Camille ne connaissait pas bien la pré-éclampsie avant d’en vivre une à 34SA. Tout est allé très vite, les œdèmes sont apparus soudainement au 3ème trimestre ainsi qu’une protéinurie élevée. Elle évoque aussi l’épreuve de la séparation, de la prématurité et la culpabilité.
« Je m’appelle Camille, j’ai 27 ans et j’ai été touchée par la pré-éclampsie.
Je suis tombée enceinte fin août, c’était ma première grossesse. Je suis tombée enceinte rapidement, en 1 mois et demi. J’ai vécu une grossesse de rêve. J’ai eu très peu de nausées, j’ai pris peu de poids, j’étais très en forme, j’en ai profité pleinement. Néanmoins, au troisième trimestre, tout a basculé.
J’ai pris beaucoup de poids d’un coup (12kg) en même pas un mois. Je pensais faire de la rétention d’eau mais en réalité j’étais remplie d’œdèmes. J’avais le visage gonflé, je ne différenciais plus mes chevilles de mes hanches. Je prenais ça à la rigolade, je me disais : « Ohlala Camille, t’as été fort sur le Nutella™ et les fast-foods. » Même mes amis me vannaient un peu suite à ça, on rigolait bien.
Cependant, le résultat est tombé après mon analyse d’urines du 8ème mois : j’avais un taux de protéinurie supérieur à la normale, un taux de 21g/L.
J’ai donc téléphoné à ma sage-femme qui a été très réactive et m’a fait hospitaliser pour deux jours à l’hôpital pour contrôle. Elle m’a avancé : « Effectivement, lors de notre dernier rendez-vous, je vous ai trouvé très gonflée, Camille, et cette protéinurie dans les urines m’interpelle. Je ne veux pas vous alarmer mais je préfère que vous alliez à l’hôpital pour un contrôle pour une potentielle pré-éclampsie ». Autant dire que la nuit qui a suivi, je n’ai pas fermé l’œil, j’étais très stressée.
Arrivée sur place, le gynécologue qui m’a prise en charge a été formel : « Madame, vous faites une pré-éclampsie ». Je lui en ai voulu, je me demandais pourquoi il était si alarmant, pourquoi si direct, pourquoi si sûr de lui. Pour moi, je n’étais là que pour un contrôle, j’allais rentrer chez moi d’ici la fin du week-end. Or, j’aurais mieux fait de me faire une raison rapidement car tout s’est enchaîné très vite. Je ne connaissais pas bien la pré-éclampsie. Ma sage-femme ne m’en avait jamais vraiment parlé. Je savais que cela pouvait être grave pour le bébé et la maman mais c’est tout.
À la suite de cela, tout le week-end, j’ai été placée sous monitoring et tensiomètre. Ma tension s’est mise à augmenter progressivement, j’atteignais 15/8. J’essayais de me calmer à l’aide d’exercices de respiration mais en vain. Dans la nuit de samedi à dimanche, j’ai perdu les eaux, j’étais à 34SA+1. Pour moi, c’était le drame. J’étais seule dans ma chambre d’hôpital, face à cet accouchement précoce que je redoutais, je me répétais dans ma tête : « Non, pas maintenant, c’est trop tôt, ma fille est trop petite. C’est ma faute, je suis fautive, pourquoi moi ? Pourquoi nous ? J’aurais dû rester plus tranquille durant la grossesse. » Bref, je me suis rongé les sangs.
J’ai rapidement appelé l’infirmière et tout s’est très vite enchaîné. Mon mari est arrivé rapidement et une heure après, notre fille était née. On nous avait annoncé une naissance dans la journée mais au vu de la gravité de la situation, tout s’est accéléré. Ma fille est née à 1,890kg pour 41cm. Elle a été placée sous oxygène pendant 24h. Elle est descendue à 1,750kg mais a vite repris du poil de la bête grâce à l’allaitement et au service de pédiatrie qui a été très professionnel, compétent et génial.
Pour ma part, les choses se sont compliquées après l’accouchement. Premièrement, j’ai très mal vécu la séparation avec ma fille. J’ai eu une césarienne en urgence car en plus de la maladie, ma fille était positionnée en siège. Je l’ai vue à peine trois secondes à la sortie de mon ventre et puis je ne l’ai revue que 24h après sa naissance car j’étais alitée dû à ma césarienne. Mon état de santé s’est aggravé. Ma tension est montée en flèche jusqu’à 18/9, mon bilan sanguin s’est perturbé (le taux de plaquettes a baissé, le foie et le rein dysfonctionnaient), je ne me suis jamais sentie aussi faible de toute ma vie. Je n’arrivais pas à canaliser mes émotions. J’avais le cœur qui palpitait, j’étais à 130 pour une tension à 18/9, j’ai cru qu’il allait exploser. Physiquement cela a été compliqué mais le plus dur c’était psychologiquement.
L’acceptation d’un accouchement soudain, la prématurité de ma fille, la séparation avec elle, la peur de mourir dû à un état de santé friable, le fait de ne pas pouvoir subvenir à ses premiers chagrins, de ne pas pouvoir la rassurer… Mon état s’est stabilisé grâce à un traitement pour la tension (Loxen™) que j’ai pris pendant 1 mois et demi. Ma fille est restée trois semaines en néonatalogie.
Aujourd’hui, nous allons bien toutes les deux, même très bien. Nous profitons chaque jour :-). Je tenais à partager mon expérience car nous ne sommes pas suffisamment informées face à cette maladie si particulière, et cette association permet d’échanger et surtout d’avancer !!! »