Pré-éclampsie : Je n’aurais pas souffert si j’avais su et si j’avais été plus écoutée

« Je m’appelle Marion j’ai 23 ans et je vous écris pour vous faire part de mon témoignage et faire avancer les choses pour la lutte contre la pré-éclampsie.

En juin 2022, je tombe enceinte de mon premier bébé, une petite fille. Tout se passe bien, le terme est prévu pour le 4 mars 2023. Mais tout va basculer au mois de janvier. Je suis à la 35ème semaine de grossesse et je commence à me sentir mal, nausées et vomissements pendant quelques jours. À ce moment-là, je pensais à une simple gastro. Je me rends quand même à la maternité car ça dure et j’ai des contractions (analyse d’urines, monitoring, prise de tension). Pour eux, tout va bien, je rentre donc à la maison.

Deux jours après, c’est une douleur soudaine au dos qui m’alerte, une douleur en barre très violente et qui ne s’arrête pas. Je prends donc un Doliprane™ pensant d’abord à une douleur de fin de grossesse, des maux de dos. J’étais loin d’imaginer à ce moment-là ce qui allait suivre.
Les jours passent et la douleur ne fait qu’augmenter, j’ai le souffle court, je souffre énormément, je ne dors plus. J’en parle autour de moi, je me rends chez l’ostéopathe, tout le monde me parle de maux de fin de grossesse. Je prends donc encore sur moi et je me persuade que c’est le stress, la peur de l’accouchement mais au fond de moi je sais que ça ne va pas. J’appelle la maternité, ils sont pas inquiets et me parlent de gastro…

Je n’en peux plus, je souffre tellement surtout la nuit. Des jours que je ne dors plus, je me revois encore sous la douche en plein milieu de la nuit. Pour moi c’était la fin, je me sentais mourir, impossible de trouver une position confortable. Je prends du Doliprane™, ça me soulage quelques heures seulement mais c’est déjà ça.

Bientôt deux semaines que je souffre. J’attends que mon compagnon rentre du travail et nous nous rendons à la maternité. Je ne tiens plus debout, tension élevée, chevilles gonflées et contractions. Ils me gardent une nuit en observation, me font un monitoring et je rentre de nouveau à la maison. Pour eux, toujours rien d’inquiétant…

La journée à la maison fut intenable. Je savais qu’il y avait quelque chose de pas normal. Je n’arrivais même plus à manger. Nous retournons aux urgences maternité. J’avais énormément de contractions et cette douleur insupportable qui ne faisait que d’augmenter encore et encore.
Cette fois-ci ils se rendent compte que ma tension est très haute, ils me font une prise de sang : mon taux de plaquettes et mon hémoglobine se sont effondrés. Je suis hospitalisée et continue les analyses : syndrome infectieux. Ils pensent à une pyélonéphrite, je suis donc sous antidouleur et antibiotique. Je suis soulagée, on me soigne et j’ai moins mal mais au fond de moi j’ai peur. Je sais. Je ressens comme ce sixième sens qui me dit qu’il y a vraiment un problème.

Deux jours que je suis à l’hôpital et ma douleur revient. Je tombe de douleur, j’appelle la sage-femme et je lui décris ma douleur. Là je vois dans ses yeux qu’elle a compris. Enfin une personne qui m’avait comprise depuis tout ce temps ! Elle me dit que c’est sûrement mon foie et court chercher de quoi me faire une prise de sang mais ne me dit rien de plus.

J’ai très peur pour moi et pour ma fille. La sage-femme revient à peine une heure après, il était 4 heures du matin, une blouse à la main : « Madame, habillez-vous, on vous transfère dans un hôpital spécialisé pour une césarienne en urgence ». Le diagnostic tombe enfin : pré-éclampsie sévère avec HELLP syndrome. Je ne comprends rien à ce qui se passe. Je pars en ambulance, personne ne prend le temps de bien m’expliquer, tout se fait dans l’urgence. La césarienne a lieu et est faite très rapidement. Ma fille est sauvée et en bonne santé ! Mais je n’étais pas prête pour ce qui allait suivre : la réanimation, la tension qui ne baisse pas, séparée de ma fille à peine née, la violence de la césarienne et de tous les examens qui ont suivi après…

Aujourd’hui tout va bien, ma fille et moi sommes en bonne santé mais nous ne sommes pas passées loin d’un drame. Si j’écris ce jour, c’est car je déplore que nous ne soyons pas assez informés des risques de la grossesse et du peu de connaissances des soignants face à cette pathologie grave. Je n’aurais pas souffert si j’avais su et si j’avais été plus écoutée car oui, j’avais 22 ans, j’étais jeune, sans antécédents mais c’est encore la preuve que tout le monde peut être touché.

Je suis traumatisée par ce que j’ai vécu et cette douleur affreuse que j’ai subi pendant des jours où j’étais épuisée, par toutes les conséquences associées qui s’ajoutent comme la peur d’une deuxième grossesse ou l’angoisse de développer une quelconque maladie par la suite. C’est dur d’accepter mais je serai toujours reconnaissante envers la vie qui m’a offert le plus beau des cadeaux, ma fille en bonne santé.

J’espère que mon témoignage pourra faire avancer un peu les choses et surtout la formation des soignants. Merci pour votre soutien et vos publications plus touchantes les unes que les autres, on se sent tellement moins seule quand on vous lit. »

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