Pré-éclampsie : Malgré tout c’est dur d’accepter

Tout est allé très vite pour Maymaane qui a accouché en urgence à 30SA. Elle parle également du choc psychologique suite à une pré-éclampsie et l’urgence de la situation.

« Bonjour je m’appelle Maymaane, j’ai bientôt 35 ans et j’ai eu mon premier enfant au mois de juillet 2023 à 30SA. Un mois après, je garde encore un traumatisme.

Il s’agissait d’un bébé surprise. Lorsque j’ai appris ma grossesse, j’étais déjà à plus de 10 semaines après avoir fait un banal bilan sanguin. J’ai accueilli cette nouvelle avec une immense joie. Je l’avais tant désirée depuis plusieurs années mais je n’y arrivais pas. Pourtant aucun problème médical. 

Tout commence ce fameux 14 juillet après m’être réveillée à cause d’une forte dispute de voisinage. Généralement quand je me réveille soudainement, je peux compter sur un mal de tête. Le médecin et le pharmacien m’ont dit qu’il n’y avait aucun problème à prendre de l’Efferalgan™ en cas de besoin. Je prends donc 500mg, je ne veux pas trop en prendre. Toute la journée, j’ai des maux de tête. Je ne faisais que me reposer ce jour-là.

À 22h00, je ressens de plus en plus des maux, plus forts, à tel point que j’appelle les urgences. Il ne faisait pas beau, il pleuvait énormément et il y avait des rafales de vent. Je n’osais même pas prendre ma voiture pour y aller directement. Je ressentais comme des pics par moment puis j’avais l’impression qu’on marchait dans ma tête. Une sensation atroce. Je me dis ce n’est pas un coup de soleil étant donné qu’il ne faisait pas beau du tout ces derniers jours.

Après de longues minutes d’attente, une urgentiste me dit de prendre à ce moment-là 1000mg et qu’il n’y a aucune contre-indication pendant la grossesse. Je m’exécute. Ce soir-là, j’ai tout débranché, TV, box, téléphone, micro-ondes… Je ne voulais plus qu’il y ait d’ondes. Bref… Les jours passent, je ne fais que des allers-retours entre médecin et pharmacie. Chaque fois ma tension est élevée mais rien d’alarmant.

Le 19 juillet, ma tension est toujours aussi élevée. Je prends donc rendez-vous avec ma sage-femme pour le lendemain à la clinique étant donné que je devais m’y rendre pour ma 1ère séance de préparation à l’accouchement. La secrétaire me fait passer entre deux patientes. Une fois examinée, la sage-femme me renvoie directement aux urgences où elle demande à me faire passer en priorité. Avec le recul, elle avait compris tout de suite que quelque chose n’allait pas.

Aux urgences, on me fait monitoring, prises de sang et d’urines. On m’injecte également des corticoïdes pour les poumons de bébé. Je ne comprends toujours pas… Une heure plus tard, le verdict tombe : je dois être immédiatement hospitalisée pour une pré-éclampsie. Je n’avais rien préparé, rien vu venir, je ne savais même pas ce que s’était vu que mes tests étaient jusque-là bons…

On m’installe dans une chambre. Les jours passent, les jours se ressemblent. Uriner dans un pot pour analyse, prise de tension toutes les deux heures, prises de sang deux voire trois fois par jour au point où mes veines ne supportaient plus. Je suis rentrée un vendredi. Le dimanche, je commence à tousser, une toux qui de plus en plus me fatigue. J’ai mal, je pleure, je n’en peux plus… Le mardi, j’ai un rdv pour un scanner, il était 16h00. On me remonte dans la chambre à 18h00 et à peine arrivée, même pas le temps de sortir de la chaise roulante que les sages-femmes du service viennent me voir et me demandent si j’ai mangé quelque chose parce que je dois descendre au bloc directement… Ce jour-là, ma mère et mon mari qui étaient présents n’ont rien compris non plus. Moi, j’ai versé quelques larmes parce que je pensais uniquement à mon terme de 30SA…

CODE ROUGE, URGENCE césarienne. Au bloc, on me prépare la sonde urinaire, le sulfate… Avec le recul, en revoyant les photos, je réalise. La rachianesthésie faite, j’entends juste un petit cri. Mon fils est là, vivant. Tout est allé tellement vite, à peine je demande au papa s’il veut couper le cordon qu’on m’a retiré mon enfant. Je ne l’ai pas vu ni senti contre moi… On m’emmène par la suite en salle de réveil. Je ne sais pas ce qui se passe avec mon fils mais son père est avec lui. On me remonte en chambre et là je vois les photos, les vidéos que mon mari a faites. Je ne réalise toujours pas… Je n’ai pu le voir que le lendemain malgré la douleur et la fatigue… Je tenais absolument à voir mon fils même si je ne pouvais pas le prendre dans les bras…

Le combat a été long : 17 jours d’hospitalisation pour moi entre les prises de médicaments pour stabiliser la tension, les prises de sang, la sonde, les œdèmes dans tout le corps. J’avais pris 10kg en 4 jours. Je me voyais bouffie. Mes jambes, une horreur, tellement elles étaient gonflées… Bébé a quitté la réanimation néonatale pour les soins intensifs. Il va bien, un vrai petit warrior.

Quant à moi, ce n’est plus qu’un mauvais souvenir. J’ai demandé un suivi psychologique car malgré tout c’est dur d’accepter. Et j’ai aujourd’hui une pensée pour toutes les femmes qui ont ou qui subissent cette même situation, les pères qui ont sûrement perdu leur femme ou leur(s) enfant(s), les mères qui ont perdu leur(s) enfant(s) ou les enfants qui ont perdu leur mère…

Je remercie le Seigneur car nous sommes passés tous les deux très près. Je tenais à remercier toutes les équipes médicales du service grossesse à risque, du bloc césarienne, de la réanimation, des soins intensifs du CHU Sud Réunion ! Ils font tous un boulot extraordinaire ! Et MERCI pour le partage de mon témoignage. »

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