Pré-éclampsie : On me demande si je sens encore ma fille

Amandine a subi une pré-éclampsie précoce lors de sa 2ème grossesse sans antécédents à 27SA+4. Elle ne connaissait ni les symptômes ni la gravité de la situation. Elle a bénéficié d’une bonne prise en charge mais sa petite fille a subi des complications de la prématurité. Elles vont toutes les deux bien aujourd’hui.

« Voici mon histoire. Il y a deux ans maintenant, ma grossesse a débuté début décembre, tout se passait bien jusqu’au jour où on m’annonce qu’il y a quelque chose dans le placenta qui cloche. La sage-femme m’envoie à l’hôpital pour un examen plus approfondi. Le médecin à l’hôpital confirme qu’il y a un problème au placenta et aussi pour le bébé. On me confirme le sexe, c’est une fille. Il me demande de faire une amniocentèse et m’explique tous les risques que pourrait avoir ma fille : des problèmes au niveau de la croissance mais surtout au niveau du poids, elle ne grossissait pas assez. J’ai réfléchi pendant quelques jours et j’ai refusé de le faire de peur de perdre ma fille, mais l’hôpital m’avait dit que dans tous les cas je n’irai pas jusqu’à 40 semaines. Alors j’ai laissé continuer ma grossesse avec beaucoup de suivis.

J’ai commencé à avoir des contractions et je suis allée à l’hôpital pour faire des examens. J’avais une protéinurie élevée et devais faire un contrôle sur 24 heures à la maison mais j’ai oublié de le faire. Dans la nuit de dimanche au lundi d’après, j’ai eu une grosse contraction et je suis restée bloquée aux toilettes. J’ai réussi à remonter les escaliers. Mon conjoint a vu que j’avais mal et les contractions étaient très très très rapprochées, il m’a donc emmenée aux urgences. À l’examen, le col était normal mais quelque chose semblait coincé. La sage-femme a voulu voir le médecin de garde tout de suite, qui m’a hospitalisée d’urgence car pour lui je faisais une pré-éclampsie. J’ai alors eu des perfusions pour arrêter les contractions car elles étaient très douloureuses.

Chaque jour, on me disait que j’étais très à risque mais que dans tous les cas j’allais accoucher prématurément. On m’a transférée à Jeanne de Flandre à Lille qui peut accueillir de grands prématurés. Chaque matin, tout allait bien au monitoring mais au bout de quelques jours on me demande si je sens encore ma fille. Pour moi, elle dormait car elle bougeait énormément le reste du temps. Ils ont voulu changer de monitoring pour vérifier quelque chose. Cela m’inquiétait beaucoup. Au bout de quelques minutes, ils se sont aperçus que son cœur commençait à ralentir. Le médecin est venu tout de suite dans ma chambre pour me dire d’appeler mon conjoint car on allait me faire une césarienne d’urgence.

On m’a mise directement en salle d’accouchement, ils ont posé la péridurale qui a été très douloureuse. Ensuite ils ont voulu me poser une rachianesthésie, ce qui s’est avéré très compliqué et n’ont pas réussi car j’étais remplie d’œdèmes. Mon conjoint est arrivé pour me rassurer et il est retourné en salle d’attente. À peine ils ont commencé à m’ouvrir que j’ai hurlé tellement j’avais mal, rien n’avait fait effet. On a dû m’endormir totalement. À mon réveil, mon conjoint m’a expliqué qu’ils ont dû réanimer la petite à sa sortie. Il m’a montré quelques photos. Je ne pensais pas qu’elle serait aussi petite, 760g à 27SA+4.

Quand j’étais bien réveillée, ils m’ont emmenée dans sa chambre, je me suis mise à pleurer tellement j’étais choquée de voir un si petit bébé. Depuis ma chambre, j’entendais tous les bébés, les mamans qui étaient heureuses d’avoir leurs enfants mais moi je n’avais pas ma fille avec moi. La sortie a été très compliquée sans elle, je ne pouvais pas présenter ma fille à ma famille. Au bout de sept jours, on m’annonce qu’elle a trois trous dans l’intestin et qu’il faut donc l’opérer et lui faire une pose de stomie. Je ne connaissais pas du tout et j’étais très stressée. L’opération s’est très bien passée et j’ai pu la voir au bout d’une heure environ. Je voyais à quel point un si petit bébé pouvait se battre pour la vie.

Au bout de 12 jours de vie, on m’appelle à 18h30 pour m’annoncer qu’elle a fait un arrêt cardiaque, qu’ils n’étaient pas sûrs de pouvoir la réanimer et qu’il fallait que je vienne avec toute la famille malgré la situation sanitaire, en plein Covid. Le médecin m’a quand même précisé qu’il ne fallait pas rouler trop vite sur la route et être prudents… Mais comment voulez-vous ne pas paniquer quand on vous annonce cela ? Cinq minutes après, ils m’ont rappelée pour m’annoncer qu’ils avaient réussi à la réanimer mais que ce n’était pas sûr qu’elle passe la nuit…

Arrivée à l’hôpital, tous les médecins, auxiliaires, sage-femme étaient autour d’elle avec plusieurs poches de médicaments, de sang. J’ai cru que j’allais tomber dans les pommes. Je n’ai pas su rester de suite auprès d’elle… Je suis allée dans les toilettes pour pleurer et prier qu’on ne me prenne pas ma fille. La nuit est passée et elle a su se battre pour vivre. J’étais si fière d’elle, on l’était tous, mes beaux-parents, mes belles-sœurs. Toute ma belle-famille est toujours restée positive et c’est grâce à eux qu’elle a tenu.

Elle est restée quatre mois hospitalisée le temps de lui remettre son intestin à l’intérieur pour que tout fonctionne à nouveau et qu’elle reprenne du poids. Elle est rentrée à la maison au bout de quatre mois avec de l’oxygène pendant quelques mois. Elle va avoir 3 ans et pète la forme ! Je remercie beaucoup ce qui se passe là-haut mais surtout la médecine car grâce à eux ma fille est encore là aujourd’hui, elle comble de bonheur ses parents, sa grande sœur, ses grands-parents, tatie, parrain, marraine et le reste de la famille. »

Partagez cet article !

Laisser un commentaire