« Ma grossesse se passait bien jusqu’à presque 37 semaines, puis tout a changé. C’était autour du 17 octobre : je me sentais extrêmement fatiguée, j’avais des palpitations, et mes mains et mes jambes ont commencé à gonfler de façon impressionnante. Chaque matin, en me regardant dans le miroir, je ne reconnaissais plus mon propre visage. Mon mari essayait de me rassurer en me disant que ce n’était pas si grave, mais je voyais bien l’inquiétude dans ses yeuxComme ma gynéco habituelle était en vacances, c’est un autre gynécologue qui a vu mon dossier lors de mon premier contrôle. Ma tension, bien que haute à la maison, semblait correcte à l’hôpital, et le monitoring du bébé était rassurant. Il m’a renvoyée chez moi avec une analyse urinaire de 24 heures pour surveiller les protéines dans mes urines. Mais les jours suivants, mon état s’est aggravé. Je me sentais de plus en plus faible, et les vomissements ont commencé. C’était devenu très difficile physiquement et moralement.
Quand ma gynéco est revenue de vacances, elle a vu les premiers résultats de mes analyses et m’a immédiatement contactée. Elle voulait me voir en urgence, et je suis retournée à la maternité le 20 octobre. Là-bas, le monitoring a encore montré que bébé allait bien, et ma tension était à peu près correcte (même si elle restait élevée chez moi). Puis, les résultats complets des analyses sont tombés : un taux de protéines très élevé et une très faible quantité d’urines. C’était une pré-éclampsie sévère.
La décision a été prise de programmer une césarienne pour le lendemain matin. À ce moment là, mon foie et mes reins étaient déjà atteints. Je ne réalisais pas complètement ce qui se passait. J’étais tellement mal physiquement que je me focalisais uniquement sur le fait de tenir, sans mesurer pleinement la gravité de la situation. Mon corps était en mode survie, mais sur l’instant, tout était flou. La dernière nuit à la maternité a été horrible. Je me demandais si je tiendrai jusqu’au lendemain matin, et j’avais peur pour mon bébé. J’avais l’impression de me battre constamment pour que nous puissions tous les deux nous en sortir.
Le matin de la césarienne, mes mains étaient si gonflées qu’ils ont eu du mal à trouver mes veines pour les perfusions. Heureusement, l’intervention s’est bien déroulée. Mon bébé est né avec un petit poids et a eu besoin d’un peu d’aide pour se réchauffer, mais il était en parfaite santé. De mon côté, j’ai été emmenée en salle de réveil, et j’ai dû rester seule pendant presque deux heures, loin de mon bébé et de mon mari. C’était un moment très dur, je n’avais qu’une envie : les voir, tenir mon bébé contre moi, sentir sa présence et m’assurer qu’il allait bien.
Ce n’est que des semaines après l’accouchement, en y repensant et en voyant les différents témoignages et complications possibles, que j’ai vraiment pris conscience de l’état dans lequel j’étais. À l’instant T, je ne comprenais pas que j’étais en mode survie. Aujourd’hui, mon bébé va bientôt avoir un an, et en repensant à tout cela, je réalise à quel point j’ai dû lutter pour nous deux.
Cette expérience m’a marquée, et je ressens une immense gratitude d’être ici avec lui aujourd’hui, en bonne santé. »