclampsie à 32SA, met en avant la bienveillance et la gentillesse du personnel soignant qui l’a bien entourée pendant cette épreuve d’une grossesse compliquée et de la prématurité. Elle parle aussi des séquelles psychologiques à long terme mais mais souhaite se souvenir du positif.

« Je m’appelle Élodie, j’ai 36 printemps et j’ai accouché le 10 janvier 2019 d’une magnifique petite fille qui s’appelle Emma.

Dès mi-novembre 2018, c’est-à-dire au cours du 5ème mois de ma grossesse, la protéinurie dans les urines a commencé à augmenter de manière anormale puis ce fut au tour de la tension de commencer à monter.

Ma sage-femme a été en alerte tôt, et j’ai passé plusieurs séjours à l’hôpital entre fin novembre et mi-décembre jusqu’à ce fameux 18 décembre où l’on m’a annoncé une pré-éclampsie sévère avec un transfert d’urgence en ambulance à la maternité de Dijon car elle était de type II et pouvait prendre en charge les grands prémas. Une des médecins du staff m’a dit avant de partir : « Je préfère vous prévenir, il se peut que vous accouchiez avant Noël ». Me voilà partie en ambulance dans la joie et la bonne humeur…à Dijon au sein du service des grossesses pathologiques. J’y ai passé les fêtes de fin d’année et trois semaines en tout jusqu’à atteindre les 32 semaines d’aménorrhée et dépasser le stade de la grande prématurité.

Le 7 janvier, je suis transférée à la maternité de Chalon, toujours dans ce même service et c’est dans la nuit du 9 au 10 janvier, après de violents maux de tête qui m’ont réveillée en pleine nuit, qu’on me fait une prise de sang et que le gynécologue obstétricien m’annonce d’un calme légendaire : « Votre bébé va bien mais vous êtes en danger. Votre foie et vos reins sont en souffrance donc on va le faire naître maintenant ce bébé ». Et me voilà partie en salle d’accouchement. Je devais accoucher par césarienne sous anesthésie locale et puis au dernier moment, une médecin m’annonce que l’accouchement doit se faire sous anesthésie générale car je risque une hémorragie… Emma est née le 10 janvier à 14h53 à 32SA. J’ai pu faire sa connaissance le lendemain vers 16h50 grâce au formidable personnel du service de réanimation/soins intensifs qui m’a descendue quelques minutes en néonatalogie en lit médicalisé et branchée de partout !

Après quatre jours de soins intensifs, j’ai pu redescendre en chambre à la maternité et me rapprocher de mon bébé. Je n’avais pas l’impression d’être maman. J’ai mis du temps à réaliser les choses… Ce n’est que quelques mois après notre retour à domicile, en lisant les comptes rendus médicaux post-accouchement, que j’ai pu lire que j’avais fait un pré-éclampsie sévère compliquée d’un HELLP syndrome.

Un peu avant les 1 an de ma fille, je me suis mise à avoir de gros troubles du sommeil jusqu’à des insomnies complètes et un arrêt de travail de trois semaines. J’ai petit à petit compris que je revivais tout ce qui m’était arrivé ! L’approche de sa date anniversaire reste compliquée chaque année car les troubles du sommeil reviennent mais moins intenses. Chaque 10 janvier, je pleure car je n’ai aucun souvenir de mon accouchement.

Aujourd’hui je suis ok avec tout ça, c’est normal de pleurer, c’est normal de ne pas toujours aller bien parce que j’ai traversé quelque chose de violent et que c’est un traumatisme ! J’accueille aujourd’hui toutes les émotions que je traverse avec un peu plus de sérénité. Et puis je repense souvent à tous ceux et celles qui m’ont et qui nous ont si bien entourées : ma famille, ma belle-famille, nos ami(e)s, et mon conjoint qui est un papa en or depuis les premières secondes de vie de notre fille. Je pense aussi très souvent au personnel des deux services de grossesses pathologiques qui était adorable et aux petits soins, à cette dame de la maternité de Chalon qui m’offrait des petits-déjeuners alors que je n’étais plus hospitalisée mais seulement dans l’attente d’une chambre mère-enfant en néonatologie. Je repense à ma tante, qui me faisait des massages aux jambes pour que mes œdèmes dégonflent !

Je repense à cette infirmière des soins intensifs, qui chantonnait tout bas quand elle s’occupait de moi en pleine nuit, à une jeune aide-soignante de ce même service qui m’a aidée à me lever et à aller prendre ma douche quatre jours après mon accouchement parce que j’étais trop faible pour la prendre seule. Je repense à cette bulle d’amour en néonat où nous étions toutes les deux, car j’ai eu la chance d’intégrer une chambre mère-enfant 15 jours avant notre sortie. Je repense à une puéricultrice qui appelait Emma, « doucette ». Malgré les bips, les fils, la fatigue, les feuilles de chou sur les tétés à cause des mastites, on a vécu des moments magiques.

Puis, je repense aussi à ma volonté féroce d’avoir voulu tirer mon lait dès les soins intensifs pour lui donner le meilleur, et je revois la conseillère en lactation me dire qu’elle était épatée après tout ce que je venais de traverser. Je suis si fière de moi, d’avoir pu allaiter, de ma famille et de notre parcours, certes atypique, mais rempli de tellement de chouettes moments. Je suis heureuse et chanceuse d’être aussi bien entourée.

PARCE QU’ON REVIENT DE LOIN !!!!! Et car pour moi, c’est beaucoup plus important de se souvenir des jolies choses. MERCI LA VIE ! »

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