Olivia a vécu une pré-éclampsie compliquée d’un HELLP syndrome et a su écouter son instinct pour aller consulter à temps. Elle parle aussi de la séparation avec son fils qui avait dû être hospitalisé dans un autre hôpital et, de cette colère et ce sentiment de culpabilité après un accouchement en urgence.
« Je m’appelle Olivia, j’ai 34 ans et je viens de Rennes. Le 10 août 2022, mon fils Tom a eu 3 ans, c’est pour moi une date symbolique et je me sens prête à mettre des mots par écrit sur notre histoire.
Jeudi 8 août 2019, je m’en rappellerai toute ma vie. J’étais déjà suivie en hospitalisation de jour depuis une semaine à la maternité car ma tension était un peu haute et ma gynécologue avait décelé un mauvais échange maman-bébé.
Comme tous les soirs, je me couche après un bon film, jusque-là tout va bien même si bébé bouge beaucoup la nuit.
Vers 2h00 du matin, une douleur extrêmement forte sous la poitrine me réveille au point où je n’arrive plus à respirer normalement. Je me lève, mon conjoint me dit que cela va passer après une bonne nuit de sommeil. Impossible de me rendormir, la douleur n’est pas habituelle, quelque chose me dit que si je ne me lève pas, cela ne se finira pas bien.
Je décide d’appeler les urgences de la maternité de La Sagesse à Rennes et je prends ma tension, j’étais à 22 ! On me dit de venir immédiatement, de ne surtout pas attendre. J’ai été tout de suite très bien prise en charge et on m’a expliqué que je ne sortirai pas avant l’accouchement car je faisais une pré-éclampsie mais qu’on allait tout faire pour que je me rapproche au maximum de la date de mon terme. Je connaissais un peu cette pathologie pour l’avoir vu dans un article de presse.
Samedi 10 août à 9h00, une sage-femme entre dans ma chambre et m’annonce que les examens ne sont pas bons du tout. Je fais une pré-éclampsie accompagnée d’un HELLP syndrome. Mes plaquettes sont trop basses, mon foie et mes reins sont atteints, une césarienne d’urgence est programmée.
Je prends conscience que c’est grave et mon cerveau passe en mode « guerrier ».
À ce moment-là, j’ai l’impression que je ne peux plus réfléchir, j’accepte tout ce qu’on me demande sans discuter.
10h23 : mon fils Tom naît, il fait 1,930kg pour 43cm, on me le présente mais il est rapidement pris en charge car il a du mal à respirer.
Après mon réveil, j’intègre le service des soins intensifs et j’apprends que mon fils doit aller dans une autre maternité… Cette séparation a été pour moi la douleur la plus forte que j’ai pu vivre de toute ma vie, j’avais l’impression que la moitié de mon cœur avait été arraché.
Le lendemain, j’étais debout et tellement déterminée à voir mon bébé qu’on m’a autorisé à prendre un taxi direction le CHU de Rennes. Je ne pourrais jamais vous décrire la douleur post-césarienne car je n’ai jamais eu mal, même sans médicaments, mon cerveau était focalisé sur mon bébé et rien d’autre. Je suis restée six jours à La Sagesse car j’étais sous surveillance, seule. La nuit, j’entendais les bébés pleurer, les mamans marcher dans le couloir, c’était tellement dur émotionnellement. Je pensais à mon bébé branché avec le bip des machines, sans sa maman, j’avais un tel sentiment d’injustice et de colère. Il est resté 11 jours en néonatalogie. À la sortie, j’ai eu le sentiment de respirer à nouveau mais la colère est restée un moment à l’intérieur de moi, avec beaucoup de culpabilité.
Aujourd’hui, Tom va très bien, d’ailleurs très rapidement la prématurité ne s’est plus remarquée. Les bébés prématurés sont des guerriers et je me dis toujours qu’on a formé une bonne équipe dans cette épreuve et qu’un lien encore plus spécial nous lie. »