Mélanie partage le texte qu’elle avait écrit peu de temps après avoir mis au monde ses jumeaux il y a 5,5 ans à la suite d’une pré-éclampsie avec HELLP syndrome prise en charge en urgence, alors que la grossesse se passait bien.
« J’ai été hospitalisée, samedi, à la suite d’un passage aux urgences où l’on m’avait détecté une forte tension. Dimanche, on m’a posé ce qu’on appelle une sonde de Foley® (sonde urinaire) pour déclencher les contractions et faire avancer mon col (mou, ouvert à 1). Malgré le cadre de l’hôpital, l’unité URGO est calme. Nous jouons aux cartes et je fais du ballon avec un petit fond musical. Chéri rentre dormir pour être en forme lundi.
Lundi, le futur papa est là au petit matin. Moi j’ai perdu la sonde. On me fait des examens de contrôle, je me sens bien ! Plus tard, on nous annonce que le ballon ne fonctionne pas, que mon col est au même stade mais je peux passer en salle de naissance avec un déclenchement classique. Nous sommes heureux les bébés seront bientôt là ! Nous avons rangé nos petites affaires et attendu impatiemment, anxieux… On a la porte, c’est enfin LE moment ? Arrive une ribambelle de médecins et autres blouses. « Madame, vous faites une pré-éclampsie et souffrez d’une complication sévère : le HELLP syndrome. » Ont suivi les mots « hépatique », « hémorragie », « césarienne », « urgence », « VITAL ». Je ne sais plus vraiment dans quel ordre mais le mot « vital » raisonne encore. On se décompose. Et si je meurs ? Si je le laisse seul avec les bébés ? Si les bébés meurent ? Nous sommes au fond du gouffre… Appel des parents en urgence. Hors de question qu’il vive cela seul (il ne peut pas être là lors de la césarienne). Je ne comprends pas comment nous en sommes arrivés là en si peu de temps après avoir eu une grossesse parfaite ? Ai-je fait une erreur quelque part ? Comment aurais-je pu éviter cela ?
On me prépare, on me dépose une tenue de bloc. Nous attendons la suite dans les bras l’un de l’autre comme si cela était notre dernier câlin… C’est le moment où le brancardier arrive, je gère le stress comme je peux avec une pointe d’humour. On m’allonge. Cela va très vite. Mon homme me suit, je vois son inquiétude monter et je suis sollicitée de tous les côtés. On me pose une multitude de questions. Je voudrais pouvoir l’embrasser, lui dire que cela va aller mais on m’emmène. J’ai peur…
Il fait froid dans le bloc. Il y a au moins 8 personnes. Ils sont tous très doux (sauf celui qui injecte les produits dans la perfusion). Je leur dis de m’expliquer tout ce qu’ils font, de prendre soin du futur papa. On me fait la rachianesthésie… Mes jambes s’engourdissent puis je ne sens plus rien. Installation du champ opératoire, injection, sonde urinaire… L’homme derrière moi a une voix très douce. Il fait ce que je lui ai demandé et m’explique tout. Ils ouvrent. Le premier bébé naît, il pleure, on me l’apporte. C’est un garçon ! Ce sera Erwan ! Il me tète le visage. Il va rejoindre papa. Je sens pendant ce temps-là qu’il se passe des choses en dessous du drap. Le deuxième bébé naît. Il pleure… Je suis tellement ému de savoir qu’ils vont bien que je n’arrive pas à donner le prénom. Je leur dis que c’est papa qui doit trancher. Bienvenue Eliot ! Les jumeaux sont sortis à 37SA. Non prématurés pour des jumeaux mais leurs poids est trop bas. Glycémie trop basse pour Eliot.
On me referme. Je les retrouve tous les trois ! Ma famille ! Papa est très ému ! Je vais « bien ». Les deux bébés sont mis au sein. Erwan le prend tout seul, Eliot a du mal. Cela dure à peine trois minutes… « Madame, on doit s’occuper de vous rapidement ». On me monte en salle de réveil. On me sépare à nouveau de mon amour et de mes bébés. On me remet mon téléphone pour que je puisse avoir de leurs nouvelles. J’ai de gros problèmes de tension et un bilan hépatique catastrophique. Je vais rester 12h en observation. Sous traitement de cheval pour la faire descendre, il m’était impossible d’allaiter. J’ai tout de même tiré et jeté mon lait de mercredi à samedi où j’ai ENFIN pu leur donner le sein à la suite d’une diminution du traitement. Mardi, on m’annonce que le traitement n’est plus efficace, que je dois renoncer à mon allaitement et, que si je veux sortir, je dois avoir un bon taux. Je resterai à l’hôpital pendant 16 jours, je ferais semblant que tout va bien pour avoir enfin le droit de sortir de cet enfer !
Les enfants ont eu 5 ans en novembre dernier. Je ne suis toujours pas remise. Cette brutalité dans l’annonce, le manque d’empathie des divers services de l’hôpital ont été, je pense, un énorme frein à ma guérison et celle du papa. »
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J’ai eu la même chose, sauf que j’ai eu saignements à la tête j’ai eu 1 mois de coma. J’ai eu une ephasie de broca , bebe est sain et sauf mais lors de l’accouchement je divaguer j’ai eu une crise de d’épilepsie il faudra temps. Si j’avais su avant …
Tout notre soutien à vous. Nous espérons que vous n’avez pas gardé de séquelles et que vous êtes bien soutenue suite à cette épreuve traumatisante.