« Je voudrais vous parler de mon histoire, enfin de mes histoires avec la pré-éclampsie, qui fait et qui fera a jamais partie de notre histoire à moi, et à mes deux enfants.
Pour cela, retournons dans le passé. En 2019, je suis enceinte de ma fille, Rose. La grossesse se passe correctement jusqu’au 5ème mois de grossesse, petit poids détecté pour ma fille et mauvais échanges au niveau des artères. Je suis arrêtée. Les mois passent et de nombreux symptômes arrivent : œdèmes, fourmillements dans les mains et tension. Un soir d’août 2019, après un cinéma avec mon mari, je me rends compte que je suis encore plus gonflée que d’habitude. Nous décidons d’aller à la maternité. Là-bas prise de tension, examen d’urines, … Les examens sont bons, je rentre chez moi.
Un mois plus tard, je suis de nouveau encore plus gonflée mais je me sens bien. Je fais mon analyse mensuelle d’urines et là, dans l’après-midi du 12 septembre 2019, le verdict tombe : beaucoup trop de protéines dans les urines. J’appelle ma maternité, ils me disent de venir tout de suite.
J’arrive là-bas et on m’indique que je fais une pré-éclampsie, ma tension est à 18/19, mes taux sont encore plus élevés que l’après-midi mais ils décident d’essayer de nous maintenir un peu comme cela tout en étant hospitalisée.
Le 13/09, échographie de contrôle : RCUI sévère détecté pour ma fille, on m’annonce que tout va se jouer dans les prochaines heures. Le lendemain, le staff vient dans ma chambre. Je dois me préparer pour le bloc, mon état s’est empiré, je suis au stade sévère de la pré-éclampsie, je pars donc en césarienne code rouge. Ma fille naît à 15h34, pour 2,005kg à 35SA+5. Elle part en néonat. Elle y sera pendant 10 jours, avec une sonde gastrique pendant 1 semaine et la mise en place d’un allaitement qui durera ensuite 1 an.
Tout cela m’a beaucoup affectée psychologiquement, j’ai eu beaucoup de mal à désirer avoir un deuxième enfant par peur d’une récidive.
En avril 2023, nous allons nous marier et je me sens prête à arrêter la pilule. Je tombe enceinte très rapidement début juin. La grossesse est hyper éprouvante moralement, je dois me faire suivre par une psychologue de la maternité, et voir ma sage-femme très souvent. J’entame également un suivi hypnose et acupuncture avec une sage-femme de l’hôpital où je dois accoucher. Tout va bien, les échos sont bonnes, notre fils est même estimé dans la moyenne des courbes, je suis sous Aspegic® nourrisson jusqu’à 34 SA.
Je l’ai fait et on sort de la prématurité, je suis donc à 37SA tout pile, mais nous tombons de haut le 07/02/2024 le jour des 37 SA. Une échographie était prévue avec ma sage-femme sachant que je l’avais vue 15 jours plus tôt et que tout allait bien.
Elle commence l’échographie et nous indique qu’il n’y a quasiment plus de liquide amniotique et que c’est pour cela que je ne sens pas bouger mon fils comme d’habitude. Elle m’envoie en urgence à la maternité.
Arrivée sur place à 10h00, on m’examine et confirme le diagnostic qu’il n’y a plus de liquide et que j’ai des protéines dans les urines et de la tension. Donc le verdict tombe : je refais une pré-éclampsie.
On me laisse le choix, risqué mais possible, d’une pose de ballonnet. Je refuse par peur de perdre mon fils et je veux passer à autre chose. Je suis sereine mais je revois ici beaucoup de vécu et je veux qu’il puisse être sorti pour m’assurer qu’il va bien.
À 13h00, je suis au bloc. Malo naîtra à 37SA pour 2,160kg avec un RCIU sévère détecté à la naissance.
On m’indique que j’ai bien fait de refuser le ballonnet car il n’y avait quasiment plus de liquide et au vu du poids de bébé, son cœur aurait pu ne pas tenir…
Par chance, la barre des 37SA a permis à notre fils d’être un costaud bien tonique qui n’aura besoin que d’une couveuse chauffante en chambre. Nous ressortons après 4 jours passés à la maternité. Une revanche malgré tout pour moi, en comparaison avec ma fille.
Mon placenta qui a été envoyé en biopsie confirmera la pré-éclampsie avec plusieurs infarctus, un placenta de petite taille extrême et calcifié.
J’ai donc connu deux fois la pré-éclampsie et j’en garderai une trace pour toujours. J’ai eu beaucoup de chance, enfin, nous avons eu beaucoup de chance.
Ma fille a maintenant 4 ans et demi et se porte bien ; et mon fils a 3 mois et tout va bien également pour lui. »