Témoignage d’un papa : pré-éclampsie et deuil périnatal

Nous remercions infiniment ce papa – qui souhaite rester anonyme – pour son témoignage sur le décès in utero de sa petite fille lorsque sa femme, enceinte de 7 mois, a fait une pré-éclampsie et a failli mourir aussi. Vous pouvez compter sur notre communauté pour vous apporter du soutien. Nous vous envoyons nos douces pensées pour votre petit ange.

L’association Agapa propose également écoute et soutien individuel ou en groupe aux parents ayant vécu un deuil périnatal.

« Si aujourd’hui tu étais près de moi…

J’aurais profité de chaque moment avec toi. Je t’aurais regardé dormir avant de m’endormir moi-même le plus près de toi. Je t’aurais porté le plus souvent torse nu pour que tu entendes chaque battement de cœur qui battrait pour toi. Je t’aurais regardé t’épanouir et t’émerveiller sur chaque nouvelle chose que tu aurais perçue. J’aurais eu hâte de voir tes premiers pas et t’entendre dire papa pour la première fois. Mais pas trop hâte car je ne n’aurais pas voulu que tu grandisses trop vite.

Le soir, je t’aurais enveloppée en te chantant du rock dans mes bras pour que tu te sentes en sécurité et, que tu ressentes toute la chaleur et tout l’amour qu’il y aurait eu autour de toi et pour toi ; car on aurait pu manquer un jour de choses matérielles mais tu aurais été tellement bercée et nourrie d’amour. Tu n’en aurais jamais manqué. Tu n’étais encore qu’une minuscule cacahuète que toute ma vie se basait sur toi. Je t’aurais tellement protégée que cela aurait sûrement énervé ta mère. J’avais tellement de projets. Mais aujourd’hui, tu n’es près de moi que dans mon cœur, mon esprit et au plus profond de mon âme. Je t’aime ma fille et, même si cela n’a duré que sept mois, tu grandis dans mes rêves pour l’éternité.

Je revis chaque moment de ta naissance, de l’accouchement au moment où la sage-femme nous a demandé de nous mettre torse nu. Et je ressens le soir, quand j’arrive à m’endormir, cette sensation de ta peau contre le mienne, je revois tes toutes petites mains, ton petit visage si pur et fragile. Je voulais te laisser partir mais ta mère ne pouvait pas, et je l’en remercie car pendant une semaine j’ai pu te serrer dans mes bras, j’ai prié pour que tu te réveilles mais rien. La lumière s’est éteinte avec toi.

Aujourd’hui ma vie n’est plus. Je suis comme une âme errante dans un monde sans couleurs. Ta mère est partie, me laissant seul chercher une raison de respirer, car aujourd’hui chaque respiration est une lame qui me fait souffrir. Je bois, je me drogue, je ne veux plus dormir, chaque réveil est une souffrance. J’ai honte, je me pensais plus fort et c’est un cercle vicieux d’avoir honte. Je sais que tu me regardes et que tu ne dois pas être fière de moi. Alors quand je serais près de toi, je retrouverais cette flamme, mon honneur et ma fierté. En attendant, sache que papa t’aime et que toutes mes pensées sont pour toi. »

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