Voici le témoignage de Nancy. Elle a été touchée par une pré-éclampsie précoce lors de sa 1ère grossesse qui a été prise en charge à temps malgré un HELLP syndrome où tout est rentré dans l’ordre en un mois, et plusieurs semaines de néonatalogie pour son bébé.
« En 2019, ce fut ma première grossesse, je tombe enceinte tout de suite au deuxième cycle après arrêt de la pilule, nous sommes heureux et contents.
À ma 1ère échographie, nous apprenons que nous aurons des jumeaux mais qu’une poche semble plus petite que l’autre et qu’il y a donc un risque. À trois mois, à l’échographie, on m’annonce que le cœur du bébé s’est arrêté mais que pour l’autre bébé, généralement tout se passe très bien et qu’il n’y a aucun risque pour le reste de ma grossesse. Nous sommes tristes mais sommes rassurés pour l’autre bébé.
À cinq mois déjà, je suis très fatiguée, mes jambes et mes pieds sont gonflés. Je veux être mise en arrêt de travail, j’en informe ma sage-femme qui me dit que c’est normal, qu’il n’y a pas pour l’instant de risque et que je peux continuer à travailler. Je négocie avec mon employeur pour travailler à la maison car je sens bien que quelque chose ne va pas.
Trois semaines plus tard, je revois ma sage-femme. Les protéines dans mes urines ne sont pas satisfaisantes sur la bandelette, elle me donne des examens d’urines à faire sur 48h pour contrôler. Je n’ai pas d’hypertension, je n’ai pris que 2kg depuis la dernière fois qu’on s’est vues. J’ai rendez-vous une semaine après.
Je fais les examens deux jours avant le RDV. Je gonfle de plus en plus, je ne me sens pas bien, je sens une pression énorme sous mes seins (je ne connaissais pas le nom à ce moment-là). Pendant le rendez-vous, elle prend ma tension, je suis à 15 (un peu élevé). Elle me pèse, j’ai pris 10kg en une semaine… Elle regarde mes résultats d’analyses et me dit : « On vient vous chercher, vous devez aller tout de suite aux urgences. Vous pouvez contacter quelqu’un pour vous apporter des affaires ». Je ne comprends rien… Je stresse. Quand j’arrive aux urgences, on me parle de pré-éclampsie, de protéines dans les urines, de barre épigastrique et ce que cela engendre. Je suis dévastée…
Je suis restée un mois sous surveillance avec médicaments pour la tension, elle variait entre 15 et 18. Cinq prises de sang chaque jour pour suivre mon évolution. J’ai fait un HELLP syndrome, une insuffisance rénale sévère et mes plaquettes étaient très basses. J’étais gonflée en-dessous des yeux, mes jambes, mon corps, tout était gonflé. On a pu tenir jusqu’à 32SA où on m’a annoncé que je devais accoucher en urgence.
Mon fils est né à 32SA, il respirait seul grâce aux deux piqûres de corticoïdes que j’avais reçues et il pesait 1,9kg. Il devait être un gros bébé donc on a eu de la chance qu’il soit né à 1,9 kg à ce terme. Je suis passée de 70kg à 105kg, donc 25kg pris en un mois lorsque j’étais hospitalisée. Après l’accouchement, mes reins ont recommencé à fonctionner, je suis revenue au poids initial en une semaine. Ma tension est quant à elle revenue à la normale au bout d’un mois sans médicament.
Le plus difficile pour moi durant cette épreuve a été le retour en chambre sans bébé, à entendre les autres bébés pleurer… Ce fut très dur psychologiquement. J’ai pu aller voir mon fils le lendemain.
Une semaine après, j’ai eu la chance d’avoir une chambre en unité kangourou qui s’est libérée. Je suis devenue mère, pour moi, ce jour-là. Même si mon fils était en couveuse, j’étais à côté et je pouvais m’occuper de lui, le regarder, le toucher. On est restés quatre semaines en unité kangourou. Il est resté deux semaines en couveuse avec alimentation à la seringue, une semaine en berceau chauffant et il a pu s’alimenter seul. L’unité kangourou, quel bonheur ! Tous les hôpitaux devraient pouvoir en disposer. Aujourd’hui mon fils a 3 ans et se porte très bien. »