Pré-éclampsie tardive et manque d’informations (Anaïs)

C’est Anaïs aujourd’hui qui nous raconte son expérience d’une pré-éclampsie tardive et met l’accent sur le manque d’explications, d’informations qu’elle a subi lors de sa prise en charge, de son hospitalisation et même jusqu’à un an après son accouchement. Le soutien psychologique est important surtout en cas de complication de grossesse et également en post partum. Il est important d’expliquer aux futures mamans ce qui leur arrive, de mettre des mots, pour aider à l’accepter comme le dit, Anaïs, que nous remercions pour son partage.

« La pré-éclampsie, je ne savais pas ce que c’était. En 2014, j’étais enceinte de mon premier enfant. Contrôles réguliers, préparation à l’accouchement, tout se passe à bien.

À 8 mois de grossesse, moi qui suis d’habitude fine et menue, j’étais ronde comme un ballon, gonflée de tout le corps. De la rétention d’eau paraît-il. Je ne rentrais même plus dans mes tongs ! Je fais mon dernier contrôle gynécologique : tension élevée. La gynécologue me demande si j’ai le « stress de la blouse blanche », c’est-à-dire que ma tension monte lorsque je suis examinée par un médecin. Ma réponse : « Je ne crois pas, mais on me le demande à chaque rendez-vous ». Elle me regarde de la tête aux pieds : j’étais bien gonflée et cela ne lui inspirait rien de bon. Elle m’envoie à la maternité pour faire un monitoring et contrôler la protéinurie. J’y vais sans stress, certaine de rentrer à la maison le soir-même. Finalement, on m’annonce qu’on n’a pas encore tous les résultats de mes tests et qu’il faut que je reste la nuit.

Le matin, une sage-femme que je ne connaissais pas, entre dans ma chambre et me dit : « Ça y est, c’est le jour J ! », ce à quoi je réponds : « Pardon, mais le jour J de quoi ? ». « Eh bien c’est aujourd’hui que vous accouchez ! ». Sans que personne ne m’explique vraiment quoi que ce soit, sans mettre de mot sur ce qui m’arrivait, on a essayé de déclencher mon accouchement.

48 heures éprouvantes plus tard, moi qui avais eu des contractions pendant presque toute ma grossesse, n’en avais presque plus. Une gynécologue vient me voir et m’annonce qu’on me fera une césarienne en urgence. Je demande comment cela va se passer (demande que j’avais déjà formulée pendant ma préparation à l’accouchement, ce à quoi on m’avait répondu qu’il n’y avait aucune raison que j’accouche par césarienne…), et la gynécologue me répond uniquement que l’on va me préparer et que l’on part au bloc. Ma petite fille arrive, aucune complication ni pour elle, ni pour moi. Du fait de son faible poids, elle reste en néonatalogie pendant 5 jours. C’est après que j’ai vécu des moments difficiles. Que m’est-il arrivé ? Pourquoi a-t-on voulu faire sortir mon bébé, qui visiblement n’avait pas envie de venir ? Pourquoi n’ai-je pas eu le droit d’accoucher par voie basse ? Pourquoi m’a-t-on privé d’accouchement, pourquoi moi ? Personne ne m’a expliqué ce qui s’était passé dans mon corps, pour que je l’accepte dans ma tête.

C’est finalement plus d’un an après que la gynécologue qui m’avait suivie pendant ma grossesse m’a expliqué que j’avais eu une pré-éclampsie, que c’était grave, et que pour la santé de mon bébé et de moi-même, ils avaient été obligés de me faire accoucher. C’est à partir de ce moment-là que j’ai pu commencer à accepter et à considérer ma césarienne en urgence comme un vrai accouchement. Dans mon histoire, je n’ai eu aucune complication. Tout le monde va bien, je suis chanceuse. Ce que je déplore, c’est l’accompagnement psychologique qui a été inexistant de la part du personnel soignant autour de cette maladie… »

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