« Je suis tombée enceinte au début de l’été 2019. Lors de mon premier rendez-vous avec la sage femme, j’ai rapidement expliqué que dans ma famille, nous avions déjà connu la pré-éclampsie. En effet, ma mère en avait fait une lors pour ma sœur, puis une pré-éclampsie sévère qui a fini en éclampsie pour moi, avec césarienne en urgence à 34 SA. Ma sœur à également fait une pré-éclampsie pour la naissance de mon neveu, pas de complications et naissance à terme, c’était tout de même un très petit bébé.
La situation exposée, la sage-femme m’indique que nous pourrons programmer un suivi plus régulier avec échographie tous les mois. Toute la grossesse se passe bien et bébé grandit bien.
À partir de 6 mois de grossesse, les contrôles s’intensifient encore avec la visite d’une sage-femme à domicile toutes les semaines pour contrôler la tension, les protéines dans les urines (bandelettes) et faire un monitoring. Là encore, tout est parfait et la grossesse se poursuit tranquillement.
Quatre jours avant mon accouchement, j’ai un contrôle à domicile avec la sage-femme qui constate de légères traces de protéines dans les urines mais rien d’alarmant et nous mettons cela sur le fait d’une journée où je me suis moins hydratée.
Tout suit son cours jusqu’au jour de l’accouchement. Les premières contractions arrivent dans la nuit, nous partons tranquillement en début de matinée à la maternité car elles sont de plus en plus rapprochées. À notre arrivée ma tension est légèrement élevée mais je n’y prête pas plus attention, c’est difficile de se détendre avec des contractions toutes les 2 minutes. Mes urines sont également contrôlées mais je n’aurai jamais connaissance du résultat.
Quelques heures passent et je peux rapidement avoir la péridurale salvatrice. Ma tension reste tout le long du travail à 14/9, donc rien d’alarmant et j’accouche par voie basse d’un petit loup de 2,9kg vers 19h00. Au vu de ma tension, ils décident de me garder plus longtemps en salle de naissance (j’y resterai jusqu’à minuit environ), le temps pour moi de faire la tétée d’accueil et du peau à peau avec maman et papa. Vers minuit, ma tension est toujours à 14/9, il est donc décidé de me monter en chambre.
Le vrai premier élément étrange pour moi a été au moment de me retirer le brassard pour la tension qui etait placé sur le même bras que la perfusion. Je n’avais jamais vu un bleu aussi énorme et se former aussi rapidement. Deuxième inquiétude lorsque, sur le trajet, je commence à ressentir quelques douleurs sous la poitrine, une sorte de gêne qui devient de plus en plus forte. Arrivée dans la chambre, mon conjoint remarque ma grimace. Je plaisante et demande à la sage-femme si c’est possible d’avoir encore des contractions après l’accouchement ? Elle me dit que non et finalement tout s’enchaîne très vite, j’ai de plus en plus mal et je ne me sens pas bien. On me donne 2 Doliprane et on me reprend rapidement la tension : 21/11, rien ne va plus.
L’interne de garde est appelé et on m’emmène en urgence en soins intensifs. Le papa me suit et bébé reste avec une autre sage-femme. Beaucoup d’agitation et d’examens jusqu’à 5h00 du matin où je reprends un peu mes esprits et mes repères. La morphine agit enfin, alors je dis au papa qu’il peut retourner auprès de notre petit garçon. Mes analyses montreront que je faisais un HELLP syndrome : foie, reins touchés et plaquettes très faibles. Je saigne du nez, des lèvres, j’ai des bleus partout. On arrive à m’amener un peu mon fils mais à chaque essai de tétée, j’ai de nouveaux bleus et crevasses.
Je resterai finalement un peu plus de 48h en soins intensifs avant de retrouver mon bébé. Très fatiguée, je remercie l’équipe pour avoir attendu mon retour afin que je puisse assister au premier bain, et avec des bouts de sein, j’arriverai finalement à allaiter mon fils. Nous avons pu quitter la maternité une semaine après l’accouchement. Avant mon départ, un médecin m’a clairement dit : « Vous savez, vous revenez de loin, vous nous avez vraiment fait peur ». De quoi réfléchir…
Mon fils à aujourd’hui 4 ans et demi, et nous n’avons pas osé entamer une nouvelle grossesse. C’est une situation difficile à accepter mais la peur de risquer de le laisser est trop importante.
Je remercie de tout cœur le papa qui a pris soin de notre fils pendant mon absence et toute l’équipe médicale qui nous a accompagnés durant cet événement. »